Marché de la Beac : les Camerounais investissent moins sur les titres publics que les Gabonais et Tchadiens

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Marché de la Beac : les Camerounais investissent moins sur les titres publics que les Gabonais et Tchadiens
Marché de la Beac : les Camerounais investissent moins sur les titres publics que les Gabonais et Tchadiens

Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Les personnes physiques au Gabon et au Tchad sont plus actives sur le marché secondaire des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), que celles vivants au Cameroun, pays pourtant présenté comme la locomotive économique de la sous-région. C’est ce que révèlent les données de la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT) de cet institut d’émission commun aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).

Dans le détail, révèle le rapport des opérations sur le marché des valeurs du Trésor du mois d’août 2022, les Gabonais sont les plus attirés par les titres publics sur le marché secondaire, avec 33,51 milliards de FCFA en portefeuille au mois d’août 2022. Ce qui correspond à 2,54% des titres détenus par les différents investisseurs du pays. Bien que figurant parmi les petits poucets du marché lancé par la banque centrale en 2011, le Tchad enregistre un intérêt croissant de ses investisseurs pour les titres publics. Dans ce pays, apprend-on officiellement, les personnes physiques détiennent jusqu’à 2,3% des titres en circulation, correspondant à une valeur de 14,8 milliards de FCFA.

Au Cameroun, pays qui pourvoie pourtant environ 70% des capitaux mobilisés par les États de la Cemac sur le marché primaire des titres publics de la Beac, seulement 1,07% des titres publics, d’une valeur totale de 11,86 milliards de FCFA, sont détenus par les personnes physiques. Ce qui témoigne d’un certain désintérêt des Camerounais pour le marché secondaire des titres publics. Afin d’inverser cette tendance, révèle un récent rapport du FMI, le gouvernement camerounais peaufine actuellement une stratégie visant à encourager la participation des investisseurs non bancaires, comme les assurances, les fonds de pension, les particuliers, aux émissions de titres publics de longues maturités sur le marché de la Beac.

Le diktat des banques

Sans en révéler les contours, l’institution de Bretton Woods informe que la stratégie en préparation permettra de diversifier la base des investisseurs pour les titres publics, dans le but de renforcer la capacité de financement de l’État, tout en développant une culture de l’épargne et de la protection sociale. Il est également question de réduire l’exposition des banques, qui détiennent encore la plus grosse part des titres publics dans la zone Cemac. En effet, selon les pointages de la Beac, les établissements de crédit, qui opèrent comme spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur le marché des titres publics, détiennent 78,8% des valeurs au 31 août 2022, ce qui correspond à une enveloppe totale de 3 973 milliards de FCFA.

Afin de respecter l’obligation règlementaire qui leur est faite d’animer le marché secondaire, en y cédant annuellement au moins 30% des titres publics acquis sur le marché primaire, ces banques préfèrent se céder les valeurs du Trésor entre elles, au détriment des personnes physiques et autres investisseurs non bancaires. Cette pratique est révélée par l’explosion des transactions faites par pension livrée interbancaire. Il s’agit d’une technique de financement interbancaire caractérisée par un échange de titres négociables contre de la trésorerie, pour une période déterminée. Cette transaction exige la signature d’une convention-cadre entre les parties, laquelle permet au prêteur de se voir automatiquement transférer la propriété des titres mis en garantie par l’emprunteur, une fois la date du remboursement de la créance échue.

Selon la Cellule de règlement et de conservation des titres de la Beac, les financements via ce mécanisme sécurisé ont atteint un montant record de 1 536 milliards de FCFA entre janvier et août 2022. Ce volume est presque le quadruple des 418,4 milliards de FCFA de financements obtenus par pension livrée sur l’ensemble de l’année 2020, contre 833,7 milliards de FCFA en 2021. Cependant, cette percée des financements par pension livrée se fait au détriment de l’intégration des investisseurs institutionnels et des personnes physiques sur le marché secondaire. Du coup, en raison de son manque de dynamisme, le marché secondaire de la Beac ne représente qu’environ 0,04% du PIB de la Cemac en 2020, contre 1,26% dans l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), 4,21% au Maroc et 4,12% en France, selon « La Lettre de recherche » de la Beac.

Brice R. Mbodiam

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