Africa-Press – Mali. Un rapport publié par le journal russe Nezavissimaïa indique que la demande de l’ambassadeur de Chine auprès des Nations Unies au Rwanda de cesser son ingérence dans les affaires intérieures de la République démocratique du Congo constitue un pas diplomatique sans précédent, révélateur d’un changement notable dans la politique étrangère chinoise.
Selon l’auteur Vladimir Skossyrev, Pékin adoptait traditionnellement une posture de non-alignement dans les conflits régionaux, notamment avec les pays en développement avec lesquels elle partageait des intérêts communs, et s’abstenait de prendre position sur la série de coups d’État survenus dans la région du Sahel depuis 2020.
Mais la position de Pékin a changé face à la crise actuelle en République démocratique du Congo, l’ambassadeur chinois ayant exhorté le Rwanda à tenir compte de l’opinion internationale et à s’abstenir de tout soutien militaire au Mouvement du 23 mars.
La Chine a voté en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant l’ingérence du Rwanda dans les affaires de son voisin congolais, un geste inédit selon l’auteur.
Intérêts économiques
L’auteur ajoute que les médias occidentaux et indiens ont mis en lumière ce changement d’attitude de Pékin, soulignant que l’objectif était de protéger ses intérêts économiques et ses investissements de plusieurs milliards de dollars dans le secteur minier congolais, où des entreprises chinoises exploitent des minerais stratégiques.
Il s’agit principalement des mines de coltan, un minerai stratégique utilisé dans la fabrication de smartphones, d’ordinateurs portables et d’équipements médicaux.
L’Afrique détient environ 80 % des réserves mondiales de ce minerai, majoritairement situées en République démocratique du Congo.
Il semble, selon l’auteur, que la position chinoise ait évolué après la publication en décembre 2024 d’un rapport d’experts de l’ONU confirmant l’implication du Rwanda dans le soutien aux rebelles et la contrebande de coltan à travers sa frontière.
Les données montrent que les exportations de coltan du Rwanda ont augmenté de 50 % entre 2022 et 2023.
Outre le coltan, la Chine importe également du cobalt de la République démocratique du Congo, mais les mines de cobalt se trouvent dans le sud du pays, loin des zones de conflit actuelles.
L’auteur précise que la RDC constitue un pilier fondamental de la stratégie africaine de la Chine, avec des dizaines d’entreprises chinoises menant d’importants projets d’infrastructures: routes, réseaux de communication et centrales hydroélectriques, renforçant ainsi l’influence économique chinoise sur le continent.
Armes chinoises dans les combats
L’auteur note que malgré ses intérêts majeurs en RDC, Pékin continue de coopérer militairement avec le Rwanda depuis vingt ans, en lui fournissant divers équipements, notamment des blindés, de l’artillerie lourde et des missiles antichars.
Il n’est pas clair, selon l’auteur, si le Rwanda a transmis des armes chinoises aux rebelles congolais.
L’armée congolaise elle-même est équipée d’armes chinoises, notamment des véhicules blindés de transport de troupes, des chars ainsi que des drones de reconnaissance aérienne. Des rapports indiquent que l’armée congolaise a utilisé des drones chinois dans ses opérations contre les rebelles.
Équilibres politiques en Afrique
L’auteur cite Alexandre Loukine, chef du département des affaires chinoises et asiatiques à l’Académie des sciences de Russie, affirmant que la Chine s’efforce d’éviter de s’impliquer dans les conflits entre pays en développement, promouvant son image de leader du Sud global: « Mais dans ce cas, l’envoi de troupes rwandaises en RDC a été confirmé. »
Loukine ajoute que de nombreuses entreprises chinoises sont implantées en RDC, et que compte tenu de tous ces facteurs, Pékin a décidé de soutenir le Congo, motivée par ses intérêts économiques et son opposition constante à toute atteinte à l’intégrité territoriale des États.
Il explique que la RDC figure parmi les premiers pays africains en termes d’investissements chinois, soulignant que l’analyse des événements en cours en RDC ne doit pas négliger les équilibres politiques sur le continent, où la Chine est devenue l’investisseur principal dans de nombreux pays, en raison de ses capacités de financement et de son soutien aux mouvements anticoloniaux africains.
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