
Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Depuis plusieurs semaines, des concertations ont été engagées entre le gouvernement et les opérateurs économiques en vue de trouvez des solutions pour amortir la crise inflationniste encours, due à la relance de l’économie après le Covid-19 et au conflit entre l’Ukraine et la Russie. Mais pour l’expert-comptable camerounais, David François Nyeck, un préalable à la bonne tenue de ces assises a été occulté. Il s’agit de la transparence dans les comptes des entreprises.
Dans une tribune libre qu’il vient de publier, l’expert-comptable estime que ce sont les comptes certifiés des entreprises qui doivent servir de base fiable aux discussions entre les autorités et les milieux d’affaires. « Sans comptes fiables, il n’y a aucune possibilité d’avoir le juste prix de vente. Sans comptes fiables, aucun dialogue avec les pouvoirs publics ne peut être débarrassé de suspicions », soutient-il.
En effet, lors d’une réunion, tenue le 18 mars 2022, avec le gouvernement, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a mis en exergue les surcoûts engendrés par la situation actuelle. Mais en l’absence des comptes des entreprises, il est impossible de voir comment cela impacte leurs marches. De même, il est difficile de savoir, si les entreprises, qui menacent de ne plus approvisionner le marché au second semestre 2022 en l’absence d’un accompagnement de l’État, ont elles-mêmes fait des efforts en réduisant certaines de leurs charges non essentielles.
Pour David François Nyeck, ce culte de l’opacité, qui est pourtant contreproductive pour les entreprises, est même culturel au Cameroun. « Demandez à nos hommes d’affaires pourquoi ils ont des problèmes avec les financements de leurs entreprises. Ils vous diront tout sauf l’essentiel, à savoir : une vie phagocytée par la peur, la peur de dire avec transparence ce que l’on fait parce qu’ils vivent le paradoxe du contribuable imaginaire. L’État risque de me prendre tout, alors que ce tout provient de quelqu’un d’autre (le consommateur) dont l’État attend aussi sa part », affirme l’expert qui opère dans le milieu des affaires depuis 42 ans.
La situation est telle que le guichet disponible pour le financement des entreprises à la Bourse des valeurs à Douala (Bvmac) reste peu sollicité. À preuve : selon les données disponibles, seulement trois entreprises basées au Cameroun sont inscrites en bourse. Il s’agit des sociétés suivantes : SEMC (filiale de Castel), Socapalm (filiale de Socfin), Safacam (filiale de Socfin). Les entreprises camerounaises sont donc totalement absentes.
Sylvain Andzongo
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