Africa-Press – Tchad. Le congrès de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) s’est achevé par un renouvellement de sa direction, marqué par le passage de relais de son leader historique, Saleh Kebzabo (qui reste tout de même président d’honneur), à Topona Célestin, désormais secrétaire exécutif national. Toutefois, cette transition est qualifiée d’« alternance ratée » par le politologue tchadien Yamingué Bétinbaye, qui y voit davantage une continuité qu’un véritable tournant générationnel.
Dans son analyse, Dr Bétinbaye souligne que si un changement de personne est intervenu à la tête du parti, celui-ci ne s’accompagne ni d’une inflexion idéologique ni d’un réajustement stratégique. « Topona Célestin reste pratiquement une autre version du président Saleh Kebzabo », explique-t-il, évoquant « la même école politique, presque la même génération et sensiblement la même méthode de gouvernance ». Selon lui, cette alternance prolonge la ligne tracée par Kebzabo depuis des années, sans introduire de rupture significative.
Le politologue rappelle par ailleurs que Saleh Kebzabo avait lui-même ouvert le congrès en plaidant pour un renouvellement générationnel. « Il a clairement affirmé que le temps était venu pour la jeune génération de prendre la direction du parti », note Dr Bétinbaye, précisant que cette déclaration avait suscité l’espoir de voir émerger une figure plus jeune à la tête de l’UNDR. Pourtant, le choix s’est porté sur Topona Célestin, un cadre expérimenté, mais issu de la même génération que son prédécesseur.
Cette décision s’explique, selon l’analyste, par le manque d’enracinement des jeunes cadres dans les idéaux du parti. « Les jeunes cadres de l’UNDR ne sont pas encore suffisamment imprégnés des valeurs du parti, peut-être en raison de leur ancienneté relative », observe-t-il. Il souligne également une tendance constatée lors de collaborations avec d’autres formations politiques: ces jeunes militants ont souvent « tendance à se départir plus facilement de l’UNDR que les anciennes générations ».
En outre, Dr Bétinbaye critique l’attitude de certains jeunes cadres récemment intégrés au gouvernement, qui se seraient « assez rapidement dilués dans la masse ». « Pour une partie de l’opinion, il est aujourd’hui difficile de distinguer ces jeunes cadres de l’UNDR engagés dans la gestion gouvernementale des figures du MPS (Mouvement patriotique du salut), le parti au pouvoir », affirme-t-il. Cette proximité dans la gouvernance et cette assimilation rapide auraient pesé dans le choix d’un dirigeant plus expérimenté, afin d’éviter toute dérive politique.
Malgré ces réserves, le politologue estime que cette transition peut constituer une opportunité de consolidation pour le parti. « Il y a certes une alternance en termes de changement de dirigeant à la tête de l’UNDR, mais celle-ci répond à la nécessité d’affermir les fondements idéologiques du parti et d’éviter qu’un vent politique trop fort ne l’ébranle », analyse-t-il. Topona Célestin pourrait ainsi jouer le rôle d’un « président de transition », chargé de renforcer les bases idéologiques et politiques de l’UNDR, notamment auprès des jeunes cadres.
« C’est à partir de ce travail de consolidation que l’alternance générationnelle pourrait devenir effective à la tête du parti, peut-être lors du prochain congrès, ou au terme de deux mandats de Topona Célestin », conclut Dr Bétinbaye.
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