
Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – La Banque africaine de développement (BAD) vient de suspendre ses financements pour la construction de la route Ntui-Ndjole, un tronçon de 60 km sur la route nationale n°15 (RN15). Ce projet, d’un coût prévisionnel de 35,4 milliards de FCFA, permettrait de réduire de près de 200 km la distance entre Yaoundé et Ngaoundéré. Les travaux comprennent également l’aménagement de 73 km de routes communales. Le financement du projet est assuré par un prêt de la BAD, un prêt de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDEAC), ainsi que des fonds propres de l’État du Cameroun.
La décision de la BAD est justifiée par la violation des normes environnementales et sociales prescrites par le plan de gestion du projet imputée à China Railway 20 Bureau Group Corporation (CR 20), l’entreprise chinoise en charge des travaux. « Le 18 avril 2024, CR 20 a été notifiée de la décision du partenaire technique et financier de suspendre les décaissements et les travaux pour non-respect des obligations environnementales et sociales. Cette mesure fait suite à un accident mortel survenu récemment, à des licenciements abusifs de personnel et à des non-conformités environnementales », explique la cellule de communication du ministère des Travaux publics (Mintp). À titre d’illustration, selon nos informations, les effectifs ont diminué de 69 personnes en un mois, incluant 17 démissions et 52 licenciements abusifs, souvent réalisés sans suivre les procédures habituelles.
Depuis le 22 avril, date à laquelle la société chinoise a reçu la notification, les travaux sont « formellement » suspendus sur le terrain. Seuls les travaux nécessaires au maintien de la circulation sur les routes communales et à la protection des ouvrages déjà réalisés se poursuivent. C’est pour cette raison que le Mintp a exigé de l’entreprise qu’elle engage rapidement un expert en sécurité et procède à la contractualisation de tout le personnel sans délai.
Il est à noter que ce n’est pas la première fois que China Railway fait l’objet de critiques de la part des autorités. La société chinoise a déjà reçu plusieurs mises en demeure en raison d’une exécution des travaux jugée peu satisfaisante. Selon les équipes du ministère des Travaux publics, l’entreprise a montré depuis le début des travaux un faible rendement, utilisé un matériel inadéquat, souffert de l’absence de personnel clé et d’une mauvaise organisation. Initialement adjudicataire pour l’aménagement du tronçon Ntui-Ndjole-Mankim, China Railway s’est vu retirer la section Ndjolé-Mankim (36,7 km) en octobre 2023 pour des raisons similaires. À ce jour, le taux d’avancement des travaux est estimé à 58% pour la section Ntui-Ndjole, qui comprend également 73 km de routes communales, d’après les chiffres fournis par le ministère des Travaux publics.
Pour rappel, l’aménagement du tronçon Ntui-Ndjole-Mankim est une composante de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Tibati-Ngaoundéré. La construction de cette route vise à réduire la durée des voyages entre le centre du pays et le septentrion. Les travaux sur cette section ont été initialement confiés à l’entreprise portugaise Elevolution Engenharia (Elevo), mais le contrat avec Elevo a été résilié le 4 octobre 2019. Le projet a ensuite été attribué à China Railway en novembre 2022. La livraison de ce chantier est prévue pour le 31 décembre 2024.
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