Africa-Press – Mali. Alors qu’un groupe de réfugiés afrikaners blancs en provenance d’Afrique du Sud vient d’arriver aux États-Unis, les tensions s’intensifient entre l’administration Trump et le gouvernement de Cyril Ramaphosa concernant les raisons pour lesquelles Washington a facilité le départ de ces citoyens sud-africains, installés dans le pays depuis près d’un siècle.
Alors que l’administration Trump affirme que les Afrikaners sont désormais menacés de « génocide » en raison des nouvelles lois adoptées par l’Afrique du Sud, le gouvernement de Ramaphosa insiste sur le fait que ces allégations sont infondées.
Cependant, cette controverse sur le sort des Afrikaners n’est qu’une partie d’une crise plus large et plus complexe entre les deux pays, marquée par des différends économiques, diplomatiques et stratégiques.
Pourquoi Trump a-t-il accordé le statut de réfugié aux Blancs sud-africains?
Le président américain Donald Trump a provoqué une vive controverse en accordant le statut de réfugié à un groupe d’Afrikaners, une minorité blanche descendante des colons néerlandais en Afrique du Sud, les qualifiant de « victimes de génocide ».
Lundi dernier, 59 personnes originaires d’Afrique du Sud sont arrivées aux États-Unis, affirmant qu’elles fuyaient des « persécutions raciales » dans leur pays, selon les autorités américaines.
Plus tôt cette année, l’administration Trump avait proposé de réinstaller ces Afrikaners, prétextant qu’ils étaient confrontés à la violence et aux intimidations, tout en suspendant l’aide américaine à l’Afrique du Sud.
À leur arrivée à l’aéroport international de Dulles, près de Washington, ils ont été accueillis par Christopher Landau, vice-secrétaire d’État américain, qui a déclaré: « Nous vous accueillons vraiment ici et nous respectons ce que vous avez traversé au fil des années. Nous apprécions vos traditions et ce que vous avez accompli au fil des décennies. »
Pourquoi cette attention particulière de Washington?
Les Afrikaners sont les descendants des colons européens, principalement néerlandais, qui ont instauré le régime d’apartheid en 1948, un système de ségrégation raciale où la minorité blanche contrôlait la majorité des terres et des ressources, tandis que les Noirs étaient relégués dans des townships surpeuplés et appauvris.
Bien que l’apartheid ait officiellement pris fin en 1994 avec l’élection du Congrès national africain lors des premières élections démocratiques du pays, les inégalités raciales persistent, les Noirs continuant de souffrir de la pauvreté et de l’exclusion économique.
En janvier dernier, le président Cyril Ramaphosa a proposé une nouvelle loi pour corriger ces inégalités foncières, visant à redistribuer les terres en permettant l’expropriation sans compensation dans certaines circonstances exceptionnelles, comme pour les terres abandonnées, afin de corriger les déséquilibres historiques.
Trump a réagi en écrivant sur son compte Truth Social: « L’Afrique du Sud saisit des terres et traite certaines communautés de manière très injuste. Les États-Unis ne resteront pas les bras croisés, nous agirons. »
Les États-Unis ont donc justifié l’octroi de l’asile aux Afrikaners en affirmant que ces derniers faisaient face à des « persécutions » en raison de cette nouvelle législation foncière.
Les allégations de génocide sont-elles fondées?
S’exprimant devant des journalistes à la Maison-Blanche, Trump a qualifié la situation en Afrique du Sud de « génocide », une déclaration qui a suscité de vives critiques de la part des responsables sud-africains.
Ces déclarations s’alignent avec les récits de certains groupes d’extrême droite, qui estiment que les politiques de réforme agraire en Afrique du Sud sont devenues une forme de discrimination envers les Blancs.
Des organisations comme « AfriForum », qui défend les intérêts des Afrikaners, affirment que cette minorité fait face à une « menace existentielle ».
Elon Musk, milliardaire né en Afrique du Sud et proche de Trump, a également soutenu ce discours, publiant à plusieurs reprises sur la plateforme « X » des messages accusant les autorités sud-africaines de discrimination contre les Blancs et évoquant même un « génocide blanc ».
Cependant, les statistiques montrent que les Blancs possèdent encore la majorité des terres privées en Afrique du Sud et leur richesse moyenne est environ 20 fois supérieure à celle des Noirs.
Malgré les affirmations de Trump, les chiffres publiés par des organisations comme AfriForum et le Transvaal Agricultural Union montrent que le nombre total de meurtres de fermiers, toutes races confondues, ne dépasse pas 60 par an, dans un pays où environ 19 000 homicides sont commis chaque année.
Réaction de l’Afrique du Sud
En mars dernier, le gouvernement sud-africain a qualifié les déclarations de Trump sur la « persécution » des Afrikaners de « totalement fausses », affirmant que cette minorité reste l’un des groupes les plus riches et les mieux lotis du pays.
Lors du sommet des PDG africains à Abidjan, le président Ramaphosa a déclaré que « le gouvernement américain a mal compris la situation, mais nous continuerons à dialoguer avec eux ».
Il a également révélé avoir personnellement informé Trump que ceux qui demandent l’asile sont « un groupe marginal » opposé aux réformes et nostalgique de l’apartheid, ajoutant: « Je lui ai dit que je ne permettrai jamais cela. »
Impact sur les relations américano-sud-africaines
Les tensions entre l’administration Trump et le gouvernement de Ramaphosa se sont intensifiées ces derniers mois, notamment après l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain de Washington en mars dernier, suite à des accusations selon lesquelles il aurait tenu des propos critiques envers le président américain.
Cette crise a été aggravée par le soutien de l’Afrique du Sud à une plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice pour « crimes de guerre » à Gaza, ainsi que par la suspension par Washington de l’aide au développement et des programmes de l’USAID en Afrique du Sud, impactant des secteurs vitaux comme la santé publique.
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