Affaire EcoMatin: voici tout ce qu’il faut savoir de l’enquête

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Affaire EcoMatin: voici tout ce qu'il faut savoir de l'enquête
Affaire EcoMatin: voici tout ce qu'il faut savoir de l'enquête

Africa-PressCameroun. Dans un document largement partagé sur les réseaux sociaux, le directeur de publication de ce canard explique les démarches entreprises avant de publier la première partie d’une enquête qui épingle un opérateur économique indien.

Alors que le journal EcoMatin n’est encore qu’à la publication de la première partie, une enquête sur de probables traitements esclavagistes dans des entreprises au Cameroun fait déjà des vagues. Le directeur de publication de ce journal spécialisé en économie et finance est poursuivi par la justice de son pays, pour avoir publié, dans l’édition n°445du7 juillet 2021, un article qui fait des révélations sur les dessous des business des hommes d’affaires indiens dans le pays. En première ligne, Avinash Hingorani, un entrepreneur très connu dans le gotha politique et économique à Yaoundé. Selon l’article, l’homme d’affaires indien illustre le trafic qui couve sous les activités de certains membres de cette communauté. Il n’en fallait pas plus pour que le concerné engage des poursuites judiciaires.

Le 23 juillet, alors qu’il souffre de pneumonie, Emile Fidieck, DP d’EcoMatin, est convoqué au Secrétariat d’État à la Défense (SED). La convocation est déposée, bien évidemment en son absence, au siège du journal à 13h21, alors qu’on l’attendait le même jour à 9h précises. Le 11 août, alors qu’il est absent de son bureau et encore convalescent, deux gendarmes débarquent avec l’intention de l’emmener manu militari au SED pour la raison qu’il n’a pas répondu à deux convocations. Emile Fidieck, informé, se rendra finalement au SED, accompagné de son avocat pour une confrontation avec un des collaborateurs d’Avinash Hingorani. Le 12 juillet, chez le Procureur, il est déféré aux cellules du parquet ; sa libération n’interviendra qu’après le paie ment d’une caution de 500 000 FCFA et 12 heures de captivité. Il est informé de la tenue du procès le 13 août, puis apprendra que l’audience est renvoyée une semaine plus tard.

Démarche journalistique

Pour la Rédaction d’EcoMatin, l’enquête qui vaut aujourd’hui des foudres à son patron a été menée et publiée selon les règles de l’art journalistique. « Le sentiment qui se dégage est celui d’une volonté de M. Avinash Hingorani, connu pour être très introduit au Cameroun, de l’empêcher de poursuivre cette enquête dont la deuxième partie est actuellement en préparation », peut-on lire dans un document. Pour ce qui est justement du premier volet, les responsables de l’entreprise de presse présentent les faits sur les démarches entreprises avant de publier. L’on apprend que le journal a été saisi en juin dernier par une source qui dénonce les abus dont sont victimes plusieurs ressortissants indiens installés au Cameroun, et qui seraient orchestrés par Avinash Hingorani, propriétaire des entreprises Rêves Voyage et Sammys Creations. La dénonciation est appuyée de documents dans lesquels des anciens employés dénoncent la situation auprès du Haut-Commissaire de l’Inde au Cameroun. Les plaintes parlent de traitements inhumains et d’abus dans le cadre du travail. En possession de ces documents, EcoMatin entreprend de mener l’enquête.

Les principales étapes pour ce genre de travail sont effectuées, notamment celle du contradictoire. Outre le Haut-Commissariat de l’Inde saisi le 24 juin, Avinash Hingorani sera contacté via le réseau social Wathsapp pour une demande d’informations. Le 29 juin, le représentant du businessman indien au Cameroun ainsi que deux de ses collaborateurs rencontrent des journalistes et promettent des éléments qui contrediront les accusations des anciens employés. La promesse est annoncée sous trois jours. Ce délai ne sera pas respecté, et des relances sont faites par Email et Wathsapp Messenger à Avinash Hingorani. Il n’y aura toujours pas de réaction de sa part jusqu’à la parution de l’article.

D’après les responsables d’EcoMatin, c’est alors que l’opérateur économique décide de faire abattre la foudre sur le journal. Le récit, appuyé par des documents, indique que l’homme d’affaires a proféré de nombreuses menaces de diverses formes, avant d’engager une campagne de dénigrement via d’autres médias, notamment au Gabon. En réponse, EcoMatin décide d’appeler l’opinion publique à témoin pour l’informer de la situation. Pour l’heure, le procès intenté contre son directeur de publication est en cours, et se poursuivra le 18 septembre prochain.

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