Africa-Press – Mali. Ce 18 août 2025 marque le début de la 5e année de la Transition militaire au Mali, amorcée après l’éviction du président feu Ibrahim Boubacar Kéita.
La promesse d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel semble désormais bien lointaine. Au fil des ans, la Transition s’est institutionnalisée, bouleversant profondément le paysage politique, économique et social du pays.
A l’heure du bilan, les avis se divisent. Pour une partie de la population, l’amertume domine. « J’ai soutenu le coup d’État en pensant qu’en deux ans et demi, des changements notables verraient le jour. Mais après cinq ans, le tableau est sombre: déclarations tonitruantes, bras de fer diplomatique, sanctions, isolement international… Une action publique sans vision, une Transition devenue pouvoir sans calendrier ni horizon », témoigne un citoyen anonymement.
Parmi les critiques récurrentes: l’absence d’un calendrier électoral crédible, la dissolution des partis traditionnels au profit de formations pro-gouvernementales, un climat de répression politique: arrestations, exils, autocensure, la persistance de l’insécurité malgré la montée en puissance des FAMa, la pauvreté et l’inflation qui pèsent sur les ménages.
Pour certains observateurs, le glissement vers une gouvernance d’exception semble s’inscrit dans la durée. Ce qui était présenté comme une Transition ponctuelle devient peu à peu une redéfinition du système politique. À l’inverse, les partisans de la Transition appellent à la patience, évoquant une refondation en cours.
« En cinq ans, des avancées majeures ont été accomplies: reprise de zones clés comme Kidal et Tessalit, renforcement des effectifs militaires, revalorisation des salaires, maîtrise de l’inflation. On ne peut pas reconstruire un État affaibli depuis 30 ans en seulement cinq ans », affirme un soutien du régime.
Les acquis cités: la sécurisation accrue du territoire, notamment dans le Nord, la revalorisation salariale pour plus de 104 milliards F CFA, stabilisation économique (recul des prix à la pompe, efforts anti-inflation) et la création d’une industrie militaire nationale.
La mise en place de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel, est également vue comme une réussite majeure.
Ces avancées sont perçues comme les bases d’un « nouveau Mali », fondé sur des institutions assainies et une souveraineté renforcée. Le prolongement du mandat du président Assimi Goïta est vu, dans ce camp, comme une nécessité pour parachever les réformes engagées.
La Transition arrive à un tournant décisif. Entre l’espoir d’une reconstruction durable et les craintes d’un verrouillage politique prolongé, les perspectives restent floues.
Des questions fondamentales se posent:
La démocratie sera-t-elle restaurée ou remplacée par un régime consolidé?
Quelle place pour les partis politiques dissous, la société civile et les institutions?
Les jeunes auront-ils un rôle réel dans l’avenir du pays?
L’histoire du Mali continue de s’écrire au jour le jour. Et une question centrale demeure: où va le Mali après cinq ans de Transition?
Source: abamako.com
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