Africa-Press – Cameroun. Le député coordonnateur de l’Alliance Politique pour le Changement s’apprête à défier le RDPC sur ses terres: une visite stratégique qui pourrait redessiner la carte électorale du septentrion camerounais.
L’échiquier politique camerounais connaît un nouveau développement majeur. Jean Michel Nintcheu, figure de proue de l’Alliance Politique pour le Changement (APC) et coordinateur national de la coalition qui soutient Maurice Kamto, s’apprête à franchir le Rubicon politique en se rendant à Garoua, capitale de la région du Nord, dès la semaine prochaine. Cette visite, qualifiée de « stratégique » par les responsables de l’APC, marque l’ouverture officielle du front électoral nordiste pour la présidentielle d’octobre 2025.
Le choix de Garoua comme première étape de cette offensive politique n’est pas anodin. Cette ville, épicentre économique et politique du Grand Nord, constitue depuis des décennies l’un des bastions les plus solides du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). En s’y rendant, Jean Michel Nintcheu lance un défi direct au parti au pouvoir sur ses propres terres.
« Cette visite revêt un fort enjeu pour notre coalition », confie un proche du député, ancien président du Front pour le Changement et la Concorde (FCC). L’objectif affiché est ambitieux: ébranler les certitudes électorales dans une région où l’opposition traditionnelle n’a jamais réussi à s’implanter durablement.
L’intervention de Nintcheu intervient dans un contexte politique particulièrement favorable pour l’opposition. Les récentes ruptures de Bello Bouba Maïgari (UNDP) et d’Issa Tchiroma Bakary (FSNC) avec le pouvoir central ont créé des fissures dans l’édifice politique nordiste, ouvrant des espaces inédits pour les forces d’opposition.
« Nous assistons à une recomposition politique majeure dans le Nord. C’est le moment ou jamais pour l’APC de s’y implanter sérieusement », analyse un observateur politique basé à Garoua. Cette fenêtre d’opportunité pourrait permettre à la coalition de Maurice Kamto de capitaliser sur les frustrations locales et les déceptions vis-à-vis du pouvoir central.
Les objectifs de cette tournée nordiste s’articulent autour de trois axes principaux: sensibiliser les populations aux propositions de l’APC, mobiliser les sympathisants déjà acquis à la cause et, surtout, structurer davantage la coalition dans une région où son implantation reste embryonnaire.
Jean Michel Nintcheu, fort de son expérience parlementaire et de sa connaissance des enjeux nationaux, compte mettre à profit sa stature de député pour crédibiliser le discours de l’APC auprès des électeurs nordistes. Sa mission: convaincre que l’alternance politique prônée par Maurice Kamto peut également bénéficier aux populations du septentrion.
Toutefois, les obstacles ne manquent pas. Le Nord camerounais reste marqué par des logiques clientélistes bien établies et des réseaux d’influence profondément enracinés. L’APC devra démontrer sa capacité à proposer une alternative crédible aux populations locales, habituées aux promesses électorales cycliques.
« La question n’est pas de savoir si Nintcheu sera bien accueilli, mais s’il arrivera à convaincre au-delà des discours de circonstance », s’interroge un notable de Garoua. Le défi est de taille pour une coalition qui devra prouver qu’elle peut transcender les clivages régionaux et ethniques traditionnels.
Cette offensive nordiste s’inscrit dans une stratégie plus large de l’APC visant à démontrer son ancrage national. Après avoir consolidé ses positions dans certaines régions du pays, notamment dans l’Ouest et le Littoral, la coalition de Maurice Kamto tente désormais de prouver qu’elle peut rayonner sur l’ensemble du territoire.
« Nous ne pouvons pas prétendre gouverner le Cameroun en ignorant le Nord. Cette visite de Nintcheu est le début d’un travail de longue haleine », explique un cadre de l’APC sous couvert d’anonymat.
Du côté du RDPC, cette incursion de l’APC en territoire nordiste ne devrait pas passer inaperçue. Les responsables locaux du parti au pouvoir se préparent probablement à organiser la riposte, conscients que cette visite pourrait créer un précédent et encourager d’autres formations d’opposition à suivre le mouvement.
Les prochains jours permettront d’évaluer l’accueil réservé à Jean Michel Nintcheu et surtout l’impact de son message sur les populations locales. Cette visite pourrait constituer un test grandeur nature de la capacité de l’APC à s’implanter dans des zones jusqu’ici considérées comme imprenables pour l’opposition.
Au-delà de l’aspect symbolique, cette visite de Nintcheu à Garoua pourrait marquer le début d’une redistribution des cartes électorales dans le Nord. Si l’APC parvient à y créer une dynamique positive, cela pourrait encourager d’autres leaders d’opposition à intensifier leurs efforts dans cette région stratégique.
La présidentielle d’octobre 2025 s’annonce déjà comme un scrutin aux enjeux inédits. Avec cette offensive nordiste, l’APC démontre sa volonté de ne laisser aucun territoire en déshérence et de porter le combat électoral sur tous les fronts.
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