
Africa-Press – Tchad. Lors d’une interview télévisée, mardi 15 avril, le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, a accusé des médias d’être « payés et soutenus par des puissances étrangères pour salir l’image » du pays.
Dans une interview accordée à Manara TV, une chaîne de télévision créée il y a un an par Hassan Abdelkerim Bouyebri, le directeur de la communication de la présidence, le chef de l’Etat a exhorté certains médias à « travailler en respectant les lois de la République et la déontologie journalistique ». Il a également annoncé l’octroi de « cartes d’accréditation aux médias sérieux » pour suivre les activités présidentielles. Jusqu’alors, la presse présidentielle était parfois la seule autorisée à couvrir les activités du président.
Depuis ces derniers mois, des journalistes, des politiques et des acteurs de la société civile ont subi des arrestations, parfois menées comme des enlèvements par les services de renseignement tchadiens, chargés de réprimer toute voix discordante avec le régime de Mahamat Idriss Déby.
Depuis le début de mars, trois journalistes tchadiens accusés d’intelligence avec la Russie sont en détention provisoire dans l’attente de leur audition par un juge d’instruction. Il leur est reproché d’avoir fourni « des informations liées à la sécurité et à l’économie » du Tchad et d’avoir « travaillé avec le groupe paramilitaire russe Wagner », avait précisé à l’Agence France-Presse (AFP) le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, évoquant l’existence de « documents » obtenus à la suite d’une « dénonciation ».
La semaine dernière, la demande de remise en liberté de l’un d’entre eux, Olivier Mbaindinguim Monodji, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et correspondant au Tchad de Radio France internationale (RFI), a été refusée par le juge d’instruction. Le directeur régional de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Sadibou Marong, avait réagi en appelant les autorités tchadiennes à cesser toute répression de la presse et à permettre aux journalistes de travailler sans craindre de représailles.
La Russie, la Hongrie et les Emirats arabes unis font partie des partenaires du Tchad, qui a obtenu à la fin de janvier le retrait total des troupes françaises. A la mi-septembre, au moment de l’inauguration de la Maison russe de N’Djamena, trois Russes, dont l’un est connu pour ses liens avec l’ancien patron du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, avaient été interpellés à leur arrivée au Tchad. Ils sont ensuite restés bloqués durant plusieurs semaines sans obtenir aucune explication des autorités tchadiennes ou russes.
Source: Le Monde.fr
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