Africa-Press – Togo. En examinant attentivement la situation politique du Togo, il appert que l’ex-parti unique RPT s’est déguisé pour tromper les naïfs. Suffit-il de repeindre un vieux tacot blanc tout pourri en bleu pour proclamer qu’il s’agit d’une nouvelle bagnole?
Le moteur n’a pas changé, la carrosserie rouillée n’a pas changé, la puanteur est la même. Quant au chauffeur, il n’a pas changé, de même que les passagers.
Que veut-on vendre aux Togolais en faisant du neuf avec du vieux? La situation politique actuelle est pire que sous le parti unique du père Gnassingbé. Le régime de terreur n’a de cesse de grignoter tous les acquis de la lutte du peuple en matière de libertés depuis les années 1990.
La terrible répression des forces démocratiques est à l’origine d’un grave recul des libertés et d’un affaiblissement des partis politiques de l’opposition. Ils sont devenus attentistes et espèrent un miracle du ciel. La stratégie est brouillonne
quand elle n’est pas complice: un pied dedans, un pied dehors. La 5e République que l’on prétend vomir, l’on va se prélasser dans ses délices avec des miettes électorales, comme on jette un os à ronger à un chien. Même les militants ne comprennent plus rien. Le boycott massif de la dernière mascarade électorale des communales, est une sanction du peuple envers ceux qui prétendent le représenter.
Le faux débat oiseux consiste à dire: « Qu’est-ce que le boycott a changé? d’une part, et qu’est-ce que la participation a changé avec l’humiliation de ses partisans, d’autre part?
Le problème ne consiste pas à se moquer de la déconfiture des participationnistes comme certains le font avec délectation. Il s’agit de ne pas se faire complice de la dictature par l’apport de sa caution à ses élections illégales, d’une part, et par l’inaction, d’autre part. Les deux attitudes concourent à la régression du combat libérateur et à la restauration du parti unique RPT. On a du mal à reconnaître ce qui fut appelé l’opposition démocratique dans les années 1990. Les leaders charismatiques de l’époque ont tous disparu avec leurs échecs lamentables et leurs trahisons.
Conséquence cocasse de ce vide, les partis de l’opposition ont été remplacés par des influenceurs et autres blogueurs des réseaux sociaux. C’est extrêmement grave pour notre lutte, car ces personnes n’ont pas vocation à diriger le peuple et ne se sont pas formées et organisées pour ce faire. Quand des gens les critiquent et se plaignent de leur niveau, ils ont tort, parce que ces influenceurs profitent du vide créé par les partis politiques, et ils ont raison.
Il faut que des partis politiques sérieux, honnêtes et patriotiques reprennent le leadership de la lutte. S’il n’y en a pas, ils doivent être suscités par tous ceux qui ont vocation à devenir des leaders politiques, et ils sont très nombreux. L’exemple extraordinaire du Parti National Panafricain de Tikpi Atchadam et ses camarades, en 2017, est resté gravé dans la mémoire de tous les Togolais et surtout de la dictature qui a tremblé jusque dans ses fondements. Tout le monde sait ce qu’il faut faire. Mais les ego de leadership bloquent tout. Je le répète: mettre de côté les partis politiques est une erreur. La société civile ne possède pas de troupes. Encore moins, les blogueurs.
Il faut une vaste coalition des partis politiques et de la société civile et la fin des querelles insensées entre les partis politiques pour ne se consacrer qu’à l’essentiel: le dégagement de la dictature des Gnassingbé. Les vrais leaders naissent de la lutte patriotique et non des querelles de chiffonniers.
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH
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