L’Armée algérienne prête à satisfaire les demandes de Bamako et intervenir au Mali

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Le Président algérien passant en revue un groupe d’officiers supérieurs

Anouar CHENOUFI

Africa-Press – Mali. Dans un grand geste de « bravoure & solidarité » avec les autorités au pouvoir au Mali, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a tenu à porter secours à son voisin au sud, voyant dans son action un grand confort dans la satisfaction des demandes de Bamako.

Abdelmadjid Tebboune a coupé les doutes avec certitude, et a annoncé que son pays pourrait intervenir militairement au Mali, dans une transformation qui indique une nouvelle étape à venir pour le pays qui a toujours insisté pour ne pas déplacer ses forces militaires hors des frontières.

Mettre fin à la controverse de l’article 91

Amendement de la constitutionDans ce contexte, et après une sorte de bras de fer, l’Algérie s’est décidée finalement à mettre fin à une polémique soulevée par l’article 91 de la nouvelle constitution, qui stipule que « le Président de la République, en sa qualité de Commandant en chef des Forces armées de la République, assume la responsabilité de défense nationale et est habilité par ce qu’il s’engage constitutionnellement à décider d’envoyer des unités de l’Armée nationale populaire à l’étranger », après que Tebboune ait souligné, dans une interview accordée à un magazine allemand, la possibilité que l’armée de son pays entre au Mali, ajoutant que cette intervention dépend du Mali en cas d’une attaque, et que le déplacement n’aura lieu qu’à la demande de Bamako pour lui venir en aide.

Le président de la République algérienne démocratique et populaire, a clairement indiqué que l’intégrité territoriale du Mali est une « ligne rouge » et que l’Algérie n’acceptera jamais sa division, soulignant que les Nations Unies et l’Union africaine peuvent compter sur l’Algérie dans toutes les missions internationales, en particulier après les récents amendements constitutionnels. Il a souligné que son pays n’enverrait pas ses enfants à la mort à la place des autres.

Nouvelle doctrine militaire de sécurité en Algérie

Unité de l’armée algérienneCommentant cette déclaration, le professeur de sciences politiques et de relations internationales Abdelwahab Hafiane considère que Tebboune indique explicitement que la doctrine de sécurité de l’armée a changé avec la modification des points de départ de la diplomatie, ajoutant que Tebboune voit un grand réconfort à répondre aux exigences du gouvernement malien comme une zone qui peut constituer un foyer d’échec à l’exportation : vers les pays voisins, il faut donc être efficace pour assécher les échecs qui menacent les intérêts de l’État.
Concernant l’intervention de l’Algérie, il a précisé qu’il est prématuré de parler de ses détails.

En réponse à une question sur l’ouverture des portes de l’intervention étrangère avec cette étape, Hafiane a ajouté que l’ingérence dans les affaires intérieures algériennes est possible, quoique en douceur, notamment en ce qui concerne la question des réformes économiques et des libertés. En tout cas, a-t-il dit, ne pas s’ingérer dans les affaires des autres ne les empêche pas de s’immiscer dans vos affaires, notant que l’Algérie a veillé à ce que le terrain soit disponible au Mali pour des pratiques internationales qui tendent à être une menace directe pour le pays, du point de vue intérêts et sécurité.

Le président et l’armée défendent l’intervention
Le président Tebboune avait auparavant défendu le projet d’amendement à la nouvelle constitution après que des interprétations et des critiques eurent fait pression sur l’establishment militaire et le peuple, sous l’ombrelle des organisations internationales et au sein des opérations de maintien de la paix.

Il sera également limité par l’approbation des deux tiers des parlementaires, expliquant que cet amendement n’est pas un changement dans la philosophie du travail de l’armée, mais plutôt un retour à la normale, selon le motif que si l’armée intervient et participe à des opérations extérieures, cela se fera sous la protection de la loi et de la constitution et afin d’effectuer des missions pacifiques de défense de l’Algérie.

L’institution militaire est également intervenue pour relâcher la pression, et a estimé que la participation de l’armée aux opérations de maintien de la paix hors des frontières « s’aligne totalement sur la politique étrangère de notre pays, qui repose sur des principes fermes et bien établis qui empêchent le recours à la guerre, appellent à la paix, s’abstiennent de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays et tiennent à régler les différends internationaux », et ce, par des moyens pacifiques, conformément aux résolutions de légitimité internationale représentées par les instances internationales et régionales.

Elle a souligné que « la sécurité nationale de notre pays, qui dépasse nos frontières géographiques, nécessite, au vu de la situation qui prévaut au niveau régional et des nouvelles transformations et changements qu’elle entraîne, de renforcer la protection de la sécurité et la stabilité des notre patrie et de participer aux opérations d’imposition du maintien de la sécurité. »

La présence étrangère au Mali fait monter les tensions

Manifestations contre la présence française au Mali

La présence étrangère au Mali est connue pour avoir de fortes tensions, notamment avec l’entrée en ligne de la partie russe, auxquelles le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a répondu, en associant la décision d’interdire l’espace aérien algérien aux avions militaires français, à une volonté russe d’être au Mali, sachant que « nous n’avons aucune information », ni du côté russe ni du côté financier, sur la coopération militaire entre les deux pays.
Il a ajouté qu’« en Algérie, et sur la base de notre politique fondée sur le non-alignement, nous ne favorisons une présence militaire étrangère sur aucune partie du territoire des pays africains indépendants, en préservant sa sécurité par les moyens qu’il juge appropriés et à sa portée ».

Lamamra a souligné que « ce qui affecte la sécurité, la stabilité et les intérêts du Mali affecte en même temps la sécurité et la stabilité de l’Algérie et ses intérêts », pointant du doigt la détérioration des relations diplomatiques du Mali avec la France, et qu’« il était de notre devoir d’écouter aux objections de Bamako à Paris », en plus du rejet populaire dans le pays des actions de certaines forces militaires françaises qui y sont déployées.

La solution militaire n’est pas une solution, et si c’est nécessaire l’intervention sera limitée.

A noter que le président Tebboune a refusé d’envoyer l’armée de son pays au Mali pour remplacer les forces françaises qui devaient se retirer progressivement de la région, confiant dans ce contexte que : « Dans notre philosophie, nous n’entrons pas dans les marais et nous n’envoyons pas l’armée à l’étranger, comme le font certains pays en Libye et au Mali ».

Il a ajouté : « Nous pensons que la solution militaire n’est pas une solution, elle a été essayée dans de nombreux pays et elle n’a pas abouti. Nous pensons toujours que la lutte contre le terrorisme se fait en séchant les sources et ne pas payer la rançon ».

Par ailleurs, l’analyste en sécurité et affaires stratégiques, Hakim Gharib, a précisé que les déclarations du président Tebboune sont un message qui confirme que le pays a transformé sa doctrine militaire de défensive à offensive, et que la sécurité du Mali est l’une de celles de l’Algérie, surtout après l’introduction d’amendements à la constitution.

Il a déclaré que l’Algérie ne peut pas soumettre l’armée à un bourbier, dont la fin n’est pas garantie, mais plutôt dans le cadre de la légitimité internationale et des opérations de maintien de la paix, donc l’intervention militaire sera limitée.
Qu’en décideront le Mali et les Instances internationales ?

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