TCHAD : Plus de 6 Millions de bouches à nourrir affirme l’ONU

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Africa-Press – Tchad. Un plan de réponse humanitaire d’une valeur de 511 millions de dollars US vient d’être lancé conjointement, le lundi 14 mars 2022, par l’organisation des Nations Unies et le Gouvernement du Tchad, et ce dans le cadre de l’assistance à plus de six millions de personnes ayant besoin d’une aide urgente cette année dans ce pays.

Dans ce contexte, la Coordinatrice du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), citée dans le communiqué publié sur le site de l’ONU, Violette Kakyomya, a confié à la presse que « Pour répondre à ces besoins, le Plan de réponse humanitaire cible 3,9 millions de personnes parmi les 6,1 millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire d’urgence pour un financement requis de 510,9 millions de dollars US exactement ».

En effet, le pays fait face à des difficultés sur les plans sécuritaire et climatique, surtout que le Tchad continue d’accueillir des réfugiés venant de plusieurs pays voisins, tels que le Cameroun, la République Centrafricaine, le Nigeria et le Soudan ainsi que des déplacés internes suites à des situations humanitaires complexes et multiples, sans compter les attaques des groupes armés, en particulier Boko Haram.

L’OCHA a mis l’accent sur le fait que « Pour une solution plus durable, il faut réfléchir à des solutions plus innovantes tout en réduisant les vulnérabilités chroniques et ce, en faveur du développement durable du pays au bénéfice de ses populations ».

Le PAM a dit également sont mot

A la recherche d’un coin et d’un plat !

La région qui s’étend au sud du désert du Sahara connaît actuellement certaines de ses conditions les plus critiques depuis de nombreuses années, sachant qu’en seulement 3 ans, le nombre des personnes menacées par la famine est passé de 3,6 millions à 10,5 millions dans cinq pays, à savoir le Tchad – le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, et le Niger.

Selon le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, David Beasley, la crise actuelle devrait dépasser les années précédentes en raison de facteurs aggravants notamment :

• l’insécurité
• une augmentation de la pauvreté due au COVID-19
• et des augmentations spectaculaires du coût des aliments de base.

Il a souligné entre-autre : « Une crise absolue se déroule sous nos yeux dans la région du Sahel », après avoir visité les opérations du PAM au Tchad et au Niger.

Antécédents

Il importe de noter que ce n’est pas la première fois que le Tchad et ses voisins de proximité dans le Sahara africain se trouvent dans de telles situations.

En 2021, le Tchad a fait face à trois crises humanitaires majeures a indiqué l’ONU.

• l’insécurité alimentaire et la malnutrition,
• les urgences sanitaires et les déplacements des populations résultant des conflits armés,
• les catastrophes naturelles.

Ainsi, l’année dernière, les Nations Unies et le gouvernement tchadien avaient également lancé un plan de réponse humanitaire similaire, estimé à 617 millions de dollars US, pour venir en aide à plus de 4 millions de personnes qui avaient besoin d’une aide urgente au Tchad, a indiqué dans une note à la presse, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), cité dans le communiqué de l’ONU.

D’après lui, plus de 4 millions d’enfants de moins de 5 ans et de femmes enceintes ou allaitantes avaient besoin d’une assistance nutritionnelle cette année là, et 1,7 million de personnes n’avaient pas d’accès régulier aux services de santé.

« Nous avons d’urgence besoin de plus de fonds », affirme le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, pour des interventions rapides notamment dans les secteurs de la nutrition, de la santé, des abris et de l’éducation.

Cet appel fût lancé au moment où le Tchad se trouvait sous la surveillance de la communauté internationale, qui n’avait imposé aucune sanction depuis la prise du pouvoir par la Junte militaire, tout juste un mois et demi après la mort au front du président Idriss Deby Itno, alors qu’il combattait contre des groupes armés au mois d’avril dernier.

Trois questions se dressent devant nous quant aux conséquences qui peuvent découler d’une telle situation :

• La détérioration de la situation économique et humanitaire au Tchad va-t-elle augmenter les troubles de Mahamat Idriss Deby et accroître la férocité de l’opposition, notamment armée ?
• L’appel au dialogue avec l’opposition sera-t-il une tentative pour gagner du temps, échapper à la pression de l’opposition et maintenir la cohésion du pouvoir ?
• La crise humanitaire sera-t-elle un parapluie pour l’entrée des forces des Nations Unies pour étendre leur influence dans ce pays ?

Emmanuel Macron soutenant Deby Jr.

Pour répondre à ces trois questions, nous commençons par la première pour confirmer que la situation du Président du CMT, le général Mahamat Idriss Deby, n’est point confortable, même s’il semble être solidement soutenu par la France qui n’a pas « rejeté » la façon peu « orthodoxe » de la prise du pouvoir par la Junte militaire au Tchad, comme elle l’a fait avec le Mali.

L’opposition ne lâchera pas la pression sur le Président du Conseil Militaire de Transition

« Nous allons continuer à sortir dans la rue jusqu’à l’instauration d’un pouvoir civil. La France doit choisir le peuple tchadien comme son véritable interlocuteur et non un petit groupe de militaires, ou elle sera l’ennemi éternel du peuple tchadien », a déclaré Max Loalngar, le porte-parole de Wakit Tamma.

Comité d’organisation du dialogue

De leur côté, plusieurs associations de la société civile, renforcés par le parti « Les Transformateurs » de l’opposant Succès Masra, n’ont cessé d’appeler à manifester contre « la confiscation du pouvoir » par le CMT, et à « exiger la révision de la charte actuelle et l’organisation d’une conférence nationale souveraine, inclusive et globale ».

Dialogue avec l’opposition

Ouverture du pré-dialogue à Doha

Pour certains observateurs, Mahamat Idriss Deby semble mettre lui-même des bâtons dans les roues au dialogue tant attendu avec l’opposition, un pré-dialogue prévu d’abord le 27 février 2022, à Doha capitale du Qatar, puis reporté au 13 mars dernier, sachant qu’à quelques jours de la rencontre à Doha, l’ancien président Goukouni Weddeye a été démis de ses fonctions à la tête du comité chargé de son organisation.

Certains affirment au contraire que Goukouni Weddeye aurait lui-même décidé de se retirer, alors que pour d’autres, il aurait démissionné parce qu’il n’était pas d’accord avec la ligne de conduite dictée par le gouvernement sur l’attitude à adopter face aux politico-militaires.

Pour de nombreux observateurs, la mise en place d’un nouveau comité d’organisation sonne tout simplement comme un échec des autorités de transition à faire asseoir les politico-militaires à la table de négociations.

C’est d’ailleurs pourquoi les pourparlers entre le pouvoir tchadien et l’opposition, qui ont débuté au Qatar, ont été suspendus le jour-même ce dimanche 13. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) a mis en exergue certains déséquilibres entourant ce « pré-dialogue ».

Il s’agirait là d’un coup de théâtre qui met fin à dix mois de préparation, pour réunir les représentants de 59 groupes rebelles et politico-militaires de l’opposition tchadienne.

Ainsi donc, le gouvernement tchadien et les autorités qataries ont décidé de reporter le « pré-dialogue » de 72 heures, après que le FACT, groupe armé accusé notamment du meurtre de l’ancien président Idriss Deby Itno, a claqué la porte des pourparlers.

NB : La Junte militaire ne semble pas prête à lâcher un les reines, car elle souhaite « sincèrement » rester au pouvoir, amadouer l’opposition, et prolonger la période de transition.

Les forces des Nations Unies vont-elles sauter sur l’occasion pour étendre leur influence au Tchad ?

En ce moment, il semble bien impensable que les Nations Unies puissent s’impliquer davantage en élargissant son influence à l’intérieur du Tchad.

D’abord, le Tchad est membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis le 20 septembre 1960. En tant que partenaire impartial et de confiance, l’ONU appuie le Gouvernement tchadien dans la mise en œuvre des politiques nationales pour répondre plus efficacement aux défis majeurs de paix, de sécurité et de développement, ainsi qu’aux besoins humanitaires auxquels le pays est confronté.

A noter que 14 programmes et agences des Nations Unies sont actifs au Tchad, à savoir : FAO, HCDH, OCHA, OIM, OMS, ONUDC, ONUSIDA, PAM, PNUD, PNUE, UNESCO, UNFPA, UNHCR et UNICEF, et que la plupart possèdent des bureaux ouverts à N’Djaména et à l’intérieur du pays.

Ceci dit, le pays, qui avait adopté l’approche « Unis dans l’Action », réaffirme ainsi sa volonté de travailler conjointement avec ses partenaires au développement pour redynamiser son économie et son industrie, pour améliorer le bien-être de la population tchadienne, et atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

En plus, pour répondre de manière efficace aux défis et besoins du pays, un Plan cadre des Nations Unies d’assistance au développement (UNDAF 2017-2021) a été élaboré dans le cadre d’un partenariat entre les agences du système des Nations Unies et le Gouvernement du Tchad.

Renforcer la résilience

Cherchons d’abord à savoir ce que fait le Programme alimentaire mondial (PAM) pour répondre à l’urgence au Tchad et dans tout les pays du Sahel africain.

Les opérations du PAM comprennent :

• une aide alimentaire d’urgence pour les personnes déplacées,
• les communautés d’accueil, les réfugiés et les personnes touchées par la saison sèche,
• la fourniture de repas scolaires, y compris le soutien à un projet de production de yaourt local,
• la fourniture de traitement et de prévention de la malnutrition,
• l’aide à la constitution d’actifs pour les petites exploitations,
• soutien de la chaîne de valeur « Fournir une assurance partielle et totale, développer les capacités nationales et fournir des technologies de l’information et des communications, de la logistique et d’autres formes de soutien aux partenaires en fonction de leurs besoins ».

L’organisation des Nations Unies n’a pas envie, à notre avis, de s’impliquer plus au Tchad.

Anouar CHENNOUFI

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