​ONU: le Temps des Indispensables Réformes

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​ONU: le Temps des Indispensables Réformes
​ONU: le Temps des Indispensables Réformes

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Depuis la fin de la Guerre froide, le monde a basculé dans une architecture inédite, suscitant des acteurs nouveaux, des problématiques nouvelles.

L’effondrement spectaculaire de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et de ses satellites communistes a consacré le triomphe des démocraties libérales aux yeux de certains, l’avènement d’une ère de libertés pour les peuples jadis opprimés et de prospérité pour ceux qui longtemps n’ont guère bénéficié des avancées du progrès scientifique et technologique.

L’heure était à l’euphorie, tant et si bien que l’essayiste américain Francis Fukuyama eut tôt fait de conclure à « La fin de l’histoire et l’avènement du dernier homme ».

Toutefois, au moment où s’abaissait le rideau sur les périls et les horreurs de la Guerre froide, de nombreux observateurs ne manquèrent pas de s’inquiéter sur les périls tout aussi grands du nouveau monde dans lequel entrait l’humanité.

Effort de régulation des affaires du monde

S’il y a un mérite indéniable qu’il faut reconnaître à l’ordre international issu de la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la victoire des Alliés sur les pays de l’Axe et de la Conférence de Yalta qui s’ensuivit, ce fut cet effort de régulation des affaires du monde. C’est dans le sillage de cette vision qu’est née l’Organisation des Nations unies, le 24 octobre 1945, à San Francisco, en Californie du Nord.

L’ONU, il est important de la rappeler, a été conçue et construite suite au constat d’échec de la Société des Nations (SDN), établie en 1919 par le Traité de Versailles « pour promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité » et portée sur les fonts baptismaux le 10 janvier 1920 ; son impuissance n’a pas empêché le « retour à la guerre » après la Première Guerre mondiale et la dislocation sans précédent du monde.

Architecture inadaptée

Pour y parvenir, l’architecture de l’ONU a été pensée en cercles concentriques qui ont voix au chapitre, mais avec des attributions et des pouvoirs inégaux. Le premier cercle étant le Conseil de sécurité, que l’on peut appeler, pour paraphraser les textes bibliques, le « Saint des Saints » où se prennent les décisions majeures sur la marche des affaires du monde. Le second cercle étant l’Assemblée générale des Nations unies, qui est davantage une agora qu’un lieu de pouvoir à impact réel sur la conduite des affaires de la planète.

Au demeurant, cette architecture est aujourd’hui reconnue, de manière quasi unanime, comme inadaptée aux réalités du monde actuel, en commençant par le Conseil de sécurité. Force est de constater que même les membres de cette instance internationale plaident pour la nécessité de son élargissement, notamment à l’Afrique. Ce fut par exemple le cas tout récemment du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Élargissement à l’Afrique

Au moins deux raisons plaident pour cet élargissement à l’Afrique.

Le poids démographique du continent africain, qui dépassera deux milliards d’habitants en 2050, en fera le continent le plus peuplé de la planète devant l’Asie. Mais au-delà de cette augmentation exponentielle de la population africaine sur un étalement de temps extrêmement court et sans précédent dans l’histoire de l’humanité, il faut anticiper dès à présent ses conséquences pour l’ensemble de la planète. Toutes les régions du monde seront affectées par les conséquences de la pression démographique qui en résultera en termes de flux migratoires, de besoins en infrastructures, de sécurité collective, voire de chocs des cultures. Comment imaginer que l’Afrique, qui sera le principal théâtre de ce boom démographique, ne soit pas représentée dans l’instance suprême onusienne où il deviendra indispensable, sinon urgent, de penser cette nouvelle configuration du monde?

Les problématiques du réchauffement climatique et de la destruction vertigineuse de la biodiversité par l’activité humaine, vitales pour la pérennité de l’humanité tout entière, sont au rang des défis globaux à relever et qui militent pour une représentation africaine au Conseil de sécurité de l’ONU.

L’Afrique est paradoxalement la région du monde qui pollue le moins la planète, mais subit comme toutes les autres les conséquences délétères de la destruction de notre couche d’ozone. C’est d’ailleurs le continent sur lequel on compte aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés et de migrants climatiques.

Toutefois, à la différence de la pression démographique contre laquelle on peut construire des murs et des barbelés pour repousser des migrants prêts à prendre tous les risques pour survivre, les conséquences désastreuses du dérèglement climatique transcendent les frontières et les législations contre les migrations illégales.

La crise environnementale, contrairement à toutes les guerres ou les pandémies que l’humanité a connues jusqu’à présent, pose la dramatique question de la durabilité même de la vie humaine sur terre et à très brève échéance. Comment imaginer que l’Afrique, qui abrite l’une des plus grandes réserves de biodiversité et constitue avec l’Amazonie l’un des deux poumons de la planète, ne puisse pas siéger dans une instance où cette question deviendra centrale à très court terme, au même titre que la menace de la prolifération nucléaire?

Ces défis globaux à relever, qui émergent d’Afrique, mais engagent notre planète entière, ne pourront être relevés si le berceau de l’humanité n’a pas voix au chapitre au plus haut niveau des instances décisionnelles du monde actuel, en l’occurrence le Conseil de sécurité de l’ONU. Cette réforme indispensable de l’ONU ne serait pas un acte de bienveillance à l’endroit de l’Afrique, mais relève de l’urgence et du bon sens, dans l’intérêt de tous les membres de la communauté internationale.

Source: Vision Guinee

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