Tchad : Trois mois après le décès du Président Idriss Déby, toujours des zones d’ombre

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Africa-PressTchad. Le 20 avril 2021, les Tchadiens et le monde entier apprenaient le décès brusque et tragique du Président-maréchal Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis trente ans. Dans la foulée, un Conseil militaire dirigé par son fils Mahamat Déby est mis en place pour assurer la transition pendant 18 mois. Les circonstances de son décès sont aussi diverses qu’intrigantes.

Le lundi 19 avril 2021, la commission électorale tchadienne proclame les résultats officiels de l’élection présidentielle tenue quelques semaines plutôt dans le pays. Le Président sortant Idriss Déby est crédité de 79,32% des suffrages exprimés.

Cette bonne nouvelle fièrement célébrée par ses partisans sera de courte durée puisque l’annonce de « la mort au combat » de leur icône sera annoncée dans les heures qui suivront à la télévision nationale suivie de la création d’un Conseil militaire présidé par Mahamat Déby, l’un des fils du défunt chef d’Etat.

Les faits : Le samedi 17 avril 2021 soit deux jours avant sa mort et à peine de retour d’un voyage à l’étranger, Idriss Déby se rend par la route dans le Nord du Tchad dans la province du Kanem où depuis plusieurs jours, les colonnes rebelles du Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad), en provenance de la Libye, progressent vers le sud. Le renseignement français et des survols d’avions ne freinent pas les rebelles qui ne se trouvent qu’à quelque 300 kilomètres de la capitale Ndjamena.

Le Maréchal Idriss Déby renoue alors avec le théâtre des opérations sur lequel il mène ses troupes sur le front. Le dimanche 18 avril, ses hommes disputent un âpre combat aux rebelles près de Nokou (Nord), combat au cours duquel il décède.

C’est à ce sujet que les divergences sur la date de son décès surgissent : une première version rapporte que le soir du dimanche 18 avril, sa troupe tentant de s’approcher au plus près de la ligne de front est stoppée par des tirs d’armes lourdes. Idriss Déby est touché, à la tête ou au tronc, selon les différents comptes-rendus.

Il est évacué, le lundi 19 avril, de toute urgence vers la capitale Ndjamena par hélicoptère. Au passage, il serait resté inanimé tout au long de ce transfèrement. Le nouvel homme fort tchadien, son fils, Mahamat Déby a, par ailleurs, assuré à Jeune Afrique, le 27 juin dernier, l’effectivité du décès de son père le lundi 19 avril à l’aube et que l’annonce de sa blessure lui a été faite en milieu de journée et sa mort dans la soirée à son retour à Ndjamena.

Le correspondant de RFI à Ndjamena a, toutefois, observé le déploiement des chars en ville et le mouvement des ambulances à la présidence dans la mi-journée du lundi 19 à la mi-journée.

Le lundi 19 avril 2021 ouvrera les tractations pour former le Conseil militaire de transition. Et dans la soirée de ce même lundi la commission électorale annonce la réélection du Président sortant. Entre-temps, les rebelles diffusent dans le même soir, une liste de hauts gradés de l’armée tués lors des récents combats.

L’annonce du décès du « Maréchal » est officialisée le lendemain matin, soit le mardi 20 avril 2021 par le Général Azem Bermandoa Agouna, le porte-parole de l’armée alors qu’il est entouré des membres du CMT. C’est la stupeur totale.

Une autre thèse alternative plus présente sur les réseaux sociaux rapporte qu’Idriss Déby aurait été assassiné par un de ses hommes dans le cadre d’un règlement de compte au sein de son clan, les Zaghawas, très minoritaires au Tchad, mais jouissant d’une surreprésentation au sein dans l’armée.

L’on fait cas d’un conciliabule qui aurait tourné au vinaigre et qu’il aurait été tué par un membre de la famille de l’opposant Yaya Dillo revanchard après l’assaut contre sa résidence, le 27 février, et qui a vu la mort de sa mère. Une version démentie par Yaya Dillo lui-même.

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