Africa-Press – Senegal. En avril 2021, le petit hélicoptère Ingenuity de la Nasa s’élevait de quelques mètres au-dessus de la surface de Mars, réalisant ainsi le premier vol motorisé sur une autre planète que la Terre. Si l’engin de 1,8 kilogramme devait effectuer initialement cinq vols expérimentaux, il a dépassé toutes les attentes de ses concepteurs. Fin 2023, l’aéronef affichait en effet 70 vols au compteur. Filant une vitesse maximale de 36 km/h à plusieurs dizaines de mètres d’altitude, il a réussi à parcourir 705 mètres lors d’une même escapade et près de 18 kilomètres en tout.
Technologies de rupture
Mais les succès d’Ingenuity encouragent déjà des projets beaucoup plus audacieux, comme celui d’un avion martien à énergie solaire appelé “MAGGIE” (Mars Aerial and Ground Global Intelligent Explorer). Imaginé par le professeur en aérodynamique Ge-Cheng Zha de l’université de Miami (Etats-Unis), il vient d’être sélectionné par la Nasa avec une dizaine d’autres projets de rupture du programme NIAC (Nasa Innovative Advanced Concepts), financé à hauteur de 175.000 dollars. Grâce à ce financement, les premières études de faisabilité vont pouvoir débuter sur une période de neuf mois. Si celles-ci sont validées, des expérimentations plus poussées seront alors mises en œuvre, s’étalant au mieux sur cinq ans pour un coût de plusieurs millions de dollars.
Quasiment aucune zone hors d’atteinte
Ambition affichée: fabriquer un avion qui pourrait parcourir 180 kilomètres à une vitesse d’environ 300 km/h et jusqu’à 1000 mètres d’altitude sur la planète Rouge ! La distance totale pourrait atteindre ainsi 16.000 kilomètres lors d’une année martienne (soit 687 jours terrestres). “MAGGIE serait en mesure d’accomplir la première mission atmosphérique à une échelle globale sur Mars et révolutionnerait notre capacité à explorer la quasi-totalité de la surface martienne”, espère ainsi Ge-Cheng Zha. La plupart des zones martiennes seraient en effet atteignables !
Contrôle actif de l’écoulement de l’air
Pour obtenir de telles performances dans les conditions très particulières de l’atmosphère de Mars (d’une densité équivalant à 1% de celle sur Terre), les ailes doubles de MAGGIE devraient bénéficier d’une nouvelle technologie aérodynamique. Elle repose, en substance, sur un contrôle actif de l’écoulement de l’air grâce à des micro-capteurs et actionneurs développés par la société américaine CoFlow Jet. Le dispositif permettrait d’obtenir un coefficient de portance de 3,5, soit environ dix fois plus que pour les avions subsoniques usuels, tout en réalisant des décollages et atterrissages verticaux. La quinzaine d’hélices de MAGGIE seraient alimentées, quant à elles, par des cellules photovoltaïques couvrant la surface supérieure de l’avion.
Les missions scientifiques envisagées
Plusieurs types de missions sont d’ores et déjà envisagées. L’une d’elles consisterait à retracer et dater l’ancien champ magnétique global de Mars en examinant ses traces résiduelles dans des bassins d’impact. Ou encore d’étudier, sur de vastes régions, les sources de méthane atmosphérique identifié à plusieurs reprises par le rover Curiosity. MAGGIE pourrait cartographier également la glace d’eau présente sous la surface martienne, repérée d’abord par les satellites en orbite mais cette fois avec une très haute résolution.
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