Africa-Press – Togo. Après un calme trompeur en début de matinée, la capitale togolaise a été le théâtre de plusieurs échauffourées ce mercredi, première journée d’une mobilisation citoyenne lancée sur les réseaux sociaux contre le régime parlementaire récemment instauré. De Bè-Kpota à Bassadji, en passant par Adidogomé et la Colombe de la paix, des affrontements ont éclaté entre jeunes manifestants et forces de l’ordre.
La situation s’est tendue vers la fin de matinée dans le quartier de Bè-Kpota, notamment entre le rond-point Cimetière et la clôture de l’aéroport. Une unité de police, arrivée à bord d’un pick-up, a violemment dispersé un groupe de jeunes à coups de gaz lacrymogènes. Un adolescent aurait été interpellé sur les lieux, selon des témoins.
Non loin de là, aux abords de la Colombe de la paix, autre point de convergence mentionné dans les messages circulant sur les réseaux sociaux, les forces de sécurité sont également intervenues. Des jeunes, venus manifester pacifiquement selon leurs dires, ont été pourchassés. Là aussi, les gaz lacrymogènes ont parlé.
Mais c’est dans le quartier de Bassadji, situé non loin d’Amoutivé, que la tension a pris une tournure inattendue. Des vidéos amateur, largement partagées montrent même l’intervention de miliciens ou gros bras opérant en parallèle des forces de l’ordre, semant la panique dans les rues du quartier.
À Adidogomé, à hauteur du lycée moderne, des pneus ont été enflammés sur la chaussée. Après l’intervention rapide de la police et l’arrestation de quelques manifestants, un calme relatif est revenu, mais la tension reste palpable.
Partout dans Lomé, l’atmosphère est étrange. En ce 26 juin, la ville a des allures de ville morte. Commerces fermés, circulation fluide, rares passants pressés: l’effervescence habituelle s’est éteinte. Les autorités ont déployé un impressionnant dispositif sécuritaire, avec des patrouilles visibles sur toutes les grandes artères. Les habitants, eux, scrutent les réseaux sociaux et évitent de sortir.
L’appel à manifester lancé en ligne ne se limite pas à la capitale. Selon des informations concordantes, des actions similaires étaient envisagées dans plusieurs villes de l’intérieur du pays, bien que leur ampleur reste difficile à confirmer pour l’instant.
Ces manifestations surviennent dans un contexte politique explosif, quelques semaines après l’entrée en vigueur de la Cinquième République, et la mise en place d’un régime parlementaire controversé. Faure Gnassingbé, jusque-là président de la République, conserve les rênes du pouvoir en devenant président du Conseil des ministres – une transition perçue par nombre de citoyens comme un simple jeu institutionnel pour prolonger sa domination politique.
Les journées des 27 et 28 juin, annoncées comme les temps forts de la mobilisation, seront décisives pour évaluer l’ampleur et la résilience du mouvement citoyen qui semble, malgré la répression, bien décidé à se faire entendre.
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