Africa-Press – Senegal. Des organisations se sont insurgées vendredi contre les restrictions en cours sur internet imposées par les autorités sénégalaises suite à la condamnation jeudi de l’opposant Ousmane Sonko.
« L’Etat du Sénégal, en toute souveraineté, a décidé de suspendre temporairement l’usage de certaines applications digitales par lesquelles se font les appels à la violence et à la haine », a estimé jeudi soir le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome.
De son côté, l’organisation « NetBlocks », un moniteur internet travaillant à l’intersection des droits numériques, de la cyber sécurité et de la gouvernance de l’internet, a confirmé sur son site « La restriction de Facebook, Twitter, WhatsApp, Instagram, YouTube, Telegram et d’autres plateformes de médias sociaux au Sénégal le 1er juin 2023 ».
« Les violences socio-politiques ne doivent pas être prétexte à restreindre le droit d’informer (…) Les restrictions d’accès à Internet et aux médias sociaux sont une violation flagrante de la liberté d’informer et du droit du public à l’information », a relevé Sadibou Marong, directeur du bureau de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique subsaharienne.
« Nous demandons aux autorités de mettre fin à ces suspensions autoritaires et d’assurer la liberté de la presse et la sécurité des journalistes, dont le devoir d’informer est plus que nécessaire dans cette période troublée », a insisté Marong dans sa déclaration publiée sur le site de RSF.
Pour Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association (sénégalaise) des professionnels de la presse en ligne (Appel), cette mesure est « une atteinte grave à la démocratie ».
« L’accès à nos sites est devenu laborieux. Même télécharger un document Word est quasi impossible », a encore relevé Faye.
Le président de l’« Appel » a aussi décrié la coupure du signal de la chaîne de télévision privée « Walfadrji » pour 48 heures, soulignant que cela relève purement et simplement de l’abus de pouvoir.
De violentes manifestations ont éclaté jeudi dans plusieurs localités du Sénégal après le délibéré du procès de l’opposant Ousmane Sonko pour viols. Le leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ».
Le ministre sénégalais de l’Intérieur avait fait état de 9 morts à la suite des affrontements jeudi entre la police anti-émeute et des partisans de Sonko.
Les heurts ont baissé en intensité vendredi mais les tensions sont vives dans certaines zones de la capitale et dans le sud du pays.
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