Dilemme Maternité: Bébé Volé et Retrouvé À Djagblé

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Dilemme Maternité: Bébé Volé et Retrouvé À Djagblé
Dilemme Maternité: Bébé Volé et Retrouvé À Djagblé

Africa-Press – Togo. Il est des faits qui paraissent solubles en apparence, mais qui sont plus complexes en réalité. Depuis août 2024, un enfant attend de retrouver la chaleur maternelle après qu’il a été retrouvé dans une école à Djagblé. Deux mères ayant accouché avec un jour de différence réclament sa maternité, et bien qu’un premier test ADN ait été effectué, une des deux familles a interjeté appel pour une contre-expertise. Une affaire rarissime, mais ô combien instructive.

Les faits se sont produits à deux endroits différents avec à peine 24 heures d’intervalle: le CHU Sylvanus Olympio et l’hôpital Sainte Anne. Le 25 août 2024, dame Lawani Fridos a accouché d’un garçon au CHU Sylvanus Olympio. Elle était en réanimation et sa belle-mère veillait sur le bébé quand une femme voilée avait fait irruption dans la salle, faisant croire qu’elle rendait visite à quelqu’un. Mais entre-temps, la belle-mère s’était assoupie. Sauf qu’à l’arrivée du mari, ils réalisèrent que l’enfant avait disparu, volé. Une déclaration pour vol d’enfant fut faite à la brigade territoriale de Lomé et une publication, sur les réseaux sociaux.

Ils apprirent peu de temps après, une annonce de bébé retrouvé à Djagblé le 31 août. La direction du CHU, sur la base des déclarations du couple qui disait reconnaître le bébé, le lui a remis.

A l’hôpital Sainte Anne, un enfant vint au monde dans la nuit du 26 au 27 août 2024. Sa mère, dame Mitsoaye Modestine qui a déjà deux enfants et dont le mari ne veut plus d’enfant, a été obligée de lui cacher son état jusqu’à l’accouchement. Ses parents ignoraient qu’au lieu d’aller à l’école, raison pour laquelle elle était arrivée à Lomé, elle avait déjà fait deux enfants et s’apprêtait à avoir le troisième.

Mais, devant son dénuement croissant, elle se résolut à abandonner le bébé et décida de le laisser dans une école pas loin de là où vit le père de ses enfants ; elle n’était pas mariée. Or il se trouve qu’une cousine à elle savait qu’elle attendait un enfant et lorsqu’elle ne la vit pas porter d’enfant, l’interrogea. Elle lui mentit que le bébé n’avait pas survécu. Cette cousine apprit en ce moment l’information du bébé retrouvé dans l’enceinte de l’école à Djagblé et poussa dame Mitsoaye à dire la vérité. Ce fut ainsi qu’elle se ravisa et réagit sur les réseaux sociaux pour avouer être la mère de l’enfant. Soit dit en passant, elle n’avait même pas les moyens de régler le chauffeur de taxi qui l’avait emmenée à Sainte Anne.

L’affaire fut portée au niveau du parquet de Tsévié. Le bébé fut retiré au couple qui a prétendu avoir reconnu l’enfant et confié à Terre des Hommes, le temps que l’enquête aboutisse et que les vrais parents soient déterminés. Entre temps, dame Mitsoaye fut invitée par la direction du CHU pour des analyses. Non seulement il a été prouvé qu’elle avait effectivement mis au monde, mais les tests de sang permettaient de trancher.

Pour ne pas se tromper, il a été décidé qu’un test ADN soit pratiqué, mais aux frais de qui? La direction du CHU réussit à assumer et envoya les prélèvements au Bénin. Les résultats montrèrent que l’enfant a pour mère…dame Mitsoaye. Désolation certaine dans la famille de dame Fridos qui a assurément commencé à entourer l’enfant d’amour familial.

Non convaincue par les résultats, celle-ci demande une contre-expertise. Dans ce cas, c’est à elle d’assumer les frais y afférents. L’affaire serait à ce jour non résolue et l’enfant vit toujours avec Terre des Hommes. Mais pour combien de temps encore?

Il est vrai que l’acte posé par dame Mitsoaye est condamnable et passible de peine de prison, selon le nouveau code pénal togolais en ses articles 181 et 182. Mais il est surtout vrai que la faim et le dénuement peuvent amener à poser des actes répréhensibles. Et il est surtout facile, lorsqu’on n’est pas dans la situation qui a contraint dame Mitsoaye à agir ainsi, de lui jeter la pierre.

Tout comme il est vrai que l’autre couple s’est fait voler son enfant et vit dans une douleur peu descriptible, ne sachant à ce jour ce qui lui est arrivé. Mais garder par devers soi l’enfant d’autrui selon les analyses, c’est douloureux en sachant que sa vrai mère est là.

La sécurité dans les centres de soins, parlons-en !

La direction du CHU pourra-t-elle toute seule assurer la sécurité de ce centre quand on sait les difficultés d’ordre financier qu’elle traverse? Lorsque les visites et les accompagnateurs ne sont pas régulés avec sévérité, même l’existence de caméras ne saura répondre à la question sécuritaire.

Il nous a été confirmé qu’en réalité, ce sont les cas graves ou compliqués qui devraient être référés vers le CHU. Malheureusement, il ressort que le nombre d’accouchements par voie normale est pratiquement le même que par césarienne. On ne doit pas alors s’étonner de la foule de visiteurs dans les allers de ce centre de soins chaque jour. Ce qui rend plus ardue la gestion de la sécurité.

Qui pour prendre en charge la contre-expertise? Cette affaire semble assez rare pour interpeller les autorités du pays. Demander que les frais de la contre-expertise soient supportés par le couple ayant vu son enfant volé, et voir confirmés les premiers résultats sera une double peine pour dame Fridos et son mari. Le ministère des affaires sociales gagnerait en prenant en charge cette dépense.

Le père des enfants de dame Mitsoaye ne devrait pas aussi s’en tirer à si bon compte. Non seulement il a eu des enfants au point de ne plus en désirer, mais il n’a pris aucune mesure contraceptive pour celle qui les lui fait ; en plus de n’avoir entrepris aucune démarche auprès des parents de la jeune dame. Et pourtant, il continue à prendre son plaisir avec la femme sans mesure de protection pour lui-même. Certainement que si la femme avait les moyens, elle avorterait, vu qu’elle tient à lui.

Godson K.

source: Liberté

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