Dette, DTS, adaptation climatique… Pour l’Afrique, l’heure des comptes a sonné

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Dette, DTS, adaptation climatique… Pour l’Afrique, l’heure des comptes a sonné
Dette, DTS, adaptation climatique… Pour l’Afrique, l’heure des comptes a sonné

Yara Rizk

Africa-Press – Niger. Les outils de développement sont connus mais peu sont réellement financés. Comment se porterait le continent si la théorie était mise en pratique ?

Réunissant une cinquantaine de chefs d’État, plus de 300 porte-parole d’institutions financières internationales, mais aussi des représentants du secteur privé et de la société civile, le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial, qui ouvre ses portes à Paris jeudi 22 juin, s’est donné pour mission de faire converger plusieurs agendas : climat, développement, dette. L’objectif principal étant d’établir une feuille de route pour aider les pays du Sud à faire face à ces enjeux contemporains auxquels ils sont particulièrement exposés.

Ainsi, et conformément aux annonces d’Emmanuel Macron, ce rendez-vous tend à démontrer que les pays riches n’abandonnent pas les pays les plus vulnérables. Alors que ces dernières années, l’aide au développement a souvent pâti d’engagements non honorés.

100 milliards de dollars

Généralement fournie sous forme de dons ou de prêts concessionnels, l’aide publique au développement (APD) est le quatrième flux financier dans le monde derrière les investissements directs étrangers (IDE), l’argent de la diaspora et la dette privée. Selon l’organisation humanitaire ONE, dans les 48 pays les moins avancés (PMA), il représente « environ la moitié de tous les flux externes majeurs ».

Depuis 1970, l’ONU a fixé comme obligation aux pays riches de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à cette aide. Promesse renouvelée en 2005 lors du sommet du G8 de Gleneagles (Royaume-Uni) et complétée en 2009 à Copenhague. À l’époque, les pays développés s’étaient engagés à verser chaque année d’ici à 2025, 100 milliards de dollars issus de financements publics et privés pour lutter contre le changement climatique dans les pays vulnérables.

Selon l’OCDE, cette aide a atteint 83,3 milliards de dollars en 2020, dont une infime partie a été consacrée à l’Afrique qui a reçu un peu plus de 20 milliards de dollars par an.

5 dollars par personne

Les autres sources de financement ne compensent pas cette promesse non tenue. Par exemple, le portefeuille du Fonds vert pour le climat alloue seulement 37 % de ses fonds, soit 3,3 milliards de dollars à l’Afrique. Tandis que le Fonds pour les pays les moins avancés a consacré seulement 437 millions de dollars au continent depuis 2001.

Le financement de l’adaptation climatique y est particulièrement faible : moins de 5,5 milliards de dollars en moyenne ont été accordés aux pays africains sur les dix dernières années, soit environ 5 dollars par personne et par an. Une somme qui ne couvre que 20 % des besoins estimés. Ainsi, à peine 5 % de tous les flux des fonds internationaux pour le climat ont été décaissés en Afrique, sachant que 57 % de ces fonds ont été distribués sous forme de prêts plutôt que de subventions.

La réorientation des DTS, un bol d’air ?

En 2021, le FMI a émis 650 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux (DTS) pour compenser les effets de la crise sanitaire. L’Afrique n’a pu bénéficier que de 34 milliards de dollars en DTS, car ils ont la quote-part la plus faible au sein du fonds. Les pays du G20 ont alors pris le relais et promis la redistribution de 100 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux (DTS), dont seuls 24 ont bel et bien été alloués.

Face à cette situation vécue comme une « injustice » par les Africains, comme en témoignent les propos du président sénégalais Macky Sall, de nouvelles solutions ont émergé. Notamment lors de l’assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) en mai dernier, où une demande officielle de réorientation des DTS des pays développés vers des banques multilatérales de développement (BMD) a été formulée. Un projet prometteur qui prend en compte l’important effet de levier des BMD.

Moins pire

Un autre domaine où le G20 a failli à ses promesses : la restructuration de la dette de pays tels que l’Éthiopie, le Ghana, la Zambie et le Tchad qui ont fait défaut. À ce jour, seul le Tchad a pu profiter du « cadre commun ». Les discussions avec les responsables zambiens sont en cours.

Même si le monde respectait ses engagements en matière de financement, cela demeurerait insuffisant. Car comme l’a rappelé Akinwumi Adesina, le président de la BAD, les besoins en investissement du continent sont estimés à 2 800 milliards de dollars à l’horizon 2030. Sur cette somme, 715 milliards de dollars devraient être consacrés à l’atténuation du changement climatique, et au moins 350 milliards de dollars à l’adaptation au changement climatique.

Si toutes les promesses économiques étaient tenues, la situation du continent serait, au mieux, moins pire. Face à l’urgence et en prenant en compte tous ces éléments, la mission du sommet de Paris tombe à pic mais le défi est de taille.

La Source: JeuneAfrique.com

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