Africa-Press – Senegal. Les travaux d’élargissement de l’avenue du cardinal Hyacinthe-Thiandoum, à Dakar, sont du pain béni pour les ferrailleurs, qui sont nombreux à investir quotidiennement ce chantier pour récupérer dans les blocs de béton toute sorte d’objets et de métaux usés pour ensuite les vendre.
Depuis quelques jours, une entreprise chinoise a entamé les travaux de rénovation de cette avenue séparant les HLM Grand-Yoff et le quartier Arafat, ce qui passe par la destruction de cette ancienne voirie et l’assainissement qui allait avec.
Du coup, cette entreprise a mis à jour une structure souterraine constituée de ciment, de béton armé et de fer. Ce sont les canalisations d’évacuation d’eaux de pluie et d’eaux usées de cette partie de Dakar.
Sur place, de nombreux jeunes investissent quotidiennement les lieux, à la recherche d’objets à récupérer, essentiellement des bouts de fer solidement incrustés dans les blocs de ciment provenant de la démolition de bâtiments et de la canalisation souterraine de cette avenue.
Abdoulaye Faye, un jeune récupérateur témoigne de la rudesse de cette activité. L’extraction du fer dans ces blocs de ciment ‘’est très difficile’’, avance-t-il.
Une fois extrait, le fer ‘’est rassemblé et transporté vers la gare routière Bignona, située à la Zone de captage, pour être pesé et, éventuellement, vendu’’, explique M. Faye.
Un autre ferrailleur en train de se démener pour déplacer un gros bloc de ciment attire l’attention. Le jeune homme explique qu’il doit déplacer la masse de pierre, pour accéder à la tige de fer qu’il convoite, en utilisant un manteau pour le désincruster.
Un spectacle ordinaire, suivi de près par des dizaines de récupérateurs s’affairant chacun de leur côté pour charger sur des pousse-pousse des amas de fer rougi par la rouille, sortis des structures en béton armé détruites.
Sur place, une pelleteuse à l’œuvre, pour dégager de grosses pierres en ciment avant de creuser un sillon devant accueillir la nouvelle canalisation. Chaque bloc déposé de côté attire des récupérateurs qui accourent en nombre.
Interpellé, le conducteur de l’engin semble peu intéressé par ce qui se passe autour de lui, tellement il parait concentré sur sa tâche, se contentant juste d’exécuter les instructions de l’ingénieur chargé du secteur, comme il le dit lui-même.
Le machiniste affirme que les récupérateurs ne l’intéressent pas. ‘’Je vois juste qu’ils récupèrent énormément de fer dans ces tas de gravats’’, ajoute-t-il.
Vieux Sarr, en plein labeur, le corps couvert de poussière, fait ce travail de récupération ‘’depuis plus de trois ans’’, une acticité qui le conduit d’ordinaire dans les rues et ruelles des quartiers, où il ramasse des morceaux de fer jetés.
Il lui arrive de se voir proposer des vieux objets en aluminium, en fer noir, en nickel ou en cuivre. ‘’En fonction de leur taille, je peux payer jusqu’à 1.000 francs [CFA]. Généralement, je paie entre 25 et 500 francs’’, pour ensuite les revendre, explique ce jeune homme originaire de Fatick (centre).
‘’Mais depuis quelque temps, je viens ici ramasser, parfois casser ces blocs de ciment, pour en extraire la ferraille’’, dit-t-il entre deux coups de pic, le souffle coupé.
Vieux Sarr revend ensuite sa collecte au kilogramme, au parc de fer situé près de la gare Bignona, à la Zone de captage, où sont stockés toutes sortes de métaux, le prix de vente des objets récupérés variant en fonction de la qualité du fer.
‘’Nous achetons de l’aluminium, du fer noir, du cuivre, du nickel, entre autres métaux’’, confirme Abdou Ndiaye, dit Abdou Bami, le responsable du parc.
‘’Le fer est acheté ici entre 75 et 125 francs le kilo’’, précise M. Ndiaye, ajoutant : ‘’Nous avons connu une époque où le fer rapportait gros. Maintenant, on ne gagne presque rien.’’
Les objets en fer retrouvés dans ce parc proviennent de Grand-Yoff. Mais depuis quelque temps, ils viennent essentiellement des démolitions effectuées le long de l’avenue Hyacinthe-Thiandoum.
‘’Il parait qu’il y a beaucoup de fer dans les bâtiments détruits’’, ajoute Abdou Ndiaye.
La récupération des métaux usagés demeure un travail difficile, qui occupe à temps plein de nombreuses personnes dont c’est le pain quotidien.
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