Blé en Afrique : comment la Russie a doublé la France

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Blé en Afrique : comment la Russie a doublé la France
Blé en Afrique : comment la Russie a doublé la France

Africa-Press – Cameroun. Traditionnellement leader sur ce marché céréalier en Afrique du Nord mais aussi très présent dans l’Ouest, Paris a été progressivement dépassé par un concurrent de taille: Moscou.

Le bras de fer diplomatique franco-russe connaît depuis quelques mois un virage commercial en terres africaines. Au Maroc, en Algérie, en Égypte ou encore en Afrique de l’Ouest, les exportations mensuelles de blé tendre français sont sur une tendance baissière pour la campagne 2022-2023, selon les données de FranceAgriMer, établissement public rattaché au ministère de l’Agriculture hexagonal, dont la mission est la promotion à l’international des filières agricole et agroalimentaire.

Neuf mois consécutifs de baisse

Malgré un regain de forme temporaire annoncé en début d’année, les céréaliers français, habitués à commercialiser près de la moitié de leur blé dédié aux exportations sur les marchés africains, ont sensiblement perdu leur statut de leader sur le continent avec le retour en forme du géant russe. Premier exportateur de blé depuis 2016, la Russie couvre 23 % de la demande mondiale grâce à sa capacité d’export de 49 millions de tonnes en 2023, selon le cabinet d’analyse Agritel.

Après avoir envoyé 1,7 million de tonnes vers le Maroc, 1,5 million vers l’Algérie et 900 000 tonnes en direction de l’Égypte sur la première partie de la campagne 2022-2023, les exportations françaises de blé tendre ont brutalement chuté. À la fin de novembre, Rabat a importé 154 000 tonnes de blé tendre français, contre 80 400 tonnes pour Le Caire, tandis qu’Alger s’est contenté de 157 500 tonnes en octobre, d’après le dernier rapport de FranceAgriMer, publié le 13 décembre.

« La chute des ventes de céréales continue de peser sur le solde des produits agricoles bruts qui recule sur un an pour le neuvième mois consécutif (-592 millions d’euros) à 96 millions d’euros », explique Agreste, le service de la statistique du ministère français de l’Agriculture. Fournisseur historique de l’Afrique du Nord, la France a accusé une baisse globale de 74 % de ses échanges céréaliers avec la région en octobre 2023.

Un blé russe moins cher

Pendant ce temps, le royaume chérifien, qui s’appuie désormais sur plusieurs fournisseurs, dont l’Allemagne, la Roumanie, la Lituanie et la Pologne, a plus que doublé ses importations de blé tendre russe. Ces dernières sont passées de 27 300 tonnes en octobre à 80 897 tonnes en novembre, selon les données de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL).

Premier importateur mondial et premier consommateur africain de blé, l’Égypte achète 61 % de ses besoins en céréales auprès de Moscou, selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ses importations en provenance de la Russie ont, par ailleurs, bondi de 30 % au cours des neuf premiers mois de 2023, atteignant 8,34 millions de tonnes.

En dépit de l’avantage de compétitivité logistique pour le blé français sur les destinations de proximité, notamment les pays d’Afrique du Nord, la demande augmente sur le blé russe – dont le prix est plus compétitif – en Égypte et en Algérie, reconnaît FranceAgriMer. Après avoir modifié à la fin de 2020 son cahier des charges relatif à l’importation de blé, Alger mise gros sur le blé russe et ses achats pourraient atteindre « 2,5 millions de tonnes d’ici à juin 2024 », affirme Eduard Zernin, président de l’Union russe des exportateurs de céréales.

Parallèlement, la Russie, portée par des récoltes exceptionnelles, a acheminé, à la mi-novembre, ses premières livraisons gratuites de céréales, promises par le président Vladimir Poutine à six pays africains – la Somalie et le Burkina Faso en ont été les premiers bénéficiaires. Cette initiative a été annoncée en septembre à la suite de l’échec de l’accord céréalier de la mer Noire entre l’Ukraine et la Russie.

Source: JeuneAfrique

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