Africa-Press – Niger. Présentées le 23 juin 2025 lors d’une conférence de presse à Washington, les premières images de l’Observatoire américain Vera Rubin visent à démontrer les capacités inouïes de ce nouveau télescope et « tout ce que les astronomes pourront réaliser dans les années à venir avec cet instrument révolutionnaire », explique Sandrine Thomas, directrice-adjointe de la construction.
Ces clichés sont époustouflants ! L’un d’eux montre la nébuleuse de la Lagune, située dans la constellation du Sagittaire, à plus de 4000 années-lumière de la Terre, où naissent de nombreuses étoiles. En sept heures d’observation, le Vera Rubin a révélé quantité de détails extrêmement fins et jusqu’ici invisibles, sur les nuages de gaz et de poussières notamment.
L’intégralité du ciel austral
Vingt ans après le lancement du projet, l’Observatoire Vera Rubin est donc prêt à cartographier le cosmos. Depuis le sommet de la montagne chilienne du Cerro Pachon (2680 mètres) aux abords de la cordillère des Andes, le télescope financé en majeure partie par la Fondation américaine pour la science et le Département américain de l’Energie photographiera en un peu plus de trois jours et de façon répétée la totalité du ciel de l’hémisphère sud. Chaque nuit, il bougera toutes les 40 secondes environ pour prendre quelque 800 clichés couvrant chacun une surface équivalente à 45 fois celle de la Lune. Soit 20 téraoctets de données traitées notamment par un laboratoire du CNRS à Lyon, partenaire du projet.
Enregistrement en très haute définition de l’Univers
Grâce à son miroir primaire de 8,4 mètres de diamètre et sa caméra de 3,2 milliards de pixels, le télescope fournira des images d’une richesse et d’une profondeur inouïes. Aussi longue qu’une voiture, cette caméra astronomique est la plus grande jamais construite ! « Sa conception aura nécessité près de deux décennies et mobilisé plusieurs centaines de scientifiques du monde entier, dont plusieurs équipes du CNRS », souligne l’organisme de recherche français. La caméra du Vera Rubin intègre en effet un système de changeur de filtres optiques inédit conçus par trois laboratoires de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3). De quoi produire « un enregistrement ultra-large, en couleurs et en très haute définition de l’Univers », se réjouit Sandrine Thomas.
Machine à découvrir
Cette « machine à découvrir » servira en particulier à étudier la position et la forme de millions de galaxies. Et mieux comprendre, ce faisant, la répartition de la matière noire et de l’énergie sombre, deux mystérieuses substances constituant plus de 90% du cosmos. Telle était au demeurant « la première motivation du télescope », signale Sandrine Thomas. D’où le nom qui lui a été donné, en hommage à l’astronome américaine Vera Rubin qui, à partir des années 1960, consolida l’hypothèse de la présence d’une matière noire invisible dans la périphérie des galaxies.
Planète 9
Mais les prises de vue répétées du Vera Rubin en feront aussi un instrument de choix pour détecter des phénomènes fugaces et transitoires, telles des étoiles variables ou des supernovæ. Et « dans le Système solaire, il mettra en évidence une multitude de nouveaux corps mouvants et peu lumineux », assure la physicienne. Comme une foule d’astéroïdes potentiellement menaçants, de lunes ou d’astres gravitant au-delà de la lointaine Neptune.
Peut-être aussi une hypothétique neuvième planète dont les astronomes suspectent l’existence depuis une dizaine d’années, ou des objets interstellaires issus d’une autre étoile que la nôtre et ne faisant que passer dans le Système solaire, à l’instar de l’énigmatique Oumuamua. « Après d’ultimes réglages concernant le traitement informatique des données, les premiers relevés astronomiques du Vera Rubin commenceront début 2026 et les premiers catalogues devraient être publiés six mois plus tard », annonce Sandrine Thomas.
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