« On l’attrape plus, on l’élimine moins » : la double peine des fumeuses face au papillomavirus (HPV)

12
"On l'attrape plus, on l'élimine moins" : la double peine des fumeuses face au papillomavirus (HPV)

Africa-Press – Cameroun. « L’infection par le papillomavirus (HPV) est très liée au tabac, surtout chez les femmes », rappelle Julia Maruani, gynécologue aux Hôpitaux de Marseille, lors d’une conférence de presse donnée par la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale. S’il vaut mieux ne jamais avoir commencé, arrêter de fumer le plus tôt possible diminue le risque de lésions pré-cancéreuses et de cancer liés à l’infection par le HPV, dont le plus fréquent est le cancer du col de l’utérus.

Même passif, le tabagisme augmente le risque d’infection par le HPV

Le tabagisme, actif et passif confondus, augmente de 32% le risque d’infection par le papillomavirus, concluait fin 2023 une publication de l’enquête nationale sur la santé et la nutrition américaine (NHANES) sur plus de 12.000 femmes entre 2001 et 2016. Un chiffre qui monte à 70% d’augmentation du risque si l’on n’inclut que les fumeuses.

Le tabac augmente donc le risque d’être infectée, mais pas seulement. « Les fumeuses ont 50% de probabilité en moins d’éliminer le virus », pointe Julia Maruani. En temps normal, 80% des femmes infectées par le HPV s’en débarrassent d’elles-mêmes en 14 mois en moyenne. Mais le tabac agit partout et altère toutes les variantes de l’immunité, locale comme générale, appuie la gynécologue. Parmi les 4.500 composés chimiques contenus dans le tabac, le benzopyrène augmente ainsi la charge virale, c’est-à-dire la quantité de virus, ralentissant son élimination. Même la cigarette électronique est à risque, car la nicotine elle-même affecte le système immunitaire.

La double peine des fumeuses face au papillomavirus

« Le tabac joue sur la réplication du virus, favorisent le développement des lésions (qui peuvent devenir cancéreuses, ndlr), les dommages de l’ADN et altère la réponse immunitaire », résume Julia Maruani. C’est donc la double peine pour les fumeuses: « on l’attrape plus, on l’élimine moins », résume la gynécologue. Un risque qui augmente avec la durée de tabagisme, la quantité fumée et la fréquence de consommation. « Le tabagisme est encore plus nocif et augmente le risque de lésions si on a commencé avant d’être en contact avec l’HPV », soit avant même le début de sa vie sexuelle, précise-t-elle. D’où l’importance de prévenir le tabagisme dès les années collège.

Il est toujours temps d’arrêter de fumer

Pour autant, tout n’est pas joué si vous êtes fumeuse. « Arrêter de fumer à tout âge augmente la clairance (l’élimination, ndlr) du virus », appuie Julia Maruani. Tout le problème reste de parvenir à arrêter, alors que seuls 3 à 5% des fumeurs restent non-fumeurs après un an, d’après une publication de 2004 de la Haute Autorité de Santé (HAS), et qu’il faut en moyenne sept tentatives pour réussir à se sevrer, conclut la gynécologue.

Le cancer du col de l’utérus et ses 3.000 nouveaux cas par an en France n’est pas le seul qui inquiète. « Le tabac est responsable de 13% des cancers », rappelle Julia Maruani. « En 30 ans, le nombre de nouveaux cancers a doublé en France, d’après Santé Publique France, tandis que le tabagisme a augmenté de 20% à 23% chez les femmes. »

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Cameroun, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here