Associations Proches Du Régime Organisent Réjouissances

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Associations Proches Du Régime Organisent Réjouissances
Associations Proches Du Régime Organisent Réjouissances

Africa-Press – Togo. Des cris de joie à Dapaong aux danses à Notsè, les scènes se répètent à chaque nomination d’un « fils du terroir » à un poste politique. Si ces démonstrations sont présentées comme des marques de fierté, elles interrogent sur la perception du pouvoir par les populations et sur l’efficacité réelle de ceux qu’elles acclament.

À la suite de l’élection de Barry Moussa Barqué à la présidence du Sénat, le 2 avril 2025, les populations de Kpendjal et de Tône ont manifesté leur joie, comme pour saluer la consécration d’un des leurs. Six mois pplus tard, la scène se reproduit à Notsè ce jeudi, dans le Haho, après l’élection de Sélom Klassou à la présidence de l’Assemblée nationale.

Il ya quelques jours à Bombouaka, les habitants étaient descendus dans les rues lorsque le général Yark Damehame avait été repêché in extremis dans le gouvernement. À Atakpamé en 2023, c’est une messe d’action de grâce qui avait été organisée pour célébrer la nomination de Yawa Kouigan au ministère de la Communication.

Ces manifestations, devenues récurrentes, semblent traduire une relation particulière entre le pouvoir politique et les populations, où la promotion individuelle est perçue pour certains comme une victoire collective.

Dans de nombreuses régions du Togo, la réussite d’un natif est interprétée comme le reflet d’une reconnaissance nationale de la communauté. Ce réflexe communautaire, profondément ancré, s’explique par un besoin de visibilité dans un contexte où certaines localités se sentent marginalisées.

Mais cette forme de fierté, souvent spontanée, contrastent avec les conditions de vie précaires malgré la présence de cadres influents issus de ces régions.

À Dapaong, le Collège d’Enseignement Général de Tantigou, quartier natal du président du Sénat, ne dispose que d’une soixantaine de tables-bancs pour plus de 500 élèves. À Notsè, les images du CEG Ville montrent des bâtiments délabrés et des salles de classe partiellement ouvertes. Cependant, on arrive à manipuler quelques ignorants et affamés pour jubiler les lors des nominations.

Selon plusieurs observateurs, ces démonstrations populaires ne sont pas toujours le fruit d’une joie spontanée. Elles sont souvent encouragées ou encadrées par des acteurs politiques locaux soucieux de montrer leur loyauté ou de bénéficier d’une visibilité auprès du pouvoir central. Le cas de Dapaong parce exemple était l’œuvre de Together une association proche du pouvoir dont le promoteur a réussi à se tailler une place de conseiller du président de la République.

Dans un contexte de forte centralisation du pouvoir, ces manifestations deviennent ainsi un outil politique: elles servent à renforcer la légitimité du régime tout en maintenant les populations dans une logique de dépendance symbolique.

Malheureusement, ce mécanisme détourne l’attention des problèmes structurels tels que le chômage, la dégradation des infrastructures scolaires, l’accès limité aux soins qui touchent pourtant la majorité de ces communautés.

Ces scènes de liesse sont aussi la manifestation de l’absence de culture politique. Beaucoup de citoyens associent la présence d’un « fils du terroir » au sein du gouvernement à un espoir de développement local, sans pour autant évaluer les réalisations concrètes.

Or, dans la plupart des cas, la nomination d’un responsable originaire d’une région donnée ne se traduit pas par une amélioration significative des conditions de vie des habitants. Les politiques publiques, centralisées et uniformes, laissent peu de marge d’action aux ministres ou élus pour intervenir directement en faveur de leurs localités d’origine.

Si la célébration d’un succès individuel n’est pas en soi condamnable, sa récurrence dans un contexte de pauvreté persistante interroge sur la maturité politique du pays. La reconnaissance populaire devrait s’accompagner d’exigences claires: la mise en œuvre de politiques concrètes, la transparence dans la gestion publique et l’amélioration tangible du cadre de vie.

Au-delà des drapeaux et des tambours, l’enjeu est de transformer la fierté régionale en conscience citoyenne.

La véritable victoire ne réside pas dans la nomination d’un individu, mais dans la capacité d’une communauté à exiger des résultats et à participer activement à son propre développement.

Les manifestations populaires autour des nominations politiques au Togo traduisent à la fois une fierté identitaire et une fragilité démocratique. Tant que les populations continueront à confondre reconnaissance symbolique et progrès réel, la politique demeurera un spectacle dont elles sont les figurantes, et non les véritables bénéficiaires.

François BANGANE

source: lalternative.info

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