Mahamat Mahdi Ali, président du FACT, revient sur les circonstances douteuses de la mort du Président Idriss Deby

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Le Président du FACT Mahamat Mahdi Ali
Le Président du FACT Mahamat Mahdi Ali

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-Press – Tchad. L’accélération des événements au Tchad suite à la mort du président Idriss Deby Itno, et la prise directe par l’armée régulière des rênes du pouvoir à la lumière des accusations de l’opposition à un coup d’Etat militaire, « ont fait douter du bien-fondé de la mort du président » qui a gouverné le Tchad pendant 30 ans et aspirait à occuper la présidence pour un sixième mandat présidentiel.

Circonstances du décès d’Idriss Deby Itno

L’ancien Président tchadien Idriss Deby
L’ancien Président tchadien Idriss Deby

Un jour après l’annonce de sa mort « subite », les questions se sont multipliées sur les circonstances de cette mort mystérieuse, et s’il s’agissait bien du président Idriss Deby Itno, décédé, comme il était dit dans la version officielle de l’armée, des blessures qu’il avait contractées en première ligne dans des affrontements contre les rebelles dans le nord du pays, ou bien était-ce lié, comme l’a affirmé l’opposition, à un coup d’État militaire pour renverser son régime ?

De telles questions trouvent leur crédibilité, d’autant plus que les informations publiées par l’armée régulière étaient « sèches », du fait qu’elles ne révélaient ni la date de sa blessure sur le front, ni la date de sa mort, et il se contentaient d’indiquer qu’il avait mené une bataille dans le nord du pays contre des rebelles équipés d’armes lourdes venus de positions arrière en Libye.

Idriss Deby Itno tombé dans une embuscade ou liquidé ?

L’ancien président lors des affrontements avec les rebelles
L’ancien président lors des affrontements avec les rebelles

L’ancien président, qui était accompagné de plusieurs généraux, serait tombé dans une embuscade à l’issue de laquelle auraient éclaté des affrontements au cours desquels il aurait été blessé puis transféré à N’Djamena, où il rendit son dernier soupir.

Cependant, les analystes qui suivent les affaires tchadiennes minute par minute, ont confirmé que le président Deby Itno est connu pour avoir pris auparavant le commandement de son armée dans de batailles similaires contre les rebelles, et ce n’est pas la première fois qu’il se rendait sur le terrain des plus intenses combats, ce qui ne laissait aucun doute sur la possibilité qu’il fût blessé durant ces affrontements.

Il semble même que la version officielle n’ait pas convaincu les partis de l’opposition, qui ont condamné ces derniers jours ce qu’ils ont qualifié de “coup d’État militaire inconstitutionnel” et appelé à une “phase de transition dirigée par des civils en lançant un dialogue global”.

Doutes formulées par l’opposition sur la mort de l’ancien président

Douter ou ne pas douter, c’est là la question
Douter ou ne pas douter, c’est là la question

Toutefois, l’interview accordée au site Tchadinfos, par l’opposant Mahamat Mahdi Ali, président du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), est venue semer le doute sur les circonstances réelles de la disparition du président Idris Deby Itno.

Le président du FACT a clairement expliqué « qu’entre mars et avril, le Front a fait une incursion en territoire tchadien depuis le sud de la Libye, et lors des combats qui s’étaient déclarés avec l’armée tchadienne, le président Déby, qui avait pris part à ces combats, y a trouvé la mort, sauf que les circonstances exactes n’ont toujours pas été établies.

En fait, ce jour-là, il n’y a pas qu’Idriss Déby qui est mort, d’autres Tchadiens sont morts aussi : nos camarades, nos frères combattants du FACT, y ont laissé leur vie.

Idriss Déby était en arrière-plan, tout comme moi, a-t-il indiqué. Quand on avait lancé l’offensive, ses soldats ont pris la fuite, ils sont partis en débandade. Nous avons appris le soir qu’il serait blessé et après on a dit qu’il serait mort. Beaucoup d’hypothèses ont été avancées, dont ces deux scénarios :

• on parle d’un drone qui l’aurait abattu,
• que Deby aurait abattu l’un de ses généraux et que les frères de ce général lui auraient tiré dessus.

Mais seuls ses camarades, qui étaient présents au moment des faits, détiennent la vérité et peuvent dire ce qui s’est réellement passé.

Mahamat Mahdi Ali, a mis entre-autre l’accent sur le fait que le Fact est sur pied, et qu’il est déterminé à lutter pour que la démocratie, la liberté, et la justice ne soient pas des choses éphémères, mais plutôt des réalités au Tchad. Il a souligné également « nous sommes disposés au dialogue ».

Le FACT c’est QUI, c’est QUOI, c’est POURQUOI ?

Le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad, est un groupe rebelle plutôt discret, peu connu de l’opinion publique, et ce n’est qu’au mois d’avril 2021 que son nom a fait les gros titres de l’actualité.

Le FACT a été fondé en 2016, à partir d’une scission de l’UFDD (Union des forces pour la démocratie et le développement, une coalition de groupes rebelles tchadiens créée en 2006 par Mahamat Nouri, lors de la troisième guerre civile tchadienne), qui était alors le principal groupe rebelle tchadien. Peu après, le FACT est cependant à son tour ébranlé par une scission qui voit la naissance du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR).

La poursuite et l’extension du conflit en Libye a abouti au recrutement du FACT par les forces alliées à Misrata, dont la création en opérant une scission de l’UFDD, pourrait d’ailleurs avoir été encouragée par la Troisième Force elle-même.

Le Président du CMT Mahamat Idriss Deby sous pression de l’opposition


Il importe de remarquer que les indicateurs indiquent que le poing se resserre davantage entre l’opposition et le fils de l’ancien président, le général Mahamat Idriss Deby, qui s’était approprié toutes les autorités du pays en assumant les charges de « Président, de Chef de l’Etat, et de Commandant suprême de l’armée », conformément à la charte de transition publiée par le Conseil militaire de transition.

On se rappelle encore des déclarations de François Djekombé, le président du parti “Union sacrée pour la République” :

« Nous maintenons cette pression pour exiger la dissolution du Conseil militaire de transition et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition. Toutes les organisations de la société civile et politiques sont mobilisées… Si déjà le Conseil militaire de transition refuse l’offre de dialogue avec les rebelles, cela suppose qu’au niveau intérieur, si nous baissons les bras, c’est que nous sommes complètement morts », avait-il expliqué.

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