Africa-Press – Senegal. Dans de nombreuses économies africaines, les femmes occupent une position discrète, mais structurante dans les équilibres macroéconomiques. Leur présence massive dans l’entrepreneuriat informel, le petit commerce et les services de proximité alimente une part significative de l’activité quotidienne. Ces revenus, souvent modestes, mais réguliers, contribuent à lisser les fluctuations économiques et à maintenir un niveau minimal de consommation, même en période de ralentissement. Cette fonction stabilisatrice opère en marge des agrégats officiels, ce qui en réduit la visibilité dans les analyses traditionnelles.
Au niveau des ménages, les femmes jouent un rôle central dans l’allocation des ressources. La gestion des dépenses alimentaires, scolaires et sanitaires confère à leurs décisions une portée macroéconomique indirecte. En période de choc inflationniste ou de perte de revenu, ces arbitrages permettent d’absorber une partie de l’ajustement sans rupture immédiate de la demande. Cette capacité d’adaptation renforce la résilience sociale et atténue la transmission des crises vers l’ensemble de l’économie. Elle repose moins sur l’accumulation de capital que sur une optimisation fine des ressources disponibles.
Les transferts familiaux et les réseaux de solidarité féminins constituent un autre mécanisme d’amortissement souvent négligé. Les flux financiers entre zones urbaines et rurales, ou entre membres d’une même communauté, participent à une redistribution informelle qui complète les dispositifs publics. Ces circulations monétaires soutiennent la consommation locale et limitent l’ampleur des chocs asymétriques. Leur caractère diffus et non institutionnalisé explique qu’ils échappent largement aux statistiques nationales, malgré leur poids réel dans la dynamique économique.
Cette contribution essentielle reste pourtant insuffisamment intégrée dans la conception des politiques macroéconomiques. L’absence de reconnaissance statistique conduit à sous-estimer l’impact des femmes sur la stabilité globale et à concevoir des réformes qui ne tiennent pas compte de ces mécanismes informels de régulation. Mieux mesurer et valoriser ces apports permettrait d’affiner les diagnostics économiques et de renforcer l’efficacité des politiques publiques. La stabilité macroéconomique ne repose pas uniquement sur les instruments financiers et budgétaires formels, mais aussi sur ces équilibres sociaux portés en grande partie par les femmes.
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