Charles Rollin Ombang Ekath, l’entrepreneur-pasteur qui veut changer la banque en Afrique centrale

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Cameroun : Charles Rollin Ombang Ekath, l’entrepreneur-pasteur qui veut changer la banque en Afrique centrale
Cameroun : Charles Rollin Ombang Ekath, l’entrepreneur-pasteur qui veut changer la banque en Afrique centrale

Africa-PressCameroun. Pasteur et pionnier de la microfinance au Cameroun, le fondateur de La Régionale prépare une introduction à la cote de Douala. Objectif, solliciter un agrément bancaire cette année.

Pasteur et pionnier de la microfinance au Cameroun, le fondateur de La Régionale prépare une introduction à la cote de Douala. Objectif, solliciter un agrément bancaire cette année.

Charles Rollin Ombang Ekath peut respirer. Initialement prévue le 18 janvier, la période de souscription des 196 000 actions de La Régionale d’épargne et de crédit, à 42 000 F CFA (64 euros) l’action, a débuté le 9 février, pour s’achever deux semaines plus tard.

Un décalage dû à des ajustements de dernière minute dans la campagne de communication. La société de microfinance camerounaise sera ainsi la première entreprise introduite – en principe en mai – dans le compartiment actions de la nouvelle bourse unifiée de la zone Cemac à Douala.

« Nous voulions être les premiers à aller en Bourse, afin d’inciter les autres. En outre, nous avons toujours, dès la création de La Régionale, voulu un actionnariat populaire. Cette opportunité nous l’offre », se félicite Charles Rollin Ombang Ekath.

« J’ai été marqué par sa volonté de transformer son institution et sa disposition à se soumettre aux exigences de transparence et de rigueur qu’imposent une entrée en bourse », commente Serge Yanic Nana, dirigeant de la société de bourse Financia Capital, qui structure l’opération.

Admirateur de Mark Zuckerberg et de Paul Kammogne Fokam
L’objectif est de lever 8,2 milliards de F CFA (12,5 millions d’euros), représentant 19,6% du tour de table, pour parvenir à un capital social de 15 milliards de F CFA entièrement libéré, et dans le même temps de renforcer les fonds propres qui devraient être de 18 milliards de F CFA au moment de la transformation de l’entreprise financière en établissement bancaire. En effet, l’entrée en Bourse est perçue comme une phase intermédiaire dans l’évolution de La Régionale, que le dirigeant camerounais envisage comme une « banque qui doit vivre longtemps après son fondateur ».

Une évolution également rendue nécessaire au regard des besoins de ses 115 000 clients. « Leurs besoins ont considérablement évolué. Ils nous demandaient 1 million de F CFA au départ et à présent sollicitent 100 millions de F CFA », explique Charles Ombang Ekath.

Une ambition : devenir banquier
Ce diplômé de l’Institut de technique bancaire (ITB) de Paris, -admirateur de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, et de Paul Kammogne Fokam, fondateur d’Afriland First Bank – entrevoit enfin la concrétisation d’une vielle ambition, celle de devenir banquier.

Tournant le dos à la fonction publique après l’obtention d’une maîtrise en sciences économiques à l’université de Yaoundé, Charles Rollin Ombang Ekath crée en 1993 l’Epargne Fess Cameroun, la première coopérative d’épargne et de crédit. La microfinance en est à ses balbutiements au Cameroun. Il en est évincé quatre années plus tard, à la suite de divergences avec ses associés. Il est rappelé aux commandes très rapidement, en 1998, alors que l’établissement bat de l’aile, et entame une restructuration à marche forcée qui aboutit au changement de nom en 2004.

Celui dont la case profession coche « révérend pasteur » dépeint la trajectoire de son entreprise de microfinance, dont il détient 64% des parts, selon des couleurs tirées de l’évangile. Il note ainsi ses difficultés de départ, sa renaissance et enfin son ascension à une nouvelle position exaltée à la Bourse de Douala et bientôt parmi les banques de la région. Il est à noter que Charles Rollin Ombang Ekath est aussi le fondateur des « Assemblées de la Vérité », une Église du réveil. Depuis plus d’une décennie, le révérend de 54 ans, père de cinq enfants, prêche par ailleurs tous les matins sur les ondes de Success Radio, un média créé par ses soins pour distiller la « Bonne nouvelle ».

Quinze années de résultats positifs d’affilée
Parmi les arguments censés convaincre les souscripteurs à l’opération boursière : sa solidité financière. La Régionale, dont il détient 64% des parts, dégage, bon an mal an, des résultats positifs depuis quinze années. « Cela traduit une maîtrise de son portefeuille, de ses risques et un contrôle strict des dépenses de la part du management », analyse Serge Yanic Nana.

Cette bonne santé financière va d’abord attirer le sud-africain Africap qui entre dans le capital en 2008 et en sort cinq ans plus tard. Ce qui permet au fonds suédois Nordic Microcap, spécialisé dans la microfinance, d’y faire son entrée. Il en détient aujourd’hui 14% des parts.

Le choix du nom dénote d’une ambition de s’implanter Afrique centrale et même au-delà. La Régionale est présente au Gabon depuis juillet 2016, où elle dispose de quatre agences. « Cela m’a pris neuf ans pour y parvenir. Je savais que ce serait difficile. J’ai prié Dieu et il m’a inspiré », concède Charles Ombang avec une pointe de fierté dans sa voix de stentor.

Une expansion qu’il compte accélérer dans les prochains mois avec la RCA, le Tchad et le Congo en ligne de mire. « Les conditions de stabilité dans ces différents pays [à la suite des présidentielles, ndlr] guideront notre action », prévient-il.

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