Emmanuel Macron au Cameroun : Avec quoi le président reviendra-t-il en France ?

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Emmanuel Macron au Cameroun : Avec quoi le président reviendra-t-il en France ?
Emmanuel Macron au Cameroun : Avec quoi le président reviendra-t-il en France ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Cameroun. Le président français, Emmanuel Macron, qui a été réélu pour un second mandat, le dimanche 24 avril dernier, a programmé une petite tournée en Afrique du 25 au 27 du mois de juillet, où il s’est rendu d’abord au Cameroun, puis au Bénin, et enfin en Guinée-Bissau.

Pour le Cameroun, il s’agit d’une visite qui intervient au moment où la France est en recul sur le plan économique avec ce pays, et que Macron visite pour la première fois depuis 2017, année de son élection à la tête de la République française.

Emmanuel Macron s’est donc rendu donc au Cameroun, alors que depuis sept ans déjà aucun président français n’était venu dans ce pays.

Lors de cette tournée africaine, le président français était accompagné par les ministres des Affaires étrangères et des Armées, Catherine Colonna et Sébastien Licornu, le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur Olivier Becht, et la secrétaire d’État au Développement Chrysola Zacharopoulou.

Selon les spécialistes des affaires franco-africaines, la visite du président français entend répondre à un rejet croissant de la France en Afrique, autant qu’au Cameroun, et portera inévitablement sur :
• la lutte contre le terrorisme,
• le changement climatique,
• la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine,
• et les enjeux des questions de production agricole et de sécurité.

Mais la France a un autre enjeu déterminant, la continuité et la stabilité de l’engagement du président de la République dans le processus de renouvellement des relations avec le continent africain, à un moment où la présence militaire française au Sahel alimente un sentiment de mécontentement de plus en plus répandu en Afrique de l’Ouest, pour ne pas dire de « rejet », et ce, suite à la multiplication des attaques commises par les groupes armés.

Après la cérémonie traditionnelle d’accueil, les Présidents Paul Biya et Emmanuel Macron ont eu des entretiens très cordiaux, le 26 juillet, et ont fait le tour d’horizon de l’actualité au Cameroun et en France, et repasser les événements qui agitent la scène africaine autant qu’internationale.

D’où une large convergence de vues a été constatée entre les deux dirigeants, comme en témoignent leurs propos liminaires respectifs lors de la conférence de presse qui s’en est suivie.

Certes, Macron n’est pas venu au Cameroun pour faire du « tourisme », au contraire, il avait en tête beaucoup de « tiroirs » à ouvrir, dont booster la production agricole dans un contexte mondial d’insécurité alimentaire et surtout donner l’exemple au Cameroun, avec un potentiel d’investissement français.

On doit se mettre à l’évidence que le Cameroun est bel et bien la « première économie d’Afrique centrale », et c’est pour cette raison que les discussions ont tourné autour des possibilités d’investissement français dans l’agriculture camerounaise.

Les investissements des entreprises françaises ont été également évoqués dans un contexte de forte concurrence, puisque le Cameroun continue de renforcer ses liens avec la Chine, son premier fournisseur, sans omettre que, récemment, il a signé un accord militaire avec la Russie.

La visite intervient également à un moment où la France, ancienne puissance coloniale, voit son influence s’éroder, en particulier sur les plans économique et commercial, face à la Chine, l’Inde ou l’Allemagne, sachant que les entreprises françaises ne pèsent plus qu’environ 10% de l’économie contre 40% dans les années 1990.

C’était donc, pour Emmanuel Macron, une occasion pour que les deux pays se décident à solidifier les accords économiques en attirant plus les investisseurs privés.

D’après les spécialistes des affaires africaines et particulièrement camerounaises, le partenariat avec le pays est essentiel pour Paris, du fait de son rôle stratégique dans l’approvisionnement de la sous-région et notamment du Tchad, où la France possède une base militaire.

Pour eux, c’est un partenariat dans lequel chacun apporte quelque chose. « La France a besoin du Cameroun, tout comme le Cameroun a besoin de la France ». Ça va au-delà même des questions économiques.

Il ne faut pas oublier entre-autres, qu’aujourd’hui le Cameroun, dans sa phase actuelle de développement, a besoin d’attirer les investisseurs privés et les investisseurs français sont les plus dynamiques sur le territoire camerounais, selon les économistes.

Même si la France n’aurait point de difficulté à prendre certaines parts des marchés au Cameroun, il est plutôt important pour Emmanuel Macron d’être rassuré que l’environnement reste propice pour les Français qui voudraient investir dans ce pays, car ça ne servirait à rien d’investir dans les troubles ou le désordre et c’est en cela peut-être que l’aspect politique peut intéresser le président français, du fait que le président Paul Biya est au pouvoir depuis quarante ans et à 89 ans, il est l’un des présidents les plus vieux du monde.

Ceci place le Cameroun dans l’incertitude de l’après Biya. Plusieurs choses pourraient arriver !

Il n’échappe pas aux observateurs proches de ce qui se passe en Afrique, que plusieurs choix en matière de coopération et de politique étrangère ont suscité de profonds désaccords au sommet de l’État camerounais, car Paul Biya est en fait sous la pression d’un groupe issu de l’État-major général de l’armée, représenté par son chef d’État-major particulier, le général de brigade aérienne Emmanuel Amougou.

Et nous croyons savoir que le président camerounais s’est tourné vers la Russie pour satisfaire ce clan, qui, partisan de la manière forte face aux groupes armés dans l’Extrême-Nord et aux séparatistes anglophones, s’oppose à un autre clan, mené, lui, par ceux qui sont favorables aux négociations, comme le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Pour conclure, nous aimerions rappeler certains des propos des deux présidents.

Emmanuel Macron a mis l’accent sur :
• la profondeur de la relation franco-camerounaise et le caractère exceptionnel de l’amitié entre nos deux pays,
• la place du Cameroun en tant que partenaire stratégique de la France en Afrique centrale, une région à laquelle il a promis de consacrer plus de temps lors de son second mandat.


Lors de la conférence de presse conjointe

Le Président français a promis également de porter à un niveau encore plus élevé les concours de la France en faveur du Cameroun, surtout en matière de développement économique. Par ailleurs, il s’est dit admiratif des talents dont regorge la jeunesse camerounaise dans tous les domaines. Il s’agit d’aider ces jeunes à réussir, a-t-il conclu.

Quant au Président camerounais, il a exprimé au Président Macron sa satisfaction pour le soutien multiforme que la France apporte au Cameroun au plan sécuritaire, notamment dans la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’au plan économique et financier.

Les défis de la lutte contre les groupes de Boko Haram dans le nord du Cameroun (depuis 2014) ne sont pas passés inaperçus, tout comme dans l’ouest anglophone où le pays est confronté à un conflit séparatiste (depuis 2016).

Une question primordiale pour Emmanuel Macron, c’est de mettre en avant l’initiative FARM, lancée fin mars avec l’Union Européenne, le G7 et l’Union Africaine. Cette initiative a pour objet de doper la production agricole dans un contexte mondial d’insécurité alimentaire.

Outre les questions économiques, et culturelles, les aspects sécuritaires ont été également passés en revue, et seront décortiqués minutieusement dans les prochaines semaines, en plus d’autres domaines de coopération qui peuvent être envisagés conformément aux conventions entre les deux parties.

Nous y reviendrons…

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