Avenir Energétique en Afrique: Solutions d’Anibor Kragha

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Avenir Energétique en Afrique: Solutions d'Anibor Kragha
Avenir Energétique en Afrique: Solutions d'Anibor Kragha

Africa-Press – Tchad. La problématique liée aux importations de produits pétroliers à travers l’Afrique a figuré au centre de la conférence de l’African Refiners and Distributeurs Association (ARDA) Week 2025. De l’avis du secrétaire exécutif de l’ARDA, les files d’attente pour le carburant s’étendraient de Lagos à Johannesburg, de Kinshasa au Caire, jusqu’à Nairobi. Les avions seraient cloués au sol. Les camions immobilisés. Les hôpitaux dans l’obscurité. Les villes en plein chaos. Le moteur économique du continent s’arrêterait en quelques jours à peine.

Pour lui, ce n’est pas un scénario catastrophe exagéré pour effrayer. C’est un angle mort stratégique, évident mais ignoré. Malgré une production quotidienne de plus de 5 millions de barils de pétrole brut, le continent importe encore plus de 70 % de ses produits pétroliers raffinés. Cette dépendance laisse l’Afrique dangereusement surexposée. A-t-il expliqué

Si les importations s’arrêtaient , a renchéri Anibor Kragha, l’effondrement ne serait pas seulement technique – il serait systémique. Aujourd’hui, l’Afrique dépend massivement des importations de carburants, ce qui la rend vulnérable aux chocs, avec des conséquences immédiates et profondes, a soutenu le conférencier.

Un continent pris en otage par ses importations de carburant

Les effets d’une interruption prolongée des importations de carburant en Afrique s’amplifieraient rapidement et sur de multiples fronts, selon le secrétaire exécutif de l’ARDA, tout en ajoutant que les secteurs de l’aviation, du transport routier et de la construction seraient paralysés, les pénuries de kérosène isolant les pays.

Poursuivant ses réflexions, l’auteur a précisé que, des millions de tonnes de marchandises, de médicaments et de denrées alimentaires resteraient bloquées dans des entrepôts et des ports. Les infrastructures vitales tomberaient en panne: les générateurs au diesel – indispensables aux hôpitaux, aux antennes télécom, aux réseaux d’eau et aux banques – cesseraient de fonctionner.

Dans les petites communautés rurales, a-t-il insisté, les cliniques seraient privées d’électricité ; dans les mégapoles de dix millions d’habitants, la pression de l’eau pourrait s’effondrer. Puis, avec la rupture des chaînes d’approvisionnement et la défaillance des services essentiels, l’insécurité énergétique se transformerait en troubles sociaux plus larges. Les pénuries de carburant, selon lui, provoqueraient une inflation alimentaire, des coupures de courant et une paralysie économique – des conditions propices à l’instabilité politique sur tout le continent.

Pour Anibor Kragha, des secteurs entiers s’arrêteraient du jour au lendemain: les mines en Afrique du Sud, au Nigeria, au Ghana, en RDC et en Zambie ; les exportations de cuivre de Zambie et de cobalt – essentielles à la filière mondiale des véhicules électriques – resteraient bloquées en RDC ; la production d’or du Ghana serait gelée. Il a relevé que, les plateformes pétrolières, les navires et les engins lourds s’immobiliseraient. Des milliards de dollars de recettes seraient perdus en quelques jours.

Le paradoxe énergétique africain: riche en pétrole brut, pauvre en raffineries

L’Afrique est riche en pétrole brut mais souffre d’un manque chronique de capacité de raffinage a déclaré le secrétaire exécutif de l’ARDA tout en soulignant que, le continent compte plus de 40 raffineries, mais beaucoup sont obsolètes, sous-utilisées ou à l’arrêt. Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, a-t-il noté, possède une capacité nominale de raffinage de 1,1 million de barils par jour, y compris la nouvelle raffinerie Dangote (650 000 b/j). Pourtant, il importe encore plus de la moitié de ses besoins en carburant.

Le secrétaire exécutif de l’ARDA a expliqué que, partout sur le continent, la production de brut dépasse les capacités de raffinage. Au Congo Energy & Investment Forum, a-t-il poursuivi, des plans ont été annoncés pour doubler la production nationale à 500 000 b/j, mais la raffinerie CORAF de Pointe-Noire ne peut traiter actuellement que 24 000 b/j, avec un objectif de 40 000 – bien en deçà du potentiel, malgré sa proximité avec des marchés clés comme la RDC.

Pendant ce temps, la demande augmente rapidement: la population africaine devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, avec des besoins énergétiques appelés à doubler, a indiqué l’auteur, tout en soutenant que , cette dépendance aux produits raffinés importés compromet la souveraineté économique, creuse les déficits commerciaux, déstabilise les devises et freine l’industrialisation. Elle menace aussi les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en renforçant les dépendances externes au lieu de bâtir une résilience interne. Corriger ce déséquilibre, a martelé l’auteur, exige une réponse coordonnée à l’échelle du continent – une démarche déjà amorcée par l’ARDA.

La vision de l’ARDA: la sécurité énergétique comme moteur de prospérité

Pour Anibor Kragha, la conférence ARDA Week 2025, tenue cette année au Cap sous le thème « Africa First », reflète la vision de l’African Refiners and Distributors Association, à savoir: permettre au continent de maîtriser son avenir énergétique – en raffinant, distribuant et alimentant ses économies selon ses propres termes. Il a précisé que, la sécurité énergétique n’est pas un luxe: c’est une ligne de vie. Sans souveraineté énergétique, il n’y a pas de développement durable. Ce n’est pas qu’une question d’infrastructures: c’est l’avenir de l’Afrique.

Pour éviter la paralysie économique qu’un arrêt soudain des importations provoquerait, l’ARDA déploie , selon lui, une stratégie continentale articulée autour de cinq piliers à savoir: moderniser et accroître la capacité de raffinage grâce à des projets résilients et viables commercialement ; harmoniser les spécifications et réglementations des carburants pour stimuler le commerce intra-africain ; attirer les investissements via la transparence, des projets bancables et des mécanismes de gestion des risques ; développer les infrastructures: pipelines, dépôts, terminaux de stockage, usines d’embouteillage de GPL, réseaux logistiques ; renforcer le capital humain dans la régulation, l’ingénierie, la finance et l’exploitation.

L’auteur a ciblé quelques initiatives phares, parmi lesquelles: étendre l’accès au GPL propre dans les ménages et les zones mal desservies – créant des millions d’emplois et réduisant la dépendance à la biomasse. Pour lui, cette transformation ne se fera pas par le plaidoyer seul: elle requiert une action urgente et coordonnée.

Assurer l’avenir énergétique de l’Afrique

Les gouvernements doivent d’abord simplifier les procédures et accélérer l’approbation des projets. Les blocages d’infrastructures qui rendent le raffinage et la distribution locaux non compétitifs doivent être levés, a proposé Anibor Kragha.

Autre priorité pour lui, c’est de mobiliser le capital domestique. Avec plus de 4 000 milliards $ immobilisés dans les fonds de pension, les assurances et les fonds souverains, des politiques adaptées sont nécessaires pour réduire les risques et libérer ce potentiel de financement., a-t-il déclaré, tout en signifiant qu’ en parallèle, l’Afrique doit lever les barrières commerciales internes afin de favoriser la libre circulation des carburants, du capital et des compétences. Les innovations financières (crédits carbone, financements mixtes, mécanismes de garantie), a relevé l’auteur , offrent des outils précieux pour stimuler l’investissement et réduire le risque.

Le secrétaire exécutif de l’ARDA, a affirmé que, les stocks stratégiques doivent aussi être intégrés à la stratégie. Beaucoup de pays africains, a-t-il expliqué, n’ont que quelques jours de réserves de carburant, ce qui est critique en cas de perturbations mondiales. La mise en place de cadres nationaux ou régionaux de stockage est réaliste et abordable, via des obligations minimales de stock et de légères taxes de soutien, a-t-il mentionné.

L’auteur a précisé, en outre que, rien de tout cela ne réussira sans volonté politique forte et voix unifiée des dirigeants africains. La souveraineté énergétique doit devenir une priorité continentale – non seulement pour la croissance, mais pour la résilience et la prospérité à long terme.

Crise ou catalyseur? Le tournant énergétique africain

Un arrêt de 30 jours des importations de carburant paralyserait l’Afrique – mais pourrait aussi être le signal d’alarme dont elle a besoin, a lancé le secrétaire exécutif de l’ARDA, tout en soulignant que, ce n’est plus seulement un risque logistique: c’est un point d’inflexion stratégique.

« Raffiner, encore raffiner » est devenu un cri de ralliement, a insisté l’auteur. Mais il ne s’agit pas seulement de carburant: c’est construire l’ossature de l’industrialisation, approfondir l’intégration régionale et libérer une prospérité partagée, a martelé Anibor Kragha.

Le secrétaire exécutif de l’ARDA conclut sa réflexion, en signifiant qu’avec le bon leadership, l’Afrique peut transformer sa dépendance actuelle en force future. Construire un système de raffinage moderne et résilient prendra du temps, a-t-il noté , mais une action coordonnée et des investissements audacieux peuvent, en une décennie, offrir la sécurité énergétique nécessaire à une croissance inclusive et durable. Carburant après carburant. Raffinerie après raffinerie. L’Afrique doit alimenter son propre avenir – non pas en réaction à une crise, mais en saisissant une opportunité. A plaidé le secrétaire exécutif de l’ARDA.

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