Africa-Press – Senegal. Courtisé depuis qu’il a été mis hors jeu de l’élection du 24 mars, Karim Wade vient d’officialiser le ralliement du Parti démocratique sénégalais (PDS) au candidat de l’ex-Pastef, Bassirou Diomaye Faye.
C’est un coup dur pour le candidat de la majorité, Amadou Ba, et une bonne nouvelle pour son principal adversaire, Bassirou Diomaye Faye. Après plusieurs jours de tergiversations, Karim Wade a annoncé, vendredi 22 mars, le ralliement du Parti démocratique sénégalais (PDS) à Diomaye Faye, désigné par Ousmane Sonko comme son candidat au scrutin de ce 24 mars.
« Notre secrétaire général national, maître Abdoulaye Wade, vient d’apporter le soutien officiel du PDS à la coalition Diomaye Président pour l’élection présidentielle du 24 mars », a fait savoir Karim Wade depuis le Qatar, où il réside depuis 2016. « [Sa] décision va au-delà d’un choix politique. Elle est un engagement pour la protection de nos libertés, de nos droits, de notre dignité en tant que Sénégalais. C’est un appel à l’unité pour la défense de nos valeurs les plus chères et pour l’avenir de notre pays », a-t-il ajouté sur le réseau X (ex-Twitter).
« L’idée qu’un État puisse être confisqué au service d’intérêts privés et égoïstes nous est profondément intolérable. Dans cet esprit de responsabilité, notre formation a choisi d’apporter son total soutien à la coalition Diomaye Président 2024 », peut-on également lire dans une déclaration du PDS, datée du 22 mars et signée de la main d’Abdoulaye Wade. Y est évoquée la nécessaire « préservation des acquis démocratiques » au Sénégal.
Validation d’Abdoulaye Wade
« C’est une nouvelle qui nous réjouit, évidemment, réagit le mandataire de Bassirou Diomaye Faye, Amadou Ba. D’autant que Karim Wade a évoqué l’éthique de notre candidat, sa capacité à préserver le bien commun et à rétablir l’état de droit, qui sont des engagements forts de notre programme. » Selon Karim Wade, ce ralliement a été validé par son père, Abdoulaye Wade. Le 21 mars, Wade fils et Bassirou Diomaye Faye se seraient entretenus par téléphone pour discuter de ce soutien.
« Qu’Abdoulaye Wade et son fils décident de nous soutenir, après avoir été consultés et sollicités par l’ensemble des candidats, et en dépit de nos positions divergentes, montre que la candidature de Diomaye Faye est la plus fédératrice. Sa capacité à rassembler l’opposition sera essentielle pour gouverner ce pays », poursuit Amadou Ba pour les Patriotes africains pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Karim Wade avait jusqu’ici soufflé le chaud et le froid quant à un éventuel soutien de son parti à un candidat. Recalé de la course à la magistrature suprême le 20 janvier pour avoir renoncé trop tardivement à sa nationalité française, il avait réussi à faire reporter le scrutin présidentiel du 25 février en actionnant la création d’une commission d’enquête parlementaire. Elle visait justement Amadou Ba, le candidat de la majorité, accusé d’avoir corrompu deux juges du Conseil constitutionnel pour faire invalider la candidature de Karim Wade.
Au PDS, un précieux réservoir de voix
Jusqu’au bout, le fils de l’ancien président aura tenté de se faire réintégrer sur la liste des candidats à la présidentielle du 24 mars. Mais le 15 mars, la Cour suprême avait douché ses derniers espoirs et confirmé la date du scrutin, qu’il tentait de faire annuler, une nouvelle fois.
Plusieurs responsables politiques ont alors tenté de s’assurer le soutien de son parti avant le premier tour de l’élection, qui s’ouvre dimanche. La candidate Anta Babacar Ngom a publié le 21 mars une lettre ouverte à Abdoulaye Wade dans laquelle elle sollicitait son soutien.
En perte de vitesse depuis plusieurs années, le PDS, qui n’avait déjà pas présenté de candidat lors de la présidentielle de 2019, dispose néanmoins d’une solide base de militants, qui demeurent fidèles à Abdoulaye Wade. Vieux de 50 ans, le parti dispose d’un maillage sur l’ensemble du territoire et d’un réservoir de voix précieux, dans la perspective d’une élection plus ouverte que jamais.
Karim Wade a lancé le 22 mars un appel « à tous les comités électoraux de la coalition Karim 2024 sur l’ensemble du territoire national et à la diaspora pour travailler étroitement avec les comités électoraux de la coalition Diomaye Président 2024 » et à se « mobiliser pour faire gagner le candidat Diomaye Faye ».
Accusations de fraude
« Notre objectif commun est de sécuriser le vote de chaque Sénégalais et de mettre en échec le plan de fraude massive orchestré par le candidat Amadou Ba qui est déterminé à voler l’élection au premier tour à tout prix », a-t-il ajouté. Un peu plus tôt, il accusait le candidat Amadou Ba de « manipuler » et de « démarcher intensivement » certains responsables de son parti, fustigeant certains cadres libéraux qui avaient annoncé leur ralliement à la majorité.
Dans la matinée du 21 mars, un cadre de la coalition présidentielle assurait quant à lui que les discussions étaient « avancées » pour obtenir le soutien du PDS. Le 15 mars, plusieurs ex-responsables du parti libéral passés dans le camp de Macky Sall s’étaient réunis pour lancer un appel du pied à leur ancienne formation. Sans effet.
« Le bureau du PDS a décidé d’appeler à voter pour Diomaye Faye, mais la base ne suivra pas forcément, veut croire un ministre. Ils l’ont fait pour ne pas perdre la face. Ils ne veulent pas montrer qu’ils soutiennent un candidat qu’ils ont accusé de corruption. » « La majorité des électeurs du PDS votent déjà pour nous », assure le ministre-conseiller de Macky Sall, El Hadj Kassé, membre du directoire de l’équipe de campagne d’Amadou Ba.
« Dans une élection, il arrive un moment où il n’est plus question d’appareil politique, mais d’un rapport entre un candidat et son peuple », insiste-t-il. Le camp d’Amadou Ba, comme celui de Bassirou Diomaye Faye, continue de se réclamer d’une victoire dès le premier tour. La campagne électorale s’achève ce 22 mars à minuit.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Senegal, suivez Africa-Press





