Africa-Press – Senegal. La psychologue clinicienne Aminata Mbengue a souligné, mercredi, à Kaffrine, l’importance de la prise ne charge psychosociale dans le processus de réintégration des enfants victimes de traite.
’’Il est difficile d’aboutir à une réintégration efficace de ces enfants retirés de la rue sans prendre en charge ce qu’ils ont subi et comment ils le vivent’’, a dit Mme Mbengue.
Elle répondait à des journalistes en marge d’une session de formation sur la protection et l’appui psychosocial des enfants victimes de traite.
Cette formation est initiée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans le cadre du projet J/TIP (Fourniture de protection et d’assistance aux enfants victimes de la traite au Sénégal retirés de la rue en raison de la pandémie de Covid-19.
Le projet dont elle assure la coordination est financé par le gouvernement américain.
La formation de 4 jours permettra à 25 acteurs de la protection de l’enfance à Kaffrine d’avoir les outils et rudiments nécessaires pour les premiers secours psychologiques.
L’objectif du projet est soutenir l’Etat dans son programme ’’zéro enfant dans la rue’’, avec déjà plus de 6500 enfants retirés de la rue depuis mars 2020.
La région de Kaffrine reste une zone carrefour où la traite des enfants est un défi majeur.
Quelques 553 enfants notamment des talibés en provenance d’autres régions y ont été convoyés et retournés à leur familles, selon le service régional de l’Action éducative en milieu ouvert AEMO.
A ce jour, aucun centre de prise en charge psychologique n’existe dans la région.
+++Le danger de la banalisation des violences subies par les enfants+++
Pour Mme Mbengue il est important d’expliquer aux acteurs le danger à travers la banalisation des violences qui empêche de mener à terme le processus de réintégration des enfants victimes de traite.
’’Ce qu’il faut éviter c’est de banaliser les violences subies par ces enfants et leur donner un espace où ces expériences vécues sont exprimées et prises en compte’’, a t-elle souligné.
Elle a cité des cas de symptômes de détresse manifeste chez certaines victimes de maltraitance et de violence sexuelle ou physique. Il y a aussi des cas de régression.
Parfois aussi, ’’des enfants auparavant victimes de violence les font subir à d’autres plus jeunes de la même manière’’, a rapporté la psychologue.
’’Si rien n’est fait, ces symptômes laissent des séquelles psychiques chez les enfants et accroissent la difficulté de leur retour dans leurs familles mais aussi d’entamer un nouveau projet de vie’’, a-telle mis en garde.
Il s’agira en outre durant cette formation d’identifier, au niveau de Kaffrine, les besoins les plus urgents, les types de collaboration avec les différents services pour améliorer le système de prise en charge et de protection des enfants.
Issa Kouyaté, directeur de l’ONG ’’Maison de la Gare’’’, un centre d’accueil basé à Saint-Louis, a partagé durant la formation des images d’enfants ayant subi des sévices corporelles.
’’Il fallait montrer ces photos aux participants pour démontrer que beaucoup d’enfants maltraités souffrent en silence qu’ils vivent dans la rue ou pas’’, a t-il dit.
Pour Issa Kouyaté, ’’les traumatismes psychologiques chez ces enfants maltraités et abusés sexuellement ne sont pas négligeables’’. Il dit avoir décelé des cas de tentatives de suicide.
’’C’est des situations très difficiles que nous rencontrons en tant qu’acteurs et où l’on est amené à faire des dénonciations de certains tuteurs ou même des marabouts pour négligences et laxisme de leur part’’, a t-il ajouté.
La session de formation se poursuit jusqu’à vendredi.
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