Africa-Press – Mali. Dans le sud de l’Espagne, l’Andalousie est une région parsemée de sites mégalithiques de première importance. Si le site d’Antequera est le plus connu, celui de La Lentejuela, à moins de 50 kilomètres au sud-ouest, se révèle aussi très intéressant, comme le prouve la mise au jour d’un très grand dolmen au sein d’une nécropole datant de plus de 5000 ans. Pour le découvrir, des travaux de prospection réalisés à l’aide de technologies numériques de pointe ont été décisifs. Cette découverte est d’autant plus importante qu’elle promet une meilleure compréhension de la valeur attribuée à ce lieu par les communautés de la fin du néolithique et du chalcolithique (âge du cuivre).
Découverte d’un dolmen monumental datant de 5000 ans en Andalousie
Le site archéologique de La Lentejuela n’est éloigné que de cinq kilomètres de la commune de Teba, dans la province de Malaga, sur la route reliant Grenade à Ronda. Il se situe sur une colline, dans les contreforts de la chaîne de montagnes de La Lentejuela, dominant la vallée du Guadalteba où alternent champs de céréales et oliveraies. Ce balcon naturel est constitué de calcaires et de marnes, et comme la pierre affleure en de multiples endroits, les habitants du néolithique n’ont eu qu’à se pencher pour réaliser leurs monuments funéraires.
Plus tard, le terrain a été exploité en tant que carrière pour meules – certaines pierres taillées en cylindres sont encore sur place pour l’attester – et il est possible que d’anciennes structures mégalithiques aient pu être endommagées à cette occasion. Le site archéologique pourrait donc, malheureusement, ne pas être intact.
Une documentation complète était indispensable
La nécropole mégalithique de La Lentejuela a pour la première fois été documentée par les archéologues de la province de Malaga en 1991 ; il a ensuite fallu attendre une dizaine d’années pour qu’une équipe de l’université de Malaga y mène à son tour des recherches, qui n’ont cependant donné lieu qu’à la fouille d’une seule sépulture.
La reconnaissance de l’importance du site est alors redevable aux travaux réalisés par les archéologues de l’université de Cadix, qui ont procédé à une nouvelle prospection du site au début des années 2020, en s’aidant des technologies les plus modernes. Cette nouvelle intervention était indispensable, écrivent-ils dans une étude préalable, car il fallait réaliser « une documentation plus complète et actualisée » du site, d’autant que « les nouveaux protocoles génèrent des études plus exhaustives et moins invasives par rapport au travail de terrain traditionnel ».
Le site archéologique s’étend sur six hectares
Une nouvelle prospection intensive leur a permis de délimiter la surface du site à 6 hectares – sur 400 explorés, dont 48 pour lesquels ils demandent le classement en tant que bien culturel. Cette exploration minutieuse a par ailleurs donné lieu à la localisation de deux sépultures encore inconnues, portant le nombre total de tombes à neuf. Dans un deuxième temps, ils ont débroussaillé les environs de chaque monument afin de réaliser un levé topographique ultradétaillé.
Pour ce faire, ils ont effectué une photogrammétrie (une combinaison de multiples photographies prises sous différents angles) à l’aide d’un appareil photo manuel, puis d’un drone afin d’obtenir des vues aériennes. Ce travail leur a permis « de déterminer l’emplacement exact, la distribution et la dispersion des mégalithes dans la nécropole », rapportent-ils. Les sépultures ont également toutes été géoréférencées à l’aide d’un GPS.
La plus grande concentration de mégalithes de la région
À partir de ces travaux préliminaires, ils sont arrivés à la conclusion que « la nécropole de La Lentejuela peut être considérée comme la plus grande concentration de tombes mégalithiques de la province de Malaga ». Fait notable: la superficie du site est « relativement petite, contrairement à d’autres nécropoles qui couvrent une plus grande superficie et comptent un nombre moindre de mégalithes », ajoutent-ils. La région compte d’autres sites mégalithiques comme celui des Dos Hermanas à Cañete la Real, ou ceux de Santiago I et II à Serrato, sans oublier l’ensemble mégalithique d’Antequera et la concentration dolménique de la Serranía de Ronda.
Des tombes à galerie en calcaire
Les sépultures de La Lentejuela sont des tombes à galerie réalisées avec des dalles de calcaire, taillées dans la pierre directement accessible alentour. « La pierre utilisée pour la construction affleure à proximité des monuments sous forme de bancs de plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur, ce qui a facilité son extraction », notent les chercheurs. Si la plupart des tombes sont « de dimensions modestes » – ce qui correspond à entre 3 et 7 mètres de long pour 1 mètre de large –, ce n’est pas le cas de deux d’entre elles, qui se distinguent par leur monumentalité. Cette monumentalité s’exprime non seulement par leurs dimensions, car elles sont bien plus grandes, mais aussi dans leur structure même, puisque la chambre se trouve à l’intérieur d’un double cercle de pierres.
Un dolmen long de treize mètres
C’est la première de ces deux sépultures monumentales que les archéologues de l’université de Cadix ont annoncé avoir mise au jour fin septembre 2025, au terme de quatre campagnes de fouilles. Il s’agit d’un long dolmen de treize mètres, qui, selon leur communiqué, est « exceptionnellement bien conservé », et ce, aussi bien dans sa structure externe – des orthostates de calcaire de deux mètres de haut – qu’à l’intérieur de la chambre.
Subdivisé en compartiments, le dolmen est entouré d’un double cercle de pierres de dix mètres de diamètre.
Des objets funéraires prestigieux
À cette complexité architecturale correspond un mobilier funéraire particulièrement somptueux. « À l’intérieur, nous avons découvert plusieurs ossuaires et des objets funéraires prestigieux fabriqués à partir de matières premières exotiques comme de l’ivoire, de l’ambre ou des coquillages, ainsi que des pièces sophistiquées en silex, telles que des pointes de flèches, des lames de grand format et une hallebarde exceptionnelle », décrivent les chercheurs. Les ossements et les artefacts étant parfaitement conservés, ils espèrent pouvoir les exploiter au mieux.
Des matières exotiques
Une première interprétation leur permet déjà de déduire « l’importance de la mer comme élément de prestige et l’existence de réseaux d’échange à longue distance », étant donné la présence de matières premières d’origine exotique, et celle de coquillages marins sur un site localisé à l’intérieur des terres, Malaga se trouvant à 70 kilomètres plus à l’est.
Des pratiques funéraires inscrites dans le paysage
Les deux sépultures monumentales de La Lentejuela se trouvent à seulement quelques mètres l’une de l’autre, sur le versant sud de la colline. Dans la mesure où de nombreuses pierres sont dispersées tout autour, les chercheurs présument qu’elles ont pu appartenir à l’origine à ces monuments, et qu’ils auraient pu avoir été encore plus grands que ce qu’ils ont pu documenter lors de leur prospection.
On peut ainsi imaginer les populations de la région se réunissant sur cette hauteur naturelle, d’où l’on domine un vaste territoire, pour y célébrer de grandioses funérailles. Il revient aux chercheurs de déterminer à présent, s’ils le peuvent, qui étaient les personnes inhumées et quels rites ont été accomplis dans ce paisible paysage.
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