Fouilles pour Révéler la Vérité sur Thiaroye

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Fouilles pour Révéler la Vérité sur Thiaroye
Fouilles pour Révéler la Vérité sur Thiaroye

Africa-Press – Mali. Après 80 ans d’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire postcoloniale, le Sénégal a officiellement lancé des fouilles archéologiques inédites dans le cimetière militaire de Thiaroye, à l’est de Dakar, dans le but de déterminer le nombre réel des victimes du « massacre de Thiaroye », des soldats sénégalais ayant servi dans l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une mémoire oubliée

Le 1er décembre 1944, l’armée française a ouvert le feu sur des centaines de soldats sénégalais – appelés « tirailleurs » – qui protestaient contre le retard de paiement de leurs soldes après leur retour du front européen.

Alors que le nombre officiel des victimes est resté fixé à 35 pendant des décennies, des témoins et des historiens estiment le bilan à près de 300 morts, dont beaucoup auraient été enterrés dans des fosses communes encore non localisées.

Des fouilles pour lever le voile

En février dernier, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé le lancement des fouilles, supervisées par des équipes pluridisciplinaires composées d’archéologues de l’université Cheikh Anta Diop, d’ingénieurs militaires, et de spécialistes en sciences humaines et en histoire.

Les opérations se concentrent sur deux sites principaux: le cimetière militaire de Thiaroye et l’ancien camp où s’est déroulé le massacre. Objectif: déterminer avec précision le nombre de morts, analyser les restes osseux s’ils sont retrouvés, et documenter les résultats dans un rapport complet à remettre au président de la République dans les semaines à venir.

Des dimensions politiques et humaines

Cette initiative intervient alors que des organisations de défense des droits humains et des intellectuels sénégalais réclament depuis longtemps des excuses officielles et des réparations de la part de la France pour les crimes coloniaux, notamment le massacre de Thiaroye.

Les fouilles sont perçues comme une démarche qui dépasse la science, une tentative de réhabiliter les victimes et de rendre justice à la mémoire nationale.

Le ministre de la Culture sénégalais a qualifié cette initiative d’« acte pour la vérité, et pour réécrire notre histoire de nos propres mains, non avec la plume du colonisateur ».

Vers une justice historique

Le Sénégal n’est pas seul à reconsidérer son passé colonial, mais cette démarche revêt une forte valeur symbolique car elle touche une plaie encore ouverte dans sa relation avec la France, l’ancienne puissance coloniale.

À l’heure où les appels se multiplient en Afrique pour réécrire l’histoire et libérer la mémoire collective des récits officiels, Thiaroye s’impose aujourd’hui – plus que jamais – comme un symbole de la lutte pour la justice historique.

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