Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Mali. Beaucoup savent déjà que les sondages d’opinion, généralement menés par des cabinets spécialisés, permettent d’orienter les décisions politiques et incitent la population à s’impliquer davantage dans la mise en œuvre et le suivi des politiques publiques.
Ils ont pour objectif principal de recueillir les opinions des citoyens (Hommes, Femmes et Jeunes) sur différentes questions marquantes de l’actualité ou décisives pour le présent et le futur de leur pays, comme ici dans le cas du Mali.
Malgré les critiques croissantes des grandes puissances occidentales et des organisations internationales sur le rapprochement entre la Russie et l’autorité militaire au Mali, le soutien populaire à Moscou en tant que partenaire du pays est croissant.
Pour les Maliennes et Maliens, les principaux défis auxquels est confronté le Mali actuellement sont :
• la lutte contre l’insécurité,
• la lutte contre l’insécurité alimentaire,
• la lutte contre le chômage des jeunes,
• la lutte contre la pauvreté,
• et dans une moindre mesure, l’amélioration du système éducatif, du système sanitaire et de la réussite de la transition.
La lutte contre l’insécurité est le principal défi évoqué par les populations dans l’ensemble des régions.
Parmi les acteurs que sont, le président de la transition, le gouvernement de la transition, le CNT ainsi que l’opposition, le président de la transition est celui en qui les Maliennes et Maliens ont le plus confiance.
Dernier sondage publié par la fondation allemande « Friedrich-Ebert-Stiftung »
Selon un sondage réalisé par la fondation « Friedrich-Ebert-Stiftung », et publié le mercredi 3 mai 2023, plus de 9 citoyens maliens sur 10 auraient déclaré faire confiance à la capacité de la Russie à aider leur pays à faire face à l’insécurité et aux activités « terroristes ».
Ledit sondage a également rapporté que « les Maliennes et Maliens se sentent satisfaits du chef du conseil militaire, le colonel Assimi Goita, et que la majorité est également satisfaite de sa gestion de la période de transition, en attendant le retour des civils au pouvoir, puisque trois sur cinq pensent que le respect du calendrier est peu important ».
Selon le sondage, « 82 % des Maliens voient une amélioration de la situation générale du pays ».
Avis de chercheurs
Mohamad Ag Ismail, un chercheur politique et enseignant en Sciences politiques, Université de Bamako, a déclaré aux médias que : « Les Maliens pensent que la Russie est un partenaire fiable en raison de sa haine envers les politiques occidentales, en particulier des Français, en plus de la fourniture d’armes et d’équipements par Moscou à l’armée ».
Selon lui : « Il existe également une vaste propagande médiatique parrainée par l’autorité à travers les médias et les réseaux sociaux qui promeut cette coopération », tout en enchaînant que « Parmi les autres facteurs les plus importants de ce soutien populaire, il y aurait la non-ingérence directe de Moscou dans les dossiers politiques internes de manière on ne peut mieux ouverte ».
Ag Ismail a, entre-autres, exprimé sa conviction que « la volonté de rupture avec l’Occident est toujours forte parmi les décideurs à Bamako malgré les pressions et les sanctions », et il s’attend à ce que « l’autorité poursuive sa voie, surtout à la lumière de la défense de Moscou de la vision du régime dans les couloirs des Nations Unies et des organisations internationales ».
Il n’est pas étonné du fait que « ce rapprochement et son soutien populaire se poursuive, compte tenu de l’isolement imposé par les puissances occidentales au régime, à condition que Bamako réussisse à fournir les produits de première nécessité aux citoyens et à maintenir le contrôle sur les médias ».
La Fondation allemande et le Mali : une relation qui dure depuis 2012
La fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, est un organisme associé au SPD (le parti social-démocrate allemand), basé à Bonn, et dont les missions ont trait à la démocratisation, au développement économique et au renforcement des structures de la société civile dans plusieurs pays du monde.
Le sondage effectué par ladite fondation, montre que les Maliens sont satisfaits dans les mêmes proportions que celles du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, qui a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État, et depuis, Bamako a tout fait pour rompre ses accords militaires avec Paris, et virer militairement et politiquement vers Moscou, notamment à partir de 2021.
En effet, depuis, l’armée malienne a bénéficié de plusieurs livraisons d’équipements militaires en provenance de la Russie, tout en profitant également d’un renfort important en instructeurs de l’armée russe.
Cette enquête a fait apparaître que 69% des personnes interrogées sont très confiantes en général, et 22% plutôt confiantes dans l’aide russe relative à la lutte contre l’insécurité.
Par contre, 1 sur 10 estiment que rien n’a changé ou que la situation s’est plutôt dégradée.
Et malgré que la grande majorité des Maliens soit satisfaite du rendement du président de la transition, du gouvernement de la transition et du Conseil national de la transition, toutefois, plus de la moitié des sondés ont demandé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
A noter que les défis et priorités des Maliens restent la lutte contre l’insécurité (70%), la sécurité alimentaire (57%), la cherté de la vie (44%), le chômage des jeunes (38%) et la pauvreté (26%). Alors que plus de 9 sur 10 sont satisfaits du travail des forces de défense et de sécurité malgré leur faible connaissance des réformes en cours dans ce secteur.
Par ailleurs, près de 3 sur 5 des Maliens considèrent que l’implication des acteurs religieux dans la vie politique est une mauvaise chose, et que la majorité des gens (72%) reprochent à la MINUSMA son incapacité à protéger les populations contre la violence des groupes armés, dont 42% l’accusent de complicité avec l’ennemi ainsi que de contribution à la cherté de la vie, pour 22%.
Quant à plus de la moitié de la population malienne, elle s’est dite insatisfaite du travail de la MINUSMA (57%) contre 23% d’avis favorables.
Pour rappel, c’est depuis plus d’une dizaine d’années que Friedrich-Ebert-Stiftung a mis au point son fameux sondage « Mali-Mètre », précisément à partir de 2012, en lançant la première édition du sondage intitulé « Qu’en pensent les Malien(ne)s ? »
Lorsque ce sondage a commencé en 2012, la fondation n’avait pas conscience de la portée qu’il aurait un jour. Si, dix ans plus tard, le Mali-Mètre est si connu et si utilisé, c’est aussi grâce aux « Maliens et Maliennes », et depuis le début, le Mali-Mètre a servi et continue à servir et à informer sur les attitudes de la population, en voulant ainsi donner une voix à ceux qui ne sont souvent pas écoutés.
Le représentant résident de la fondation allemande au Mali, Christian Klatt, a déclaré un jour que : « Les Maliens placent beaucoup d’attentes envers les autorités de transition et la Russie, mais cela peut changer très rapidement », estimant que « l’enquête s’est déroulée dans un contexte où l’espace donné à la critique est très restreint par les autorités ».
Par ailleurs, et dans le même sondage, on constate que pour beaucoup de citoyens, la situation générale du pays s’est améliorée, notamment pour plus de quatre Maliens sur cinq (82 %), un résultat en nette augmentation par rapport aux années précédentes, souligne l’enquête, qui dévoile quand même que la cherté de la vie est l’un des principaux défis pour 44 % des Maliens, et ça c’est une nouveauté.
Appui médiatique
Vidéo 1 : https://www.facebook.com/InfoBrut/videos/746342929370572/
Vidéo 2 : https://www.youtube.com/watch?v=6PGM_y6-v88
Vidéo 3 : https://www.youtube.com/watch?v=NYjMZvW4MCc
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