Quelles chances pour la « Réconciliation » au Tchad lors du dialogue du 10 Mai ?

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Quelles chances pour la « Réconciliation » au Tchad lors du dialogue du 10 Mai ?
Quelles chances pour la « Réconciliation » au Tchad lors du dialogue du 10 Mai ?

Africa-Press – Tchad. Dans un peu plus de deux mois, le Tchad vivra sur le son des roulements des tambours des pourparlers de paix entre le Conseil militaire et les factions de l’opposition tchadienne, dans une circonstance nouvelle et difficile dans l’histoire actuelle et future du pays, et dans un contexte d’intérêt régional et international.

Tout le monde attendait et se demandait, avec incertitude, quelle serait l’issue du dernier épisode du soi-disant « Dialogue national global ».

Le Tchad tournera-t-il la page de la lutte pour le pouvoir ?

Nous revenons dans cet article avec quelques flashs au sujet de cet important évènement national tant attendu et qui a été reporté à plusieurs reprises.

Après des mois de consultations préliminaires entre le Comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) et les forces politiques et militaires du pays et de l’étranger. Plus de 26 mouvements politiques et militaires et deux cents partis politiques et rassemblements civils s’engageront dans des pourparlers de paix directs avec le gouvernement de transition en mai 2022, sachant que ces pourparlers seront précédés de consultations exceptionnelles entre le CSM et les factions de l’opposition, qui seront accueillies par la capitale qatarie, Doha, le 27 février.

Malheureusement, il y a encore une ambiguïté autour du sort de la réconciliation présumée, surtout après que le dialogue ait été reporté au 10 mai au lieu du 15 février, ce qui a révélé l’existence de nombreuses « eaux stagnantes » sous la table des négociations, à commencer par l’exclusion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), rejeté du dialogue sous prétexte qu’il est impliqué dans l’assassinat du président Idriss Deby Itno, en plus de l’intégration de son porte-parole officiel, Kingabé Ogouzeïmi, au sein du régime. Sans compter les efforts du chef de l’Union des forces de résistance (UFR) Timan Erdimi à s’allier au groupe russe Wagner, avec l’aide d’un conseiller du président de la République centrafricaine.

Difficultés et défis possibles

Certains mouvements armés ont adhéré à l’idée de participer au DNI, à condition de libérer leurs prisonniers et de restituer leurs biens, en plus des demandes de l’opposition démocratique représentée par la puissante coalition « Wakit Tama » de réviser la Charte de transition et d’abolir la clause permettant aux membres du Conseil militaire de se présenter aux élections présidentielles à la fin de la période de transition, et d’annuler également les décisions unilatérales et non consensuelles émises par le Conseil militaire, connues sous le nom de nominations claniques.

L’un des plus grands défis à la paix menant à une transition réussie :

• Garanties aux parties concernées par la paix : l’absence de garanties internationales confirmant que la réconciliation aboutira à des résultats qui transféreront le pouvoir à un gouvernement élu à la fin de la période de transition.

• La Charte de Genève : toute sous-estimation de la Charte de Genève élaborée par l’opposition démocratique et armée conduirait au pire.

• Mouvements de Khartoum : toute sous-estimation des mouvements de Khartoum menacera le sort de la transition, d’autant plus que ces groupes ont l’habitude de combattre aux côtés des Forces de soutien express dans les guerres en Libye et au Yémen.

Mouvements armés les plus importants et Processus du dialogue national

Le nombre de mouvements d’opposition tchadiens dépasse les 100 factions, mais force est de constater que la plupart de ces mouvements se sont transformés en « structures politiques » qui n’ont pas de force militaire sur le terrain, c’est pourquoi l’accent sera mis sur les groupes armés actifs ci-après :

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) : Ce groupe est apparu en 2016 sous la direction de Mahamat Mahdi Ali, il est basé dans le sud de la Libye et depuis lors il est devenu l’un des principaux mouvements d’opposition qui s’opposent au régime de l’ancien président Idriss Deby Itno.

Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR) : C’est aussi l’une des factions de l’opposition tchadienne contrôlant le sud de la Libye, qui a des bureaux dans le sud de Sabha, et qui a mené de nombreuses batailles contre le régime de Deby au cours des dernières années.

L’Union des Forces de Résistance (UFR) : C’est l’un des groupes rebelles contre le régime d’Idriss Deby. Il a été soutenu par les autorités soudanaises de 2005 à 2010 et a mené de violents combats avec les forces du régime tchadien dans la région du sud-est de « Salamat en mai 2009 », lors de la soi-disant « bataille du barrage d’Umm ». En avril 2010, leurs combattants et d’autres rebelles se sont affrontés aux forces gouvernementales dans l’est du Tchad lors de la « bataille de Tamassi », la dernière bataille menée en 2019 près de la ville natale de Deby (Umm Djeres), et le gouvernement a pu les maîtriser avec l’aide de la France, par le biais de frappes aériennes ciblant leurs positions.

L’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement (UFDD) : Cette alliance regroupe la plupart des mouvements armés tchadiens, et a été fondée par l’ancien ministre tchadien de la Défense, le général Mahamat Nouri.

Le Front de la Nation pour la Démocratie et la Justice au Tchad (FNDJT) : Ce Front a été créé en juillet 2018, dans le sud de la Libye, par un groupe de rebelles tchadiens dirigé par le colonel Alachi Ali, dit « Kukuli ». Au début de l’année dernière, le front a revendiqué des attaques contre des positions de l’armée gouvernementale à « Kouri Bougoudi », dans le Tibesti, dans l’extrême nord du Tchad.

A noter que l’organisation du pré-dialogue à Doha (Qatar), prévue le 27 février courant, bute toujours sur l’absence de consensus entre les différents groupes armés. Il est une condition « préalable » pour les amener à la table du Dialogue national inclusif.

Dans ce contexte, le Premier ministre Albert Pahimi Padacké avait déjà déclaré le 27 janvier dernier : « Il est convenu que toutes les dispositions pourraient être prises à l’issue du pré-dialogue qui pourrait durer deux semaines à Doha ».

Anouar CHENNOUFI

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