Africa-Press – Togo. Regardons la réalité en face, sans fard ni détour. Depuis 62 ans (un cycle entamé par l’assassinat tragique du Père de la Nation, Sylvanus Olympio), le destin du Togo semble figé. Hier sous l’étiquette du RPT, aujourd’hui sous celle de sa mutation, l’UNIR, un même système monopolise l’horizon. Ce régime, pilier d’une dynastie qui ne dit pas son nom, s’est transmis du père au fils dans une continuité sans rupture. Pourtant, après des décennies de gestion, le constat est sans appel: les aspirations profondes des Togolais à la liberté, à la justice et à la dignité restent lettre morte.
L’illusion de la stabilité, le poids de l’immobilisme
Derrière le discours officiel vantant la stabilité, se cache une vérité brutale: un verrouillage systématique des institutions. Le passage forcé à la Vème République en 2024, transformant le régime présidentiel en un système parlementaire sur mesure, n’est que la dernière manœuvre en date. En créant le poste de « Président du Conseil », le pouvoir s’assure une longévité sans limite, étouffant tout espoir d’alternance démocratique.
Ce n’est pas de la stabilité, c’est de l’asphyxie. On instrumentalise la loi pour protéger un clan, pendant que le débat citoyen est réduit au silence.
Une économie de chiffres contre une réalité de faim
Le régime se gargarise de taux de croissance et de rapports macroéconomiques. Mais de quelle croissance parlons-nous?
– Celle qui ignore les 85 % de la population survivant sous le seuil de pauvreté?
– Celle qui enrichit une minorité proche du sérail pendant que la jeunesse s’enfonce dans le chômage?
Les dispositifs comme Novissi, bien qu’utiles dans l’urgence surtout face à l’état de décrépitude avancé dans lequel végètent les populations, ne sont que des pansements sur une plaie béante. Distribuer des miettes ne remplace pas une vision structurelle. Le Togo ne demande pas l’aumône ; il demande des infrastructures, des hôpitaux dignes de ce nom, une école d’excellence et un soutien réel à ses agriculteurs et entrepreneurs. Gouverner, ce n’est pas gérer la misère, c’est donner les moyens de s’en extraire. Et le régime n’en a jamais été capable ; Il n’en est pas capable et il n’en sera jamais capable. Pour ceux qui se font des illusions sur le charme des mots moqueurs d’un maître-chanteur.
Pour une République des institutions, non des hommes forts
L’ère des « hommes forts » est révolue. Ce dont le Togo a besoin, ce sont des institutions fortes. La personnalisation outrancière du pouvoir est un poison: elle bride le talent, nourrit la peur et paralyse l’innovation. L’alternance n’est pas un saut dans l’inconnu ou une menace pour la paix (Paiy pour les avisés) ; c’est le souffle vital qui permet à une nation de se renouveler.
Le pays que nous voulons bâtir ensemble repose sur des piliers simples mais non négociables à savoir une justice réellement indépendante, bouclier du faible contre le fort ; une presse libre, véritable sentinelle de la démocratie ; des forces de défense qui protègent le citoyen au lieu de le réprimer ; une gestion transparente des richesses nationales pour que chaque fils et fille du pays en bénéficie.
L’alternative: Le courage de la rupture
Aujourd’hui, l’heure est à la responsabilité. Accepter l’immobilisme, c’est condamner nos enfants à un futur sans horizon, dans un pays où la réussite dépendrait de l’allégeance plutôt que du mérite.
Être dans l’opposition ne doit être ni une posture de façade, ni une quête de privilèges. C’est un acte de résistance contre le mensonge et la résignation. L’alternative ne viendra pas d’un sauveur providentiel, mais de la conscience collective et de la pression citoyenne, organisée et pacifique. D’où la nécessité d’une convergence d’actions basée sur le respect mutuel, la discipline, la rigueur, le sérieux, la détermination, l’engagement citoyen, la disponibilité.
Le Togo n’est pas condamné à subir. Notre pays est prêt pour sa renaissance. Il ne tient qu’à nous de transformer notre indignation en une vision d’espoir et de justice sociale.
Refusons la fatalité du déclin. Choisissons la dignité.





