Accueil Triomphal de Faure Gnassingbé à Kara

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Accueil Triomphal de Faure Gnassingbé à Kara
Accueil Triomphal de Faure Gnassingbé à Kara

Africa-Press – Togo. Boudé sur la scène internationale et affaibli sur le plan national, le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé tente de redorer son image par des bains de foule mis en scène. À l’occasion des luttes Évala, une opération d’import-export de populations a été orchestrée pour simuler une ferveur populaire… payée au prix fort pour les plus vulnérables.

Depuis les manifestations de juin dernier, Faure Gnassingbé se fait discret. Retranché dans son palais, il n’apparaît en public que sous haute protection. Ce retrait contraste avec un climat politique tendu et une méfiance croissante de la population.

L’élection municipale du 17 juillet 2025 a révélé un désaveu cinglant: moins de 20 % de participation dans certains centres de vote. Face à cette désaffection populaire, le pouvoir semble avoir opté pour une mise en scène: faire croire à une adhésion populaire en organisant artificiellement des bains de foule.

Lors de l’ouverture des luttes traditionnelles Évala à Kara le 19 juillet 2025, une foule en liesse attendait le président le long de la route entre Niamtougou et Pya. Des drapelets agités, des chants, des applaudissements… Des images calibrées pour les médias nationaux, destinées à montrer un chef aimé.

Mais en coulisses, la réalité est tout autre. Selon plusieurs témoignages, des bus affrétés depuis la région des Savanes ont transporté des centaines de femmes jusqu’à Kara. Les participantes, issues de Dapaong, Cinkassé et Tandjoaré, ont reçu 15 000 FCFA pour la journée. Une somme qui couvrait à peine les frais de transport, évalués à 10 000 FCFA, et ne laissait que 5 000 FCFA en poche.

Ce stratagème n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, le régime surfe sur la pauvreté des populations pour orchestrer des démonstrations de soutien. “Même pour boire de l’eau, ce fut à nos propres frais”, témoigne une participante.

C’est une mise en scène où la misère devient un outil politique. Dans un pays où le SMIG plafonne à 52 000 FCFA et où des régions entières vivent sous perfusion humanitaire, 5 000 FCFA peuvent faire oublier la fatigue, le soleil et les heures de route.

Le recours à ce type de manipulation révèle non seulement l’isolement progressif du président, mais aussi l’incapacité du régime à générer une adhésion sincère. Les images soigneusement montées pour les télévisions nationales, peine à voiler une réalité plus amère: celle d’un peuple fatigué, résigné ou en colère, et d’un pouvoir qui, faute de légitimité, tente de fabriquer une popularité de circonstance.

À l’heure où le peuple togolais exprime de plus en plus ouvertement leur soif de changement, la stratégie du simulacre pourrait bien atteindre ses limites. L’histoire a montré que la popularité ne se décrète pas: elle se mérite. Et au Togo, malgré les drapelets et les sourires forcés, il semble que le cœur du peuple bat désormais ailleurs.

François BANGANE

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