Yandé Diop
Africa-Press – Senegal. Le report inédit de l’élection présidentielle de 2024, annoncé à quelques heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale, a marqué un tournant dans l’histoire politique du Sénégal. Pourtant, malgré cette crise majeure, le pays a su éviter l’effondrement institutionnel.
Pour le professeur Maurice S. Dione, devant le « Jury du dimanche » sur iRadio, cette séquence a révélé la résilience des institutions sénégalaises, notamment du Conseil constitutionnel, qui a joué un rôle déterminant dans la sortie de crise.
« Malgré les péripéties, une transition pacifique a été assurée », souligne-t-il. Le Sénégal continue ainsi de se distinguer sur le continent, même si cette exception démocratique ne doit pas être idéalisée. « Un modèle ne se copie pas, il s’adapte », rappelle l’universitaire, insistant sur la nécessité de contextualiser toute expérience démocratique.
Cependant, il alerte sur les dangers d’un recul démocratique, observable ailleurs en Afrique: élimination de candidats crédibles, manipulation des règles du jeu, affaiblissement de l’État de droit. Autant de pratiques qui fragilisent la démocratie et favorisent, à terme, les ruptures institutionnelles.
Politique-spectacle: la démocratie piégée par la starisation
La montée en puissance des réseaux sociaux a profondément transformé la pratique politique. Pour Maurice S. Dione, « nous assistons à une dérive inquiétante: la starisation de la vie politique et la domination du spectacle sur le sens ».
Dans cet espace numérique, toutes les opinions semblent se valoir, qu’elles soient fondées sur une expertise solide ou sur l’émotion pure. « Un prix Nobel d’économie et un citoyen lambda ont le même poids symbolique dans l’espace des opinions », observe le politologue. Cette égalisation artificielle favorise la désinformation et affaiblit la rationalité du débat public. Les acteurs les plus visibles ne sont pas toujours les plus compétents, mais souvent ceux qui maîtrisent le mieux la mise en scène.
Face à ce phénomène, la réponse ne peut être la censure, mais le renforcement des capacités critiques des citoyens. Éducation aux médias, pluralisme de l’information et responsabilité des acteurs publics apparaissent comme des leviers essentiels pour préserver la qualité démocratique.
Ousmane Sonko, un phénomène politique sénégalais
En une décennie à peine, Ousmane Sonko s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs de la scène politique sénégalaise. Pour le professeur Maurice S. Dione, il ne fait aucun doute: « Ousmane Sonko est un phénomène politique. »
Au micro du « Jury du dimanche », il a souligné que « les faits parlent d’eux-mêmes. Député en 2017, troisième à la Présidentielle de 2019, puis stratège central de la victoire de son camp en 2024, Sonko a construit une trajectoire politique rapide et singulière ».
Au-delà des chiffres, l’invité souligne « une nouvelle manière de faire de la politique qui s’est imposée avec le PASTEF ». Il s’agit, dit-il, de « centralité des idées, discours de rupture, mobilisation populaire et rejet des formations politiques traditionnelles ».
À en croire Maurice Soudieck Dione, « cette ascension marque une reconfiguration profonde du champ politique sénégalais, avec le déclin progressif du Parti socialiste et du PDS, longtemps dominants. Une rupture paradigmatique qui ouvre une nouvelle séquence politique, encore en construction ».
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Source: seneweb
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