Africa-Press – Cameroun. Le Coordonnateur du BGFT, ainsi que le président du comité de gestion sont accusés de détournement de 316 milliards de FCFA par des syndicalistes qui entendent faire grève pour dénoncer les multiples exactions dont ils se disent victimes.
La semaine prochaine, plus précisément le 6 septembre 2021, et si rien ne change entre temps, une partie non négligeable des transporteurs routiers au
Cameroun devrait observer une grève illimitée. Ce mouvement est initié par
l’Intersyndicale Union pour le transport, une plateforme regroupant 12 syndicats
dans ce secteur d’activités. Selon les explications de son Coordonnateur national, El Hadj Hamadou Djika, cette grève sera en vigueur tant que leurs réclamations ne seront pas prises en compte.
Le mouvement prévoit diverses actions : grève dans tous les postes frontières des États de la CEMAC et du Nigéria jusqu’à l’obtention du démantèlement des postes illégaux ; sensibilisation des transporteurs et conducteurs sur le caractère illégal des dirigeants actuels du Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT) ; sensibilisation des transporteurs non camerounais à ne plus s’acquitter de certains frais auprès de cette structure ; sit-in à l’entrée de toutes les missions diplomatiques de la CEMAC et du Nigéria. Ils entendent désormais refuser de s’acquitter des frais jugés exorbitants imposés aux transporteurs, soit 25 000 FCFA de vignette à payer au BGFT chaque année et les quelque 102 000 FCFA exigés par camion et par voyage aux postes frontières.
Selon les syndicalistes, plusieurs arguments justifient leur décision. D’abord, le fait que la réforme du BGFT ne soit pas engagée malgré l’instruction, depuis très longtemps, du Premier ministre. Ensuite, la condamnation du BGFT et ses dirigeants actuels par la Cour suprême, en l’occurrence, le Coordonnateur pour obstruction à la justice et empêchement du liquidateur à exercer ses fonctions. Ils parlent aussi de l’incompatibilité et du cumul de fonctions de la part de Pierre Sime et El Hadj Oumarou, respectivement président du comité de gestion et Coordonnateur du BGFT, alors qu’ils occupent des postes électifs de député et maire.
Le refus systématique d’intégrer les syndicats de droit au sein du BGFT fait également partie des nombreux motifs présentés par l’Intersyndicale.
Faits avérés, selon la CONAC Bien plus, l’Union pour le transport au Cameroun veut mettre fin à ce qu’elle qualifie de gabegie et mauvaise gestion, en
s’appuyant sur le rapport de la Commission Nationale Anti-Corruption
(CONAC), relatif à un soupçon de détournement de 316 milliards de FCFA par les
dirigeants du BGFT. Sur ce point, les syndicats dénoncent des « actes de corruption et de détournement de deniers publics ». Ces malversations financières s’opéreraient, soutiennent-ils, à travers le non reversement des
recettes des timbres des Lettres de voiture internationale (LVI) et de la vignette CEMAC. En plus, El Hadj Oumarou et Pierre Sime sont accusés d’avoir imposé des redevances illégales de sol dans les corridors non conventionnels aux postes frontières. Sur ce point, le rapport brandit
par l’Intersyndicale indique que « les prélèvements frauduleux de frais non prévus par les textes, évalués par les dénonciateurs à 16 200 FCFA dans les corridors conventionnels et à partir de 60 000 FCFA dans les corridors non
conventionnels, par camion et par voyage, sont avérés ».
En plus, il est reproché au BGFT d’avoir imposé une contribution syndicale aux non syndiqués et aux membres d’autres syndicats. « Pourquoi imposer cette contribution quand, lors des décisions et dans la gestion du fonctionnement du BGFT, l’on n’implique pas ces syndiqués ? », s’interroge El Hadj
Hamadou Djika.
À propos de toutes ces accusations, et bien d’autres, L’Essentiel du Cameroun a voulu avoir des clarifications de la part des concernés, principalement El Hadj Oumarou. Aucune réaction à nos appels et messages. Pourtant, la semaine dernière, le Coordonnateur du BGFT et d’autres acteurs ont donné un point de presse sur la sécurité routière dans le pays. Ils en ont profité pour donner leur position sur la grève annoncée. Selon les syndicats présents, que le camp d’en face dit inféodés au pouvoir financier du BGFT, il n’y aura pas de mou-
vement d’humeur, ils n’y participeront pas. Il n’y a plus qu’à attendre quelques jours pour savoir laquelle des deux parties aura le dernier mot..