Africa-Press – Togo. L’OMCT est préoccupée par la situation d’Abdoul Aziz Goma, défenseur des droits humains, qui a entamé une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention et réclamer justice. Après une semaine de son acte de contestation, ce défenseur des droits humains togolais a été admis aux urgences après une dégradation rapide de son état de santé. Il est détenu arbitrairement depuis sept ans, a été torturé, et pourtant justice n’a jamais été rendue.
« J’ai vu sa souffrance de mes propres yeux »
« J’ai rendu visite à Aziz à la prison civile de Lomé. Son corps porte les stigmates de la torture et son esprit le poids de l’injustice », a déclaré Isidore Ngueuleu, responsable du bureau Afrique de l’OMCT. « Il a survécu à des sévices indicibles, et pourtant ses appels à la justice restent sans réponse. Les autorités doivent comprendre que la grève de la faim d’Aziz n’est pas un acte de défi, mais un cri désespéré de dignité. »
Arrêté pour avoir défendu les droits humains
Aziz a été arrêté en 2018 simplement pour avoir soutenu de jeunes manifestants pacifiques réclamant des réformes démocratiques au Togo. À la demande d’un ami, il avait hébergé temporairement des protestataires venus de zones rurales à Lomé. Pour ce geste de solidarité, il a été accusé de crimes contre la sûreté de l’État et emprisonné.
« Défendre les droits humains ne saurait jamais être assimilé à une insurrection », a souligné Ngueuleu. « La détention d’Aziz envoie un message glaçant à tous ceux qui osent se tenir aux côtés de citoyens réclamant pacifiquement le changement. »
Des conditions carcérales inhumaines
La prison civile de Lomé fonctionne à plus de quatre fois sa capacité d’accueil officielle. Conçue pour environ 666 personnes détenus, elle en accueille 2699, à la date du 25 août 2025, avec un taux d’occupation de 405,25%. Le Comité contre la torture de l’ONU avait déjà recommandé aux autorités togolaises en 2019 la fermeture immédiate de cette prison, considérant que ses conditions de détention équivalent clairement à de la torture.
À Lomé, la surpopulation oblige les détenus à dormir assis, serrés les uns contre les autres. L’accès aux soins médicaux est quasi inexistant, provoquant des décès évitables. La nourriture est insuffisante et souvent impropre à la consommation.
« Ces conditions ne sont pas seulement cruelles, elles constituent une atteinte directe à la dignité humaine et à la vie elle-même, illustrée par les nombreux décès en détention », a ajouté Ngueuleu.
Un état de santé alarmant
Avant même de commencer sa grève de la faim, l’état de santé d’Aziz était déjà extrêmement préoccupant. Son médecin avait à plusieurs reprises averti qu’il ne pouvait pas rester en détention, soulignant que les autorités pénitentiaires n’ont pas la capacité de le soigner correctement. Selon ce dernier « Il est nécessaire d’obtenir une solution judiciaire urgemment pour lui permettre d’avoir des soins appropriés vu les limites locales en termes de diagnostic »
« Nous sommes extrêmement inquiets que cette grève de la faim puisse lui causer des dommages irréversibles en l’absence d’une action immédiate. », a poursuivi Ngueuleu.
Les autorités détiennent la clé
En juillet 2025, une délégation de l’OMCT a rencontré les autorités togolaises à Lomé. Les discussions se sont tenues dans un esprit d’ouverture et d’empathie, et les responsables ont reconnu l’urgence de réformer le système carcéral et la situation de détenus comme Aziz. Nous avons même saisi le Président du conseil son excellence Faure Essozimna GNASSINGBÉ, d’une demande de grâce présidentielle, à laquelle aucune réponse n’a encore été donnée.
De plus, un avocat membre du Groupe d’intervention judiciaire (GIJ), a déposé en collaboration avec les membres du réseau SOS Torture une demande de mise en liberté à laquelle Abdoul Aziz Goma est éligible non seulement au nom de la loi mais aussi au regard de cette urgence signalée. A l’heure où ces lignes sont rédigées, Abdoul Aziz GOMA a été admis à la clinique Biasa au bout de six jours de grève de la faim et y a subi des examens à cause de la détérioration de son état de santé.
Aujourd’hui, l’OMCT rappelle que la réponse est entre leurs mains. En libérant Abdoul Aziz Goma et les autres détenus en lien avec la situation socio-politique , les autorités feraient un pas décisif vers la justice, la réconciliation et le respect des droits humains au Togo.
Un moment de vérité
« Lors de notre dernière visite, Aziz m’a parlé de la douleur d’être séparé de ses enfants. En tant que père moi-même, j’en ai été bouleversé. Nul ne devrait être privé de sa famille, de sa dignité et de sa liberté pour un acte de solidarité », a conclu Ngueuleu.
L’OMCT exprime sa solidarité avec Aziz et tous les détenus en lien avec la situation socio-politique au Togo. Sa grève de la faim est un appel à l’action.
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