Africa-Press – Senegal. Hier en conseil des ministres, le président de la République a instruit son gouvernement d’accélérer « les travaux publics à haute intensité de main d’œuvre dans tous les secteurs, fondamentalement dans ceux du logement et des constructions, afin de promouvoir l’employabilité et l’emploi des jeunes: une priorité nationale ».
Avec une telle instruction, Bassirou Diomaye Faye est parti pour répéter les erreurs de Macky Sall en matière d’emploi. Durant son magistère, l’ancien président s’est appuyé essentiellement sur les investissements publics pour donner de l’emploi aux jeunes. Or, la limite d’une telle option, c’est que non seulement il faut un volume important en capital pour réaliser les projets, mais en plus, les emplois générés sont précaires, puisque la majorité ne dure que le temps de la réalisation de l’infrastructure. Mais la logique électorale en valait apparemment la peine à la fois en termes de réalisations visibles voire ostentatoires, mais aussi en création d’emplois sur le papier. Et justement, le Pastef est attendu sur le terrain pour opérer les ruptures nécessaires.
Dans une contribution en décembre 2024, intitulée « profil de croissance et emploi des jeunes », l’économiste Ahmadou Aly Mbaye avait prévenu les autorités contre les mauvaises orientations en matière d’emploi. Ce spécialiste des politiques publiques avait rappelé que pour atteindre le taux de croissance annuel de 6,5% du Pib prévu par l’Agenda 2050, il était possible de s’appuyer sur les activités intensives en capital mais pauvres en emplois comme les mines, la cimenterie… Ainsi, afin d’allier croissance et emploi, il recommande aux autorités de cibler les secteurs porteurs d’emplois.
« Pour changer radicalement les conditions de vie des populations et impacter favorablement l’emploi des jeunes, l’Etat devrait compléter l’objectif du taux de croissance ciblé par des politiques plus directes et plus volontaristes ciblant le facteur travail. Et un premier pas dans cette direction, serait un appui plus décisif aux secteurs qui ont le plus de potentiel pour générer des emplois de masse. Il s’agit essentiellement du secteur de l’industrie légère, de l’horticulture, du tourisme, du transport, du commerce formel, etc. », conseillait-il. Chiffres à l’appui, Ahmadou Aly Mbaye avait démontré comment ces secteurs peuvent aider l’Etat à démultiplier les emplois avec un volume de capital relativement modeste grâce à leur élasticité de l’emploi.
À la lumière du communiqué du conseil des ministres d’hier, on peut dire qu’il n’a pas été entendu et que l’État va essayer de fournir lui-même les emplois au lieu de créer l’environnement favorable afin de permettre au secteur privé de créer des emplois décents et durables.
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