Africa-Press – Mali. Après environ 20 mois de suspension suite au coup d’État militaire qui a renversé le président Ali Bongo le 30 août 2023, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a annoncé la restauration de la pleine adhésion du Gabon aux activités de l’Union.
Cette décision marque un précédent inédit depuis plus de 5 ans, car l’Union africaine n’a jamais rétabli l’adhésion d’un pays suspendu depuis 2019, malgré les demandes répétées de pays comme le Soudan, le Burkina Faso, le Niger, la Guinée et le Mali. Avec cette décision, le Gabon devient le premier pays à retrouver son statut depuis cette date.
Le 30 août 2023, le général Brice Oligui Nguema, commandant de la garde républicaine du Gabon, a mené un coup d’État contre le régime de Bongo après les élections législatives et présidentielles du 26 août 2023, que l’opposition avait rejetées.
Le même jour, le groupe militaire qui a pris le pouvoir a désigné Brice Oligui Nguema comme président du Conseil militaire de transition du Gabon, et il a remporté l’élection présidentielle de 2025.
Transition politique « réussie »
La décision a été prise à l’issue d’une réunion urgente du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Addis-Abeba, consacrée à l’évaluation de la transition au Gabon. Les 15 membres ont unanimement estimé que les autorités de transition avaient réalisé des progrès notables pour restaurer l’ordre constitutionnel.
Lors d’une conférence de presse après la réunion, Rebecca Amuge Otingo, représentante permanente de l’Ouganda et présidente du Conseil de paix et de sécurité en avril, a déclaré que « la décision reflète la reconnaissance du Conseil pour la manière dont le Gabon a géré la transition », soulignant que les autorités de transition avaient respecté toutes leurs obligations conformément à la feuille de route convenue.
Suite au coup d’État du général Oligui Nguema, les autorités de transition ont annoncé un plan comprenant des amendements constitutionnels, un référendum populaire, puis des élections présidentielles le 12 avril dernier, où Oligui Nguema a remporté près de 90 % des voix.
Lors de la même conférence, le ministre gabonais des Affaires étrangères, Michel Régis Onanga Ndayé, a annoncé que le Gabon se préparait à reprendre sa participation dans les forums continentaux et internationaux, réaffirmant l’engagement du gouvernement de transition envers les valeurs de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la paix. Il a également révélé que le Gabon serait prêt à accueillir le sommet de l’Union africaine en juillet 2027, soulignant que le pays serait « un partenaire clé dans la construction d’une Afrique prospère et sécurisée ».
Flexibilité ou précédent inquiétant?
Le chercheur en affaires africaines, Kéram Tadsé, a estimé que cette décision reflète une « nouvelle flexibilité » de l’Union africaine face aux crises politiques complexes que traverse le continent, bien que le Gabon n’ait pas respecté l’article 25 (4) de la Charte africaine de la démocratie et des élections, qui interdit la participation à des élections de ceux impliqués dans des coups d’État militaires.
Tadsé a précisé dans une interview que cette exception ne représente pas un changement de politique de l’Union, mais reflète la spécificité de la situation gabonaise, notamment le fait que le coup d’État n’ait pas été sanglant et qu’il ait été motivé, selon les rapports, par des craintes d’éventuelles perturbations si les résultats des élections de 2023 étaient restés sans intervention.
Il a ajouté que « les autorités de transition ont montré une réelle volonté de revenir à l’ordre constitutionnel, ce qui renforce les chances de récupération de l’adhésion par rapport à d’autres pays dont les transitions suscitent encore des doutes ou des tensions ».
En résidence surveillée
Dans le même temps, l’ex-président Ali Bongo, lors d’une rencontre avec une délégation de l’Union africaine qui l’a récemment visité à Libreville, a révélé qu’il était toujours en résidence surveillée et isolé du monde extérieur.
Bongo a précisé qu’il avait refusé de quitter le pays pour recevoir des soins médicaux tant que sa femme et son fils, détenus sous des accusations de trahison et de corruption, ne seraient pas libérés, réclamant un procès équitable pour eux.
Il a indiqué qu’il avait tenté de communiquer avec le leader de la transition sans recevoir de réponse, estimant que la visite de la délégation africaine était un pas positif, mais affirmant que son renversement était « le résultat d’un conflit personnel et non d’accusations de corruption », citant le fait que plusieurs de ses anciens ministres faisaient toujours partie du gouvernement de transition actuel.
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