L’éjaculation Est bien Plus Complexe Qu’On ne le Pensait

4
L’éjaculation Est bien Plus Complexe Qu’On ne le Pensait
L’éjaculation Est bien Plus Complexe Qu’On ne le Pensait

Africa-Press – Senegal. Pendant de nombreuses années, les scientifiques ont pensé que le cerveau ‘dirigeait le show’ du comportement sexuel – gérant l’excitation, la parade nuptiale et la copulation – tandis que la moelle épinière se contentait d »appuyer sur la gâchette’ pour l’éjaculation », résume auprès de Sciences et Avenir la neurobiologiste Constanze Lenschow. De récents travaux parus dans Nature Communications et dont elle est la co-première autrice remettent directement ce modèle en cause au profit d’un dialogue beaucoup plus complexe entre cerveau et organes sexuels, avec un intermédiaire bien plus décisif qu’on ne le pensait: la moelle épinière.

Une éjaculation incomplète malgré stimulation

Les chercheurs sont surpris. Après stimulation des neurones de la moelle épinière qui, chez le rat, déclenchent l’éjaculation, les souris n’éjaculent pas. A cet emplacement se trouvent des neurones qui produisent de la galanine, un neuropeptide par lequel sont transmises les informations nerveuses. Ce sont ces neurones spinaux (c’est-à-dire appartenant à la moelle épinière) qui constituent la gâchette de l’éjaculation chez le rat. Mais en les stimulant chez la souris, seuls les muscles bulbo-spongieux du pénis s’activent, ceux qui servent à l’éjection finale du sperme, sans que rien n’en sorte. « D’autres muscles sont impliqués en amont de l’éjaculation, principalement des muscles lisses des canaux déférents, des vésicules séminales et de la prostate », explique Constanze Lenschow.

Ceux-là ne semblent pas avoir répondu à la stimulation directe des neurones à galanine chez la souris comme ils le font chez le rat. Et en effet, chez des souris modifiées de sorte que leurs neurones à galanine sont fluorescents, les chercheurs observent leur connexion directe aux muscles bulbo-spongieux. « Même si la littérature sur les rats suggère un lien entre les neurones à galanine et les motoneurones des muscles bulbo-spongieux, ce lien n’avait jusqu’à présent jamais été prouvé sur le plan anatomique et physiologique », se félicite Constanze Lenschow.

Des neurones qui marquent une période réfractaire après éjaculation

En outre, une stimulation répétée de ces neurones affaiblissait drastiquement ses effets. « Contrairement aux rats, lorsque nous avons répété la stimulation, les réponses des muscles bulbo-spongieux se sont affaiblies. Cela signifie donc que les neurones à galanine ont été en quelque sorte déprimés après l’éjaculation de la souris mâle. C’était comme si le système était entré dans un état réfractaire après cette activation initiale », interprète la neurobiologiste. Si les chercheurs ne peuvent pas encore en expliquer les mécanismes, ces neurones spinaux semblent donc impliqués dans la détermination de la période réfractaire suivant une éjaculation chez les mâles.

L’éjaculation, un dialogue permanent arbitré dans la moelle épinière

En sus de la période réfractaire, la désactivation sélective des neurones spinaux a modifié le comportement sexuel des souris. « Nous avons observé des accouplements manqués plus fréquents et des rythmes sexuels perturbés », rapporte Constanze Lenschow. Et en effet, les chercheurs observent que ces neurones, loin de n’entrer en jeu qu’au moment de l’éjaculation, étaient déjà actifs dès l’étape de l’excitation sexuelle et des premières intromissions (pénétrations). « La contribution de ce circuit semble donc aller au-delà de la simple mécanique de l’éjaculation pour jouer un rôle actif dans le comportement sexuel global », conclut la chercheuse.

L’éjaculation est donc loin d’être un simple réflexe déclenché par les neurones spinaux sur ordre du cerveau. « Au contraire, le déroulement de l’activité sexuelle semble être façonné par un dialogue continu entre les signaux sensoriels, l’état interne (y compris le fait qu’il y ait déjà eu ou non une éjaculation) et les circuits spinaux. Au cœur de ce processus, les neurones à galanine semblent être de véritables intégrateurs, capables de déterminer quand activer le schéma moteur, en fonction des signaux reçus et de l’état physiologique de l’animal », explique Constanze Lenschow.

Montée de l’excitation sexuelle, intromissions répétées et période réfractaire, le processus menant à l’éjaculation chez la souris semble bien plus proche de l’humain que ne l’est le rat, capable d’éjaculer de façon réflexe et répétée. « Les rats peuvent faire de bons modèles pour étudier l’éjaculation précoce, mais les souris pourraient être plus adaptées pour comprendre le fonctionnement de la sexualité humaine, comment l’excitation se développe et comment l’éjaculation est régulée », commente la neurobiologiste. L’équipe espère dans de futurs travaux approfondir l’implication de ces neurones spinaux pendant l’ensemble du comportement sexuel, notamment chez les femelles et tout au long de leur cycle reproductif, et remonter jusqu’aux neurones du cerveau avec lesquels ils dialoguent.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Senegal, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here