Africa-Press – Senegal. Qu’est-ce qui consomme le plus d’énergie chez soi ?
Le chauffage est, de très loin, la principale consommation énergétique d’un foyer. Il absorbe à lui seul environ les deux tiers de celle-ci, rappelle l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Privilégié aujourd’hui, l’équipement en pompes à chaleur (PAC) des logements est au cœur de la planification écologique du gouvernement, avec une prévision de production d’un million de PAC d’ici à 2027.
Rappelons le principe : la pompe à chaleur utilise l’électricité pour capter les calories à l’extérieur du logement, et les transmettre à l’intérieur. Qu’il s’agisse d’une PAC air/eau (comprenant donc également la production d’eau chaude), si vous vous chauffez actuellement au moyen d’une chaudière, ou d’une PAC air/air, en cas de chauffage par radiateurs électriques, cet équipement doit permettre d’avoir une consommation trois à cinq fois moins élevée qu’avec votre équipement actuel (chaudière à gaz, au fioul ou radiateurs électriques), selon le réseau de conseil Hello Watt.
Autre solution performante : le bois. Première source d’énergie renouvelable consommée en France, il compte plus de sept millions d’adeptes parmi les foyers français, selon l’Ademe. Les inserts ou poêles à bûche ou à granulés ont notamment le vent en poupe. Faciles à mettre en place, ceux-ci ont vu leur demande exploser depuis trois ans… tout comme les prix des granulés, à la suite de la guerre en Ukraine.
2. Quels gestes de la vie quotidienne sont efficaces ?
Si l’on n’est pas prêt à dépenser plusieurs milliers d’euros pour rendre son logement moins énergivore, de nombreux gestes de la vie quotidienne ont déjà un impact direct sur sa consommation. Un degré en moins permet d’économiser environ 7 % d’énergie, selon les calculs de l’Ademe. Il faut donc commencer par régler correctement la température à son domicile : entre 19 et 21 °C la journée, 17 °C la nuit ou dans les pièces peu occupées. L’installation de robinets thermostatiques sur les radiateurs, voire d’une horloge de programmation, permet aussi d’ajuster au mieux le chauffage. Par ailleurs, les radiateurs d’appoint sont à proscrire car énergivores. Il faut également entretenir régulièrement la chaudière et penser à purger les radiateurs.
Enfin, il faut entretenir ses appareils ménagers, rappelle l’agence Europe Énergie : ballon d’eau chaude, congélateurs et réfrigérateurs bien remplis avec un dégivrage régulier. L’Ademe invite de son côté à débrancher les appareils au lieu de les laisser en veille, à laver son linge à froid ou à basse température (90 % d’économie si les machines sont classées A ++). Il faut aussi éviter le sèche-linge, et ne pas laisser le robinet ouvert pendant sa toilette (50 % d’économies d’eau chaude).
3. Quels choix sont judicieux pour accéder à l’autoconsommation ?
Mieux vaut évidemment concevoir dès le départ le bon type d’énergie pour les logements collectifs ou individuels. Si l’éolien se révèle complexe à mettre en place (et plus encore l’hydraulique), la géothermie de surface, utilisant la chaleur du sol, a de l’avenir, tout comme l’énergie solaire : elles permettent de développer une “autoconsommation” verte. Pour le solaire, le nombre d’installations a doublé en dix-huit mois depuis 2022, essentiellement grâce à des panneaux photovoltaïques d’une puissance de moins de 36 kilovoltampères (kVA), selon Enedis.
Selon l’Ademe, 25 m2 de panneaux photovoltaïques peuvent générer, en un an, environ 2.500 kWh, soit l’équivalent de la consommation électrique (hors chauffage et eau chaude) d’une famille de quatre personnes. Et comme les panneaux solaires de nouvelle génération ont des rendements toujours plus élevés, la facture d’eau chaude devrait même pouvoir baisser de 70 % selon une étude d’EDF.
4. Comment mieux isoler son logement ?
C’est l’investissement le plus rentable : selon l’Ademe, une maison mal isolée, c’est 30 % de déperdition énergétique. Du sol au plafond en passant par les fenêtres, tout doit être passé en revue. C’est maintenant une obligation légale, puisque le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu nécessaire pour louer ou vendre un bien (lire l’encadré ci-dessous). Outre l’isolation par des professionnels du bâtiment, l’achat d’équipements de dernière génération, qui intègrent la préoccupation durable, est aussi à préconiser : nouvelles chaudières à gaz à condensation, ballons thermodynamiques (très économes en énergie), nouveaux verres intelligents qui optimisent leurs propriétés isolantes.
5. Sur quelles aides peut-on compter ?
Elles sont nombreuses ! Principal soutien des ménages, le dispositif MaPrime-Rénov’ évolue de manière substantielle en 2024. Si le budget global, en forte hausse, s’élève à 5 milliards d’euros, seules pourront en bénéficier les rénovations “d’ampleur”, concernant avant tout les “passoires énergétiques”, c’est-à-dire les logements classés F ou G par le diagnostic de performance énergétique (DPE). Objectif : 200.000 rénovations complètes sur l’année.
Le montant des subventions dépendra à la fois du type de travaux, du niveau de revenu du ménage et de l’efficacité des dépenses pour améliorer le DPE. Attention : pour en bénéficier, les travaux devront avoir été effectués par des entreprises labellisées RGE (reconnues garantes de l’environnement). D’autres aides s’ajoutent à ce mécanisme géré par l’Anah (Agence nationale de l’habitat) : elles proviennent de collectivités locales et parfois même des fournisseurs d’énergie. S’y ajoutent l’éco-prêt à taux zéro et le taux minoré de TVA (5,5 % au lieu de 20 %).
“Faire des travaux utiles et efficaces”
Interview de Pierre Mattei, diagnostiqueur immobilier et auditeur énergétique.
Depuis mi-2021, les diagnostics de performance énergétique (DPE) ont vu leur méthode de calcul modifiée. Cela augmente le nombre de logements classés en G – aujourd’hui interdits à la location et dépréciés à la vente -, notamment à Paris. Comment l’expliquer ?
Le DPE actuel est la troisième génération de diagnostics énergétiques qui sont obligatoires depuis 2006. En entrant beaucoup plus de données, la version actuelle se heurte à plusieurs problèmes : d’abord, l’incapacité à renseigner certaines informations. Si le propriétaire ne peut fournir les éléments nécessaires, on considère l’année de construction comme indicateur de l’isolation des murs, par exemple. Or, certains travaux peuvent ne pas correspondre aux normes qui se pratiquaient à l’époque. Ensuite, certains diagnostiqueurs vont trop vite et tous n’ont pas la même formation. C’est ce qui explique qu’on puisse parfois avoir deux lettres différentes sur un même bâtiment, en faisant appel à deux professionnels…
Peut-on quand même faire un bon usage de ce DPE ?
Évidemment ! Il donne aux propriétaires des indications précieuses à la fois sur les dépenses annuelles engendrées par le logement en chauffage et eau chaude – avec un DPE en G, la consommation annuelle est supérieure à 450 kWh/m2 -, et sur les conséquences en matière de gaz à effet de serre des choix énergétiques qui sont faits. On voit bien qu’en matière de combustibles, le fioul et le gaz sont pénalisants. L’audit énergétique qui suit le DPE permet de faire des travaux utiles et efficaces.
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