Africa-Press – Niger. Deux planètes parcourant l’espace, positionnées sur une même orbite, est-ce possible ? Oui, selon une théorie développée il y a quelques années. Mais jusqu’à présent, aucun astre dans cette configuration n’a été observé. En utilisant le radiotélescope ALMA, une équipe internationale a peut-être découvert le premier indice révélant que des planètes dites troyennes pourrait réellement exister.
Des corps troyens
Dans le système solaire, les astéroïdes troyens représentent une classe d’astéroïdes qui partagent la même orbite qu’une planète, ils se situent juste devant ou juste derrière elle aux points de Lagrange L4 et L5. Ils ne risquent cependant pas d’entrer en collision avec l’astre qu’ils précèdent ou poursuivent car leurs orbites sont considérées comme stables. Mars, Neptune et la Terre (pour laquelle un deuxième troyen a été identifié en 2022) possèdent de tels compagnons. Et, la géante Jupiter est, elle, accompagnée de milliers de ces petits corps qui seront prochainement explorés par la mission Lucy. Les astronomes ne doutent pas, qu’ailleurs dans la galaxie, d’autres exoplanètes possèdent aussi de tels astéroïdes et ils envisagent aussi l’existence de paire de planètes de la même masse partageant la même orbite. « Mais ces exotroyens sont comme des licornes : ils sont autorisés à exister par la théorie, mais personne ne les a jamais détectés », a déclaré dans un communiqué de l’Observatoire européen austral » Jorge Lillo-Box, chercheur au Centre d’astrobiologie de Madrid.
En fouillant dans les archives des données d’ALMA, lui et ses collègues ont déniché la trace d’un nuage de débris se situant sur la même trajectoire orbitale que la planète PDS 70b. Cette exoplanète est située dans un très jeune système, âgé de moins de 10 millions d’années, édifié autour d’une étoile naine. PDS 70b a été découverte en 2018, grâce à une magnifique photo prise par l’instrument SPHERE, installé sur le Very Large Telescope (VLT) au Chili. Elle se situe à 3,2 milliards de kilomètres de son étoile, soit à peu près la distance entre le Soleil et Uranus. Une seconde planète, PDS 70c, a été repérée : elle est plus petite que sa consœur (entre 1 et 10 masses terrestres) et située beaucoup plus loin de son étoile, à 5,31 milliards de kilomètres, soit la distance entre le Soleil et Neptune.
Une planète cachée ?
Le nuage de débris identifié proche de PDS 70b est placé pile là où devraient voyager des troyens, selon les calculs des astronomes. Dans leur publication, parue dans la revue Astronomy & Astrophysics, ils estiment que ce nuage, très dense, pourrait dissimuler une planète ou abriter une proto-planète en cours de formation. Ce serait donc la première preuve observationnelle de l’existence de planètes co-orbitales. Il faudra cependant procéder à de nouvelles observations pour confirmer, premièrement, que le nuage est bien sur la même orbite que PDS 70b et, deuxièmement, qu’il abrite un astre. Pour cela, il faudra patienter quelques années : le prochain créneau dédié à l’observation de ce système n’est prévu qu’en 2026. Et la confirmation définitive ne pourrait arriver qu’après 2030, quand ALMA sera doté de capacités élargies.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press