Répression des manifestations : la traque des militants du MRC se poursuit

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Répression des manifestations : la traque des militants du MRC se poursuit
Répression des manifestations : la traque des militants du MRC se poursuit

Africa-Press – Cameroun. Un cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a été interpellé récemment et placé en garde à vue. Il a été libéré cinq jours après. Depuis hier, des images de 3 militants de ce parti enchaînés sur des lits à l’hôpital Laquintinie suscite l’indignation.

Vladimir Abama, responsable du Mouvement pour la renaissance (MRC), pour l’arrondissement de Yaoundé 5ème a été libéré le 22 octobre 2021 après cinq jours de garde à vue passés dans les locaux du commissariat de sécurité publique du 4ème arrondissement de Yaoundé. Il a été interpellé le 17 octobre à son domicile par les policiers alors qu’il s’apprêtait à accueillir ses camarades du parti à son domicile. Les policiers requis pour son arrestation n’étaient détenteurs d’aucun mandat. Aucune explication n’a été donnée au cadre du MRC.

« Le motif évoqué une fois au commissariat est le refus d’obtempérer. Un responsable du commissariat de sécurité publique du 4ème arrondissement que nous avons rencontré le 22 octobre explique que le 17 octobre 2021, les policiers ont conduit une opération de rafle dans plusieurs quartiers de l’arrondissement de Yaoundé 5ème. Au cours de cette opération, le militant du MRC a refusé d’ouvrir sa porte aux éléments de force de l’ordre.

« Il a refusé de nous ouvrir son portail mais nous avons réussi à nous introduire parce que cette opération avait pour but de rechercher certains objets volés. Son interpellation n’avait aucun lien avec son appartenance politique », explique une source au commissariat. Me Meli, avocat au barreau du Cameroun, qualifie cette interpellation d’illégale et abusive. Il explique que le comportement des policiers viole les principes de l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose :

« Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté si ce n’est pour des motifs et conformément à la procédure prévue par la loi. »

L’avocat souhaite que les auteurs desdites violations des droits de l’homme soient poursuivis devant les juridictions nationales ou internationales comme le prévoient les lois accords internationaux ratifiés par notre pays.

Des arrestations arbitraires

Me Meli explique que ce n’est pas la première fois que les cadres du MRC sont interpellés à leurs domiciles par des policiers. Alain Fogué, le trésorier du parti, et Olivier Bibou Nissack ont été arrêtés dans les mêmes circonstances en septembre 2020. Ils sont toujours détenus en prison. Le MRC prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur la répression quasi permanente que subissent ses militants de la part du régime.

Dans le cadre des marches pacifiques organisées le 22 septembre 2020 c’est au total 124 militants du parti qui ont été écroués dans les prisons de Yaoundé, de Douala, de Bafoussam et de Mfou. Trois parmi eux malades se trouvent actuellement à l’hôpital Laquintinie à Douala. Les hommes sont enchaînés sur leurs lits. Une situation qui suscite de l’indignation sur la toile. Ces militants ont été inculpés pour tentative de rébellion, révolution, attroupement aggravé et défaut de carte nationale d ´identité. Les responsables du MRC dénoncent la répression dont les militants de cette formation politique font l’objet depuis la dernière présidentielle d’octobre 2018. L’interdiction de toute manifestation ou réunion, les arrestations arbitraires et les longues détentions provisoires dans les prisons sont quelques pratiques que dénoncent les avocats du MRC.

Après la présidentielle de 2018, le parti de Maurice Kamto a organisé trois marches pacifiques qui se sont soldées par les arrestations des cadres du parti et plusieurs autres militants. Une marche pacifique avait été organisée en janvier 2019.C’est au cours de cette manifestation que le leader du MRC et plusieurs de ses alliés ont été arrêtés. En juin 2019, une autre manifestation pacifique avait été réprimée par la police et la gendarmerie. Les responsables d’association de défense des droits de l’homme dénoncent la répression des manifestations par les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre. Lorsque ces manifestations ne sont pas interdites, elles sont systématiquement réprimées par les forces de l’ordre. Cyrille Rolande Bechon est présidente exécutive de Nouveaux droits de l’homme explique :

« La loi n’a pas prévu un mécanisme d’interdiction d’une réunion. Les manifestations publiques doivent aussi être déclarées mais sauf que pour ce qui concerne des manifestations, l’autorité administrative pour des raisons parfois très floues trouve un prétexte pour justifier l’interdiction de la manifestation parce qu’une manifestation est faite pour occuper la voie publique ». Cette militante des droits de l’homme soutient que les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre qui répriment les libertés d’association ont parfois le soutien du « régime » en place. Une pratique qui va contre l’article 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose : « Toute personne a droit à la liberté de réunion et ‘association pacifiques ».

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