Le MALI voit son « vœux » exaucé auprès du Conseil de sécurité qui a mis fin à la mission de la MINUSMA

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Le MALI voit son « vœux » exaucé auprès du Conseil de sécurité qui a mis fin à la mission de la MINUSMA
Le MALI voit son « vœux » exaucé auprès du Conseil de sécurité qui a mis fin à la mission de la MINUSMA

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Lors de sa réunion tenue le vendredi 30 juin 2023, à New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, lors d’un vote à l’unanimité, la résolution numéro 2690, selon laquelle il met fin aux tâches de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation de la paix au Mali, connue sous le nom de « MINUSMA ».

Cette décision est intervenue après que la junte militaire au pouvoir au Mali ait exigé, avec un ton dur et menaçant, le départ des 13.000 hommes, une décision qui répond à une résolution ayant été rédigée par la France et qui a été soutenue à l’unanimité, sachant que les États-Unis l’imputent au groupe paramilitaire russe privé « Wagner » qui semble être « accusé de l’avoir spécialement orchestrée ».

Ainsi, en vertu de cette décision, la MINUSMA doit avoir déjà entamé la réduction de ses effectifs depuis le samedi 1er juillet, et se retirera complètement du Mali dans les six mois, soit d’ici le 1er janvier 2024, et transférera toutes ses responsabilités en matière de sécurité au gouvernement de transition malien.

A noter qu’en février 2023, le nombre total des membres du personnel de la mission avait atteint plus de 15.000 éléments.

Néanmoins, il importe de rappeler qu’au cours de la dernière décennie, le Mali et la région du Sahel ont connu une recrudescence des affrontements et des attaques de groupes armés, entraînant la mort de 303 casques bleus, selon la MINUSMA.

C’est pourquoi, la fin de la mission onusienne est intervenue également à la suite de tensions accumulées durant plusieurs années avec le gouvernement, qui a du imposer des restrictions, lesquelles ont entravé les opérations terrestres et aériennes de la force de maintien de la paix, puisque le Mali a coopéré en 2021 avec le groupe Wagner.

La force de maintien de la paix des Nations unies est créditée d’avoir joué un rôle clé dans la protection des civils contre les attaques des groupes armés qui ont fait des milliers de morts, et certains spécialistes craignent que la situation sécuritaire ne se détériore au départ de ladite force, car elle laissera l’armée malienne, qui souffre déjà d’une pénurie de matériel, avec environ un millier de combattants du groupe « Wagner » pour affronter des groupes qui contrôlent de vastes étendues de terre dans le nord et le centre du pays.

Guterres fait l’éloge de la mission onusienne

Le SG de l’ONU Antonio Guterres

A noter que le conseil de sécurité, constitué de 15 membres, a adopté une résolution demandant à la mission de commencer à partir du samedi dernier 1er juillet, « d’arrêter ses opérations et de remettre ses tâches, ainsi que le retrait ordonné et sûr de ses soldats, avec comme objectif d’achever ce processus d’ici le 31 décembre 2023 ».

Une décision qui vient, selon les observateurs, plonger dans l’inconnu la situation au Mali, un pays encore vulnérable aux troubles armés.

Réagissant à la décision prise par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait l’éloge de la mission et de son personnel, tout en appelant à « la pleine coopération du gouvernement de transition au Mali pour mettre en œuvre un retrait ordonné et sûr du personnel et des actifs de la mission dans les mois à venir ».

Il a confirmé qu’il poursuivrait ses discussions avec le gouvernement de transition sur la meilleure façon de servir les intérêts du peuple malien, en collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies au Mali, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, ainsi que d’autres partenaires.

Pour rappel, dans son rapport, Guterres avait déclaré que plusieurs pays de la région étaient « préoccupés par l’expansion des groupes extrémistes » et « les risques de propagation de l’instabilité », et avait appelé, avant le vote de la résolution, au renforcement du mandat de la mission ».

Satisfaction malienne

De son côté, satisfait de la décision prise par le Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Mali auprès des Nations Unies, Issa Konfouro, a déclaré que le gouvernement de son pays avait appris l’adoption de la résolution, et « sera vigilant pour assurer le respect » du calendrier de retrait.


Issa Kanfourou Ambassadeur malien aux Nations Unies

« Le gouvernement regrette que le Conseil de sécurité continue de considérer la situation au Mali comme une menace à la paix et à la sécurité internationales, mais Bamako restera ouvert à la coopération avec tous les partenaires qui voudront travailler avec lui, à condition que les principes de la politique de notre pays soient respectés », a conclu Konfouro.

Mais nous croyons savoir que les Forces de la Minusma pourraient encore protéger les civils « à proximité immédiate » de leurs fonctions jusqu’à la fin du mois de septembre de l’année en cours.

Pour rappel, il y a quelques semaines, le ministre malien des Affaires étrangères Abdulaye Diop avait demandé, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le « retrait sans délai ni conditions » de la Mission des Nations unies dans son pays (MINUSMA), dénonçant son « échec » à faire face aux défis sécuritaires.

Diop avait déclaré ce jour-là devant les membres du Conseil de sécurité : « Le gouvernement malien demande le retrait de la MINUSMA sans délai. Mais le gouvernement est prêt à coopérer avec les Nations unies dans ce contexte », rejetant toutes les options pour prolonger le mandat de la mission onusienne, qui ont été proposées par le secrétaire général de l’organisation internationale.

Réactions américaines et russes

Lors du vote, les États-Unis ont accusé le patron du groupe Wagner, Yevgeny Prigozhin, d’avoir contribué à organiser le départ de la mission de maintien de la paix des Nations Unies du Mali, et ont déclaré qu’ils disposaient d’informations indiquant que les autorités maliennes avaient payé plus de 200 millions de dollars à ce groupe depuis fin 2021.

« Ce qui n’est pas largement connu, c’est que Prigozhin a aidé à orchestrer ce départ pour faire avancer les intérêts de Wagner », a déclaré à la presse le porte-parole de la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.


John Kirby

Pour sa part, l’Ambassadrice adjointe de Russie aux Nations unies, Anna Evstigneva, a déclaré au Conseil de sécurité que le Mali avait pris une « décision souveraine ».

La diplomate russe a ajouté : « Nous voudrions affirmer notre soutien à Bamako dans son aspiration à assumer l’entière responsabilité et à jouer un rôle de premier plan dans la stabilisation de ce pays, et la Russie continuera à fournir un soutien global au Mali pour y rétablir la situation à la normale sur une base bilatérale ».


Anna Evstigneva

Quant au diplomate américain Jeffrey Di Laurentis au Conseil de sécurité, il a déclaré ceci : « Nous regrettons profondément la décision du gouvernement de transition d’abandonner la MINUSMA et le mal que cela causera au peuple malien ».

Mais il a ajouté que les États-Unis avaient voté en faveur de la résolution car ils avaient accepté le calendrier du retrait.


Jeffrey Di Laurentis

On peut donc affirmer qu’une fois les casques bleus de l’ONU partis, le Mali sera encore plus dépendant du groupe de mercenaires russes Wagner pour le soutien de la sécurité.

Toutefois, malgré la redoutable réputation de Wagner, on doit s’interroger sur son efficacité à combattre les nombreux groupes armés indépendants ou à la solde d’Al-Qaïda ou encore de Daech dans le grand Sahara, même si les effectifs sont renforcés par des éléments supplémentaires rentrant d’Ukraine.

Autre point qui donne à réfléchir, c’est la récente « embrouille » survenue entre le président russe Vladimir Poutine et son proche Yevgeny Prigozhin, le chef du groupe Wagner, qui pourrait soulever des questions sur les arrangements exacts en vertu desquels ces forces sont déployées.

Ce qui est par contre « certain », c’est que pour le président russe, leur présence est un moyen utile pour renforcer l’empreinte russe en Afrique de l’Ouest.

Info de dernière : Le Mali procède à un remaniement ministériel

Quelques heures après le vote de la résolution de retrait de la MINUSMA du Mali, les autorités au pouvoir de transition ont procédé à un remaniement ministériel comme indiqué dans la présente vidéo :

Appui médiatique
Vidéo 1 :

Vidéo 2 :

Vidéo 3 :

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