Africa-Press – Tchad. Une douzaine de chefs d’État participent à la cérémonie d’hommage dans la capitale tchadienne en l’honneur du président défunt, Idriss Déby Itno, mort à 68 ans, des suites de blessures subies au front contre des rebelles.
Un dernier hommage au président tchadien défunt. La junte militaire dirigée par le fils d’Idriss Déby Itno rend, vendredi 23 avril, un dernier hommage à celui qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant trente ans, en présence de chefs d’État, dont Emmanuel Macron.
Avant le début de la cérémonie tôt vendredi matin, le président français, ainsi que les chefs d’État des quatre autres pays du G5 Sahel sont allés rencontrer Mahamat Idriss Déby “pour des consultations sur la transition qui se met en place”, a indiqué la présidence française à l’AFP.
Les pays du G5 Sahel sont mobilisés aux côtés du Tchad pour soutenir le processus de transition civilo-militaire pour la stabilité de la région, a-t-on appris vendredi auprès d’une source à l’Élysée.
Le cerceuil d’Idriss Déby, monté sur le plateau d’un pick-up, drapé du drapeau national et entouré de soldats de la garde présidentielle, est arrivé place de la Nation.
Mahamat Idriss Déby, fils de l’ancien président et nouvel homme fort du pays, à la tête d’un conseil militaire de transition, est arrivé à la cérémonie en tenue militaire, sous très forte escorte. Il s’est recueilli devant le cercueil de son père, en se mettant au garde à vous.
Emmanuel Macron, en costume noir, a été accueilli par Mahamat Idriss Déby, entouré par de nombreux militaires tchadiens et est assis au côté du nouvel homme fort du Tchad.
Idriss Déby est mort lundi, selon la présidence tchadienne, à l’âge de 68 ans, des suites de blessures subies au front contre des rebelles. Son fils, Mahamat Idriss Déby, général de corps d’armée de 37 ans, est le nouvel homme fort du régime. Il dispose des pleins pouvoirs mais a promis de nouvelles institutions après des élections “libres et démocratiques” dans un an et demi. Pour de nombreux opposants qui ont toujours été réprimés par le régime d’Idriss Déby, cette prise de pouvoir n’est rien d’autre qu’un “coup d’État institutionnel”.
Plusieurs chefs d’État de pays sahéliens, comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, ou le président du Conseil souverain soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, assistent aux obsèques dans la capitale. Le Congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA), a également confirmé sa présence.
Emmanuel Macron, arrivé jeudi soir à N’Djamena, où la France a installé le QG de Barkhane, sa force antijihadiste au Sahel, est le seul chef d’État occidental présent aux obsèques du maréchal tchadien, son plus solide allié contre les jihadistes dans la région.
Le président français va-t-il poser des conditions pour une transition démocratique ? Adouber le jeune Mahamat Idriss Déby ? Sa présence à la cérémonie le laisse penser. Depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1990, avec l’aide de Paris, Idriss Déby avait toujours pu compter sur l’ancienne puissance coloniale.
Inquiétudes pour la stabilité du Tchad
Après sa mort, la France s’est dit déjà à plusieurs reprises préoccupée de “la stabilité et l’intégrité territoriale du Tchad”. “Est-ce que le Conseil militaire de transition va assurer la stabilité, l’intégrité du Tchad ?”, s’est demandé jeudi Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, s’interrogeant également sur sa capacité à “mettre en œuvre un processus démocratique” tout en respectant ses engagements militaires dans la région.
Le constat et les mots sont presque les mêmes pour Josep Borell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne. “Il faut aider le Tchad. Il faut passer outre les considérations politiques”, a-t-il dit jeudi lors d’une visite en Mauritanie, avant de se rendre lui aussi aux funérailles d’Idriss Déby.
Les obsèques officielles se déroulent en début de matinée sur la place de la Nation. Après les honneurs militaires et différentes prises de parole, une prière sera dite à la Grande Mosquée de N’Djamena. La dépouille d’Idriss Déby sera ensuite emmenée en avion à plus d’un millier de kilomètres, à Amdjarass, petit village qui jouxte sa ville natale de Berdoba, chef-lieu de la province de l’Ennedi Est (Nord-Est), près de la frontière soudanaise, où il sera inhumé aux côtés de son père.
La venue de chefs d’État représente un défi sécuritaire de taille pour le nouveau régime, toujours confronté à une rébellion venue de Libye qui a promis de marcher sur N’Djamena et rejette “catégoriquement” la transition militaire.
La menace pourrait aussi venir de l’intérieur du régime, car la prise de pouvoir du jeune Mahamat Idriss Déby est soudaine et les convoitises nombreuses au sein du clan du défunt chef de l’Etat.
La toute-puissante Direction générale des services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), jusqu’alors dirigée par le nouveau président du CMT, “risque de se diviser. Ils vont régler leurs problèmes, comme ils l’ont fait dans le passé, par des tentatives d’éliminations physiques, avec donc l’implication de violences armées dans la capitale”, prédit Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences-Po Paris.
Avec AFP
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