Africa-Press – Mali. Le 2 novembre, le nouvel homme fort du Burkina Faso Ibrahim Traoré a rencontré à Bamako l’actuel dirigeant du Mali, le colonel Assimi Goïta. Gestion de la frontière entre les deux pays, stabilité et sécurité au Sahel, coopération militaire conjointe entre Bamako et Ouagadougou, les enjeux de cette rencontre étaient nombreux. Entretien avec le Docteur Aly Tounkara, chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako.
Depuis qu’il a accédé au pouvoir après le putsch militaire du 18 août 2020, le colonel Assimi Goita communique régulièrement sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, l’actuel président de la transition du Mali est suivi par près de 270 000 personnes. À travers ce compte, il diffuse en priorité ses déclarations et photos officielles.
Le mercredi 2 novembre, c’est aussi sur Twitter que l’actuel dirigeant malien a annoncé l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, à la tête du Burkina Faso. Il est arrivé à la tête de son pays fin septembre après un coup d’État militaire, renversant le colonel Paul-Henri Damiba. Ce dernier a passé dix mois au pouvoir, après avoir chassé par la force, là encore, son prédécesseur, le président Roch Marc Christian Kaboré.
Comme son prédécesseur, Ibrahim Traoré s’est donc rendu à Bamako pour son tout premier déplacement officiel. Une rencontre qui s’inscrit “dans l’optique d’améliorer la sécurité de nos populations respectives”, a fait savoir le colonel Assimi Goïta.
TV5MONDE : Que sait-on de cette rencontre ? Quels ont été les sujets évoqués ?
Aly Tounkara : Bien qu’il n’y ait pas eu de déclaration officielle à proprement parler à la suite de cette rencontre, tout laisse entendre que plusieurs éléments ont été évoqués. Sachant qu’entre les frontières malienne et burkinabè il existe des bases militaires, qu’il ya des gendarmes maliens et burkinabè qui font quelques incursions sporadiques, on sait qu’à coup sûr il en a été question lors de cette visite.
Il peut s’agir de discussions autour de comment concrètement on peut trouver la possibilité de mettre en commun des atouts conjoints et de mener des manœuvres conjointes à la frontière entre les deux pays. Cela a déjà été fait par le passé. Les forces conjointes du Mali et du Burkina ont mené des actions grâce à un commandement commun, bilatéral.
TV5MONDE : Dans quel contexte sécuritaire s’inscrit cette rencontre ?
Aly Tounkara : Les groupes terroristes qui sévissent au Mali et au Burkina Faso règnent tous essentiellement sur des zones précises. On peut parler du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou encore des hommes d’Amadou Koufa côté malien. Les violences intercommunautaires sont aussi nombreuses. Le défi sécuritaire reste entier dans ces régions.
TV5MONDE : Quel est le degré de partenariat entre le Mali et le Burkina Faso ?
Aly Tounkara : Il y a des opérations militaires conjointes menées entre les deux pays dans la région du Sahel. Des accords bilatéraux entre le Mali et le Burkina Faso existent. Avec la création du G5 Sahel, ils ont été mis sur la touche. Mais l’état de déliquescence du G5 Sahel aujourd’hui et les difficultés internes rencontrées poussent des États à s’en soustraire.
TV5MONDE : Cette rencontre peut-elle avoir un effet sur la stabilité politique dans la région du Sahel ?
Aly Tounkara : Le Burkina Faso et le Mali ont connu des coups d’État. À court terme, c’est un gage d’instabilité sécuritaire. La période pour revenir au calme dans ces deux pays sera relativement longue. Notamment pendant les six mois à venir, Ibrahim Traoré et ses hommes vont se protéger, d’abord, et vont se forcer à s’impliquer de façon sporadique au Burkina Faso. Le Mali a déjà franchi cette étape et arrive à se prémunir des possibles coups d’État.
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